Lundi 20 novembre 2017
Bonjour à tous,
Après plus d'un mois sans donner de nouvelles, nous voici de retour !
Ce dernier mois a été incroyable, notamment la deuxième partie !
On vous laisse découvrir toutes nos péripéties.
Bonne lecture
Les 3
Bonjour à tous,
Après plus d'un mois sans donner de nouvelles, nous voici de retour !
Ce dernier mois a été incroyable, notamment la deuxième partie !
On vous laisse découvrir toutes nos péripéties.
Bonne lecture
Les 3
Notre mission à Trabzon se termine, après avoir vécu aux côtés du « Peder » trois semaines durant.
Ces quelques jours au milieu de cette communauté nous ont beaucoup appris sur la vie des chrétiens persécutés en Turquie : leurs origines, leurs histoires, leurs peines et leurs espérances. Nous quittons cette ville et notre première étape, le cœur déjà rempli de moments forts et d’amitiés liées pour toujours. Les enseignements du Père, de bricolage mais surtout de théologie nous ont servi à mieux cerner le but de notre voyage et de notre route chez les prochaines communautés chrétiennes.
On n'oubliera jamais tous ces moments uniques passés autour de la table, le soir pour les dîners, à écouter l’air ébahi, les contes et légendes du missionnaire Patrice de Pommerol. L’histoire sur l’enlèvement du père pendant la guerre au Tchad considéré comme un espion, ou celle d’un père missionnaire bloqué au milieu du désert par un éléphant assis sur sa 4CV.
Des témoignages et des leçons tirés de son long chemin spirituel à travers l’Afrique et l’Orient et une phrase parmi tant d’autres qui sera pour nous une ligne directrice de la suite de notre périple : « Le temps ne respecte pas ce que l’on fait sans lui »
Nous, les « bandits », comme le Père Patrice aimait nous appeler, et nos montures trop reposées, avions hâte de reprendre la route.
(Nous n'avons toujours pas eu de nouvelles du Père depuis son opération. Nous vous le confions dans vos pensées et vos prières.)
Ces quelques jours au milieu de cette communauté nous ont beaucoup appris sur la vie des chrétiens persécutés en Turquie : leurs origines, leurs histoires, leurs peines et leurs espérances. Nous quittons cette ville et notre première étape, le cœur déjà rempli de moments forts et d’amitiés liées pour toujours. Les enseignements du Père, de bricolage mais surtout de théologie nous ont servi à mieux cerner le but de notre voyage et de notre route chez les prochaines communautés chrétiennes.
On n'oubliera jamais tous ces moments uniques passés autour de la table, le soir pour les dîners, à écouter l’air ébahi, les contes et légendes du missionnaire Patrice de Pommerol. L’histoire sur l’enlèvement du père pendant la guerre au Tchad considéré comme un espion, ou celle d’un père missionnaire bloqué au milieu du désert par un éléphant assis sur sa 4CV.
Des témoignages et des leçons tirés de son long chemin spirituel à travers l’Afrique et l’Orient et une phrase parmi tant d’autres qui sera pour nous une ligne directrice de la suite de notre périple : « Le temps ne respecte pas ce que l’on fait sans lui »
Nous, les « bandits », comme le Père Patrice aimait nous appeler, et nos montures trop reposées, avions hâte de reprendre la route.
(Nous n'avons toujours pas eu de nouvelles du Père depuis son opération. Nous vous le confions dans vos pensées et vos prières.)
Sainte Claire devait sûrement être attristée de notre départ puisqu’une pluie torrentielle déferla sur notre route, accompagnée d’une violente tempête le long de la côte de la mer Noire, passage obligé jusqu’à la frontière Géorgienne à 200 kms de Trabzon.
Augustin pris le volant pour la première fois, sans expérience de route et encore moins de side-car, aucun papier en poches et charge d’âme de Baptiste au volant de « Déliate » qui signifie « cheval fou » en turc. Folie passagère qui donna le ton de la route à suivre et des mésaventures qui nous attendaient sur l’asphalte asiatique.
Nous avons franchi la frontière de nuit, longeant un dédale de camions et de voitures en attente pendant toute la nuit pour passer en territoire géorgien. L’atout souvent délaissé de la souplesse d’un side-car fut révélé lorsque nous avons doublé toute la fil d’attente des dizaines de voitures qui attendaient dans la bruine et le froid le tampon du garde frontière. Le culot remplace parfois le talent de conducteur.
Le mur de Sapi, barricades de béton et de fer barbelé, séparait la terre en deux comme un fleuve statique. D’un côté les minarets fraichement neufs de la politique islamiste du pays et de l’autre, une croix blanche illuminée, plantée sur une colline à l’allure du Golgotha, perçant la nuit et calmant la tempête comme un Christ en action.
Nous venions de fuir l’hostile décor religieux agressif pour se réfugier sur les terres orthodoxes géorgiennes.
Ce fut une traversée difficile, poussée par la gourmandise de vouloir aller toujours plus loin, afin de rejoindre Batumi de nuit, la ville où les visas pour l’Azerbaïdjan devaient être fait afin de prendre le bateau pour le Kazakhstan depuis la capitale, Bakou. Le ventre vide poussait les fléchisseurs de la main à tirer l’accélérateur. Les gouttes parachutées sur la visière et l’éblouissement des phares de voitures agissaient comme des prismes réverbères sur nos yeux fatigués de suivre les lignes blanches effacées.
Augustin pris le volant pour la première fois, sans expérience de route et encore moins de side-car, aucun papier en poches et charge d’âme de Baptiste au volant de « Déliate » qui signifie « cheval fou » en turc. Folie passagère qui donna le ton de la route à suivre et des mésaventures qui nous attendaient sur l’asphalte asiatique.
Nous avons franchi la frontière de nuit, longeant un dédale de camions et de voitures en attente pendant toute la nuit pour passer en territoire géorgien. L’atout souvent délaissé de la souplesse d’un side-car fut révélé lorsque nous avons doublé toute la fil d’attente des dizaines de voitures qui attendaient dans la bruine et le froid le tampon du garde frontière. Le culot remplace parfois le talent de conducteur.
Le mur de Sapi, barricades de béton et de fer barbelé, séparait la terre en deux comme un fleuve statique. D’un côté les minarets fraichement neufs de la politique islamiste du pays et de l’autre, une croix blanche illuminée, plantée sur une colline à l’allure du Golgotha, perçant la nuit et calmant la tempête comme un Christ en action.
Nous venions de fuir l’hostile décor religieux agressif pour se réfugier sur les terres orthodoxes géorgiennes.
Ce fut une traversée difficile, poussée par la gourmandise de vouloir aller toujours plus loin, afin de rejoindre Batumi de nuit, la ville où les visas pour l’Azerbaïdjan devaient être fait afin de prendre le bateau pour le Kazakhstan depuis la capitale, Bakou. Le ventre vide poussait les fléchisseurs de la main à tirer l’accélérateur. Les gouttes parachutées sur la visière et l’éblouissement des phares de voitures agissaient comme des prismes réverbères sur nos yeux fatigués de suivre les lignes blanches effacées.
« Sauvez des eaux à Batumi ».
Nous sommes arrivés dans l’obscurité polluée par les feux artificiels des casinos remplis et des magasins vides toujours éclairés. De là, nous avons cherché une église pour tenter de demander l’asile à une communauté ou à un prêtre orthodoxe. En vain, une vieille « sorcière », baladant étrangement son chien à une heure tardive nous à indiqué un abri où passer la nuit. À la vue de ses quelques dernières fidèles dents scintillantes et de son chien labrador ému, nous avons accepté sa proposition avec la paresse de broncher. Nous nous sommes réfugiés sous ce cabanon de jardin, derrière une église, comme des lépreux cantonnés et cachés même au milieu de la grande ville animée.
Vers une heure du matin, peu après notre prière du soir, le voile de Morphée tombé, une pluie rugissante s’abat sur les tôles d’acier faisant office de toit, qui se révèlent être de véritables percussions aussi abrutissantes qu’un enfant excité sur un xylophone.
Nous nous décalons pour éviter les sauts de puce de gouttes lourdes tirées sur nos tapis de sol.
C’est vers six heure que Niels, qui faillit s’appeler, sans l’hasard, Moïse à sa naissance, se réveille de façon prophétique au milieu du cabanon englouti sous dix centimètres d’eau. Il réveille Baptiste et peine à me tirer de mes rêves captivants et de mon duvet baignant dans l’eau glacée.
Nous voilà debout, en slip, les pieds piqués par la température de la nouvelle mare, les affaires pendues et accrochées dans la débâcle aux vieux clous rouillés de la charpente.
Un bon réveil bien agité qui nous rince et nous motive pour déguerpir de ce lieu maudit.
Merci à Seneque pour son enseignement : " La vie ce n'est pas d'attendre que l'orage passe mais c'est d'apprendre à danser sous la pluie. »
Nous n’avons pas eu le temps de se faire inviter pour la valse mais on en rigole encore aujourd’hui.
Vers une heure du matin, peu après notre prière du soir, le voile de Morphée tombé, une pluie rugissante s’abat sur les tôles d’acier faisant office de toit, qui se révèlent être de véritables percussions aussi abrutissantes qu’un enfant excité sur un xylophone.
Nous nous décalons pour éviter les sauts de puce de gouttes lourdes tirées sur nos tapis de sol.
C’est vers six heure que Niels, qui faillit s’appeler, sans l’hasard, Moïse à sa naissance, se réveille de façon prophétique au milieu du cabanon englouti sous dix centimètres d’eau. Il réveille Baptiste et peine à me tirer de mes rêves captivants et de mon duvet baignant dans l’eau glacée.
Nous voilà debout, en slip, les pieds piqués par la température de la nouvelle mare, les affaires pendues et accrochées dans la débâcle aux vieux clous rouillés de la charpente.
Un bon réveil bien agité qui nous rince et nous motive pour déguerpir de ce lieu maudit.
Merci à Seneque pour son enseignement : " La vie ce n'est pas d'attendre que l'orage passe mais c'est d'apprendre à danser sous la pluie. »
Nous n’avons pas eu le temps de se faire inviter pour la valse mais on en rigole encore aujourd’hui.
Nous nous sommes retrouvés le matin devant l’ambassade de l’Azerbaïdjan fermée pour la journée. Malgré la déception nous nous sommes empressés d’enjamber nos montures à l’assaut des routes de la vallée de Colchide, serrée entre le Grand et le Petit Caucase pour rejoindre Tbilissi la capitale du pays afin de nous procurer nos visas azéris.
L’après-midi, lancés dans les virages serrés des montagnes, nous avons brusquement fait halte dans un monastère orthodoxe pour passer l’après-midi et la nuit, rassurant ainsi nos motocyclettes aux cylindres fragilisés par l’humidité des averses incessantes.
Nous nous sommes fait accueillir par un moine à la barbe longue et aux paroles courtes. Sans un mot, nous avons établi notre campement dans la cantine vétuste et froide de la communauté d’ermites.
L’ambiance était de mort dans cette bâtisse vielle comme la colline sur laquelle elle se tenait péniblement droite, luttant contre la pente abrupte et glissante. Les moines passaient, sans s’attarder sur le divertissement de notre venue, et s’enfermaient en solitaire dans leurs cellules. Aucun d’entre eux n’est descendu pour parler, nous qui avions l’habitude d’attirer les foules par la simple présence de nos side-cars. Nos habitudes de discussions, de questions sur notre voyage n’étaient pas comblées. Nous avons eu ce soir là une bonne leçon d’humilité et un retour à l’essentiel, où toit et çai suffisaient amplement à nos corps fatigués.
L’après-midi, lancés dans les virages serrés des montagnes, nous avons brusquement fait halte dans un monastère orthodoxe pour passer l’après-midi et la nuit, rassurant ainsi nos motocyclettes aux cylindres fragilisés par l’humidité des averses incessantes.
Nous nous sommes fait accueillir par un moine à la barbe longue et aux paroles courtes. Sans un mot, nous avons établi notre campement dans la cantine vétuste et froide de la communauté d’ermites.
L’ambiance était de mort dans cette bâtisse vielle comme la colline sur laquelle elle se tenait péniblement droite, luttant contre la pente abrupte et glissante. Les moines passaient, sans s’attarder sur le divertissement de notre venue, et s’enfermaient en solitaire dans leurs cellules. Aucun d’entre eux n’est descendu pour parler, nous qui avions l’habitude d’attirer les foules par la simple présence de nos side-cars. Nos habitudes de discussions, de questions sur notre voyage n’étaient pas comblées. Nous avons eu ce soir là une bonne leçon d’humilité et un retour à l’essentiel, où toit et çai suffisaient amplement à nos corps fatigués.
Tbilissi
Nous sommes arrivés à Tbilissi le lendemain, première grande ville depuis notre départ de Trabzon et des campagnes désolées de la route. Les clochers fendaient les cieux comme les lances d’une armée, innombrables monuments chrétiens que comptent la capitale géorgienne.
Nous avons connu nos premiers soucis avec l’administration et une première longue attente avant de reprendre notre route. Trois jours devaient être suffisants pour l’obtention de nos visas. Ce fut le cas pour Baptiste mais pour Augustin et Niels, six jours furent nécessaires ! Sans aucune explication valable du gardien de l’ambassade, nonchalant et irascible, nous avons donc été les hôtes obligés de la vieille ville orthodoxe une semaine durant.
C’est devant l’église catholique où nous avions établi notre campement que les deux baroudeurs aux allures de clochard, Arthur et Nicolas, sont arrivés à dos de vélo. Ces deux braves français sont partis de Saïgon à bicyclettes il y six mois et devraient arriver à Noël en France. On avait prémédité notre rencontre afin d’échanger sur nos deux périples aux chemins inverses . Ce fut de très bons moments, assis au coin du feu, la guitare à la main, à bavarder et partager sur nos vies, et tenter de cerner le ressenti de ces deux courageux pédaleurs qui avaient gouté depuis plus longtemps que nous à l’Aventure.
Nos routes se sont séparées deux jours plus tard, chacun sur sa monture d’acier plus ou moins imposante, eux partant vers l’Arménie et nous, cloués à Tbilissi, désespérés et lassés de l’attente trop longue qui castrait nos envies de reprendre le guidon.
Nous avons connu nos premiers soucis avec l’administration et une première longue attente avant de reprendre notre route. Trois jours devaient être suffisants pour l’obtention de nos visas. Ce fut le cas pour Baptiste mais pour Augustin et Niels, six jours furent nécessaires ! Sans aucune explication valable du gardien de l’ambassade, nonchalant et irascible, nous avons donc été les hôtes obligés de la vieille ville orthodoxe une semaine durant.
C’est devant l’église catholique où nous avions établi notre campement que les deux baroudeurs aux allures de clochard, Arthur et Nicolas, sont arrivés à dos de vélo. Ces deux braves français sont partis de Saïgon à bicyclettes il y six mois et devraient arriver à Noël en France. On avait prémédité notre rencontre afin d’échanger sur nos deux périples aux chemins inverses . Ce fut de très bons moments, assis au coin du feu, la guitare à la main, à bavarder et partager sur nos vies, et tenter de cerner le ressenti de ces deux courageux pédaleurs qui avaient gouté depuis plus longtemps que nous à l’Aventure.
Nos routes se sont séparées deux jours plus tard, chacun sur sa monture d’acier plus ou moins imposante, eux partant vers l’Arménie et nous, cloués à Tbilissi, désespérés et lassés de l’attente trop longue qui castrait nos envies de reprendre le guidon.
A force de tourner en rond et d’user nos esprits à faire la sieste dans les side cars, nous avions atteint un cap où nous connaissions la ville mieux en six jours que Trabzon en un mois.
L’attente et l’administration sont les vrais ennemies de l’aventurier. Elles freinent l’élan intrépide du voyageur et ramollissent l’âme qui se fatigue à dormir et voir défiler le temps au lieu des steppes.
L’attente et l’administration sont les vrais ennemies de l’aventurier. Elles freinent l’élan intrépide du voyageur et ramollissent l’âme qui se fatigue à dormir et voir défiler le temps au lieu des steppes.
C’est finalement un mardi que nos starters enflamment l’essence de nos moteurs endormis.
Vers dix-sept heures, nous fonçons, le visa enfin en poche, vers l’Azerbaïdjan.
Nous quittons la terre chrétienne de Géorgie pour franchir la frontière d’un nouveau pays musulman.
Vers dix-sept heures, nous fonçons, le visa enfin en poche, vers l’Azerbaïdjan.
Nous quittons la terre chrétienne de Géorgie pour franchir la frontière d’un nouveau pays musulman.
L'Azerbaïdjan, enfin Baku.
Les contrôles franchis, nous roulons de nuit, sur des routes obscurcies par la lune manquante, les feux de routes des voitures d’en face éblouissant à en devenir aveugle. Baptiste ouvre la voie avec Katafalk. Nous avons à peine le temps de voir les virages qui se succèdent sur cette route qui mènent au néant. Les quelques chiens errants nous aident à distinguer le bord de la voie et pendant une heure nous forçons nos bêtes qui rugissent.
Les 500 kilomètres qui nous séparaient de Baku, la capitale, sont vite franchis en une journée intense à s’ennuyer sur les autoroutes monotones. Nous arrivons dans un dédales d’immeubles au design occidental, l’Ouest moderne ayant déjà vite remplacé l’architecture culturelle du pays. Baku est une ville qui se développe à toute allure, faisant sortir des steppes sableuses des tours et des tours sans aucun intérêt, vides de personnes et de sens.
Nous frappons à la porte de la communauté des Salésiens qui habitent, dans le centre de Baku, la seule église de tout le pays !
C’est grâce aux dons de l’Esprit Saint et de Saint Jean Paul II que l’ancien président de l’Azerbaïdjan donna un terrain en guise de cadeau au Vatican.Malgré tout, le pays reste une démocratie et l’Islam, qui est la religion prédominante du pays, a été castré pendant des années par l’ex-URSS, ce qui rend la politique et les gens du pays beaucoup plus tolérants et respectueux vis à vis des chrétiens.
La messe est cette oasis où les hommes viennent s’abreuver des paroles du Christ. Timothée écrivait : « Cesse de ne boire que de l’eau ». Nous faisions notre plein de sa présence réelle avant les steppes kazakhes.
Les problèmes mécaniques, les tensions entre nous, les rackets ou les moments de solitude font partis de l’Aventure. Les fausses joies aussi.
Nous étions partis au galop de course à quatre temps pour rejoindre Alat, le port industriel du pays afin d’y acheter nos billets pour le cargo en destination de Aktau, au Kazakhstan.
Nous rencontrons là-bas un motard chinois, mais plus profondément mongol, Buren :50 000 kilomètres au compteur de sa BMW GS 1200 et 42 pays visités. Nous sympathisons très vite avec lui et il sera le protagoniste principal de notre interminable attente au port de Baku.
La paperasse signée et les dollars écoulés sans avoir eu besoin d’en faire passer sous le bureau, nous nous élançons en tête d’un convoi de trente camions à destination, comme nous, du Kazakhstan. Les voitures de police éclairent et percent le trafic routier, escortées par nos deux side cars. Un spectacle de nuit impressionnant et mythique.
Un bateau partait cette nuit la et la "Waiting Room" du port se vidait petit à petit d’impatients voyageurs, étrangers pour la plupart. Nos side-cars ont sûrement été un frein à notre embarquement et c’est finalement 6 jours plus tard que nous embarquerons, après avoir été longuement prisonniers à Baku.
Mais notre attente, la deuxième, aussi pénible soit-elle, fut accompagnée par de joyeux moments et des anecdotes sympathiques.
Avec notre ami de la Mongolie intérieure « Gengis khan », nous avons patienté, honteusement oubliés dans la salle d’attente du port. Deux soirs d’affilé nous avons été invité au restaurant chinois « La Grande Muraille » dont le patron, qu'on appellera "Chouchou" (Oncle) est un ami de Gengis. La dégustation des plats typiques chinois nous préparait à la cuisine de l’Asie de l’Est et le souvenir de cette nourriture goutée lors de notre premier voyage au Yunnan excitait nos papilles endormies par trop de Duruy orientaux.
Les 500 kilomètres qui nous séparaient de Baku, la capitale, sont vite franchis en une journée intense à s’ennuyer sur les autoroutes monotones. Nous arrivons dans un dédales d’immeubles au design occidental, l’Ouest moderne ayant déjà vite remplacé l’architecture culturelle du pays. Baku est une ville qui se développe à toute allure, faisant sortir des steppes sableuses des tours et des tours sans aucun intérêt, vides de personnes et de sens.
Nous frappons à la porte de la communauté des Salésiens qui habitent, dans le centre de Baku, la seule église de tout le pays !
C’est grâce aux dons de l’Esprit Saint et de Saint Jean Paul II que l’ancien président de l’Azerbaïdjan donna un terrain en guise de cadeau au Vatican.Malgré tout, le pays reste une démocratie et l’Islam, qui est la religion prédominante du pays, a été castré pendant des années par l’ex-URSS, ce qui rend la politique et les gens du pays beaucoup plus tolérants et respectueux vis à vis des chrétiens.
La messe est cette oasis où les hommes viennent s’abreuver des paroles du Christ. Timothée écrivait : « Cesse de ne boire que de l’eau ». Nous faisions notre plein de sa présence réelle avant les steppes kazakhes.
Les problèmes mécaniques, les tensions entre nous, les rackets ou les moments de solitude font partis de l’Aventure. Les fausses joies aussi.
Nous étions partis au galop de course à quatre temps pour rejoindre Alat, le port industriel du pays afin d’y acheter nos billets pour le cargo en destination de Aktau, au Kazakhstan.
Nous rencontrons là-bas un motard chinois, mais plus profondément mongol, Buren :50 000 kilomètres au compteur de sa BMW GS 1200 et 42 pays visités. Nous sympathisons très vite avec lui et il sera le protagoniste principal de notre interminable attente au port de Baku.
La paperasse signée et les dollars écoulés sans avoir eu besoin d’en faire passer sous le bureau, nous nous élançons en tête d’un convoi de trente camions à destination, comme nous, du Kazakhstan. Les voitures de police éclairent et percent le trafic routier, escortées par nos deux side cars. Un spectacle de nuit impressionnant et mythique.
Un bateau partait cette nuit la et la "Waiting Room" du port se vidait petit à petit d’impatients voyageurs, étrangers pour la plupart. Nos side-cars ont sûrement été un frein à notre embarquement et c’est finalement 6 jours plus tard que nous embarquerons, après avoir été longuement prisonniers à Baku.
Mais notre attente, la deuxième, aussi pénible soit-elle, fut accompagnée par de joyeux moments et des anecdotes sympathiques.
Avec notre ami de la Mongolie intérieure « Gengis khan », nous avons patienté, honteusement oubliés dans la salle d’attente du port. Deux soirs d’affilé nous avons été invité au restaurant chinois « La Grande Muraille » dont le patron, qu'on appellera "Chouchou" (Oncle) est un ami de Gengis. La dégustation des plats typiques chinois nous préparait à la cuisine de l’Asie de l’Est et le souvenir de cette nourriture goutée lors de notre premier voyage au Yunnan excitait nos papilles endormies par trop de Duruy orientaux.
Augustin et Baptitse ont profité de la salle de musculation du port en pleine air, encore en chantier, pour s’amuser à troquer notre chaise d’attente pour les barres de traction et les cordes d’escalade. Nous avons par la même occasion aidé les ouvriers à porter un poteau de basket. L’action dura une quinzaine de minutes, bercée par les hurlements des ouvriers à bout, fatigués de porter à bras tendu la structure branlante. Nous ne comprenions rien de leurs ordres mais malgré cela nous arrivâmes à ériger la structure. Après cette expérience, on a du mal à imaginer les chantiers en France lorsque le Pakistanais demande au Sénégalais où le Portugais a mis son marteau …
Ce soir là, Augustin dormais dehors afin d’éviter les harcèlements des moustiques et les ronflements comme ceux d’un bulldozer Turc affalé sur trois chaises.
Dans cette nuit du mardi 1 novembre, le salut frappa à notre porte. Les gardes, avec qui nous avions lié des amitiés, nous réveillent à coups de bottes sur le parquet. Le bateau est à quai ! Enfin !!!!
Ce soir là, Augustin dormais dehors afin d’éviter les harcèlements des moustiques et les ronflements comme ceux d’un bulldozer Turc affalé sur trois chaises.
Dans cette nuit du mardi 1 novembre, le salut frappa à notre porte. Les gardes, avec qui nous avions lié des amitiés, nous réveillent à coups de bottes sur le parquet. Le bateau est à quai ! Enfin !!!!
Sur la Caspienne
Le départ tant espéré est là. Nous montons nos bécanes engourdies autant que nous sur le pont supérieur du bateau transporteur.
Une mini vie de marin commença pour nous. La cabine, les jeux de cartes avec les marins, les aires d’harmonica sur le pont, et les cigarettes avec les camionneurs. Tous cela dans le décor heureusement calme de la mer Caspienne.
Un russe nous l’a dit : « Un marin qui n’a pas navigué sur la Caspi, ce n’est pas un vrai marin ».
Le drapeau Français accroché à un mât improvisé, flottant orgueilleusement au vent, planté dans le panier de Déliate.
Une mini vie de marin commença pour nous. La cabine, les jeux de cartes avec les marins, les aires d’harmonica sur le pont, et les cigarettes avec les camionneurs. Tous cela dans le décor heureusement calme de la mer Caspienne.
Un russe nous l’a dit : « Un marin qui n’a pas navigué sur la Caspi, ce n’est pas un vrai marin ».
Le drapeau Français accroché à un mât improvisé, flottant orgueilleusement au vent, planté dans le panier de Déliate.
Le lendemain, la côte. La terre de Gengis Khan, des soviétiques et des nomades. Nous quittions les terres de l’Ouest pour arriver en Asie Centrale, sur les plaines mythiques kazakhes, où les chevaux et les chameaux sauvages sont les derniers survivants de cette liberté de voyager sans attentes et sans frontières, où la poussière et l’horizon suffisent pour vivre.
Mais la plume idéaliste de Baptiste saura mieux que moi (Augustin) vous conter nos escapades à moto, dans cet endroit merveilleux, où le paradis et l’enfer se partagent les steppes.
Mais la plume idéaliste de Baptiste saura mieux que moi (Augustin) vous conter nos escapades à moto, dans cet endroit merveilleux, où le paradis et l’enfer se partagent les steppes.
Le Kazakhstan : pays des steppes, des flics corrompus mais surtout d'accueil !
TRANSITION : Après encore quelques heures d'aller-retours administratifs passées au port d'Aktau, nous sommes invités par Gengis à l'hotel pour y passer une bonne nuit et prendre des forces avant la longue route qui nous attend. Pour notre ami Mongol, c'est 4000 km d'autoroute plus ou moins en bon état qui l'attend. Et pour parcourir cette grande distance, il a 5 jours... Après son visa saute.
Pour nous ça va être un scénario un peu différent...
Pour nous ça va être un scénario un peu différent...
Nous n’avons pas longtemps hésité entre passer par l’autoroute au Nord ou traverser les mythiques steppes Kazakhes.
Nous préférons l’aridité du désert à la monotonie de l’asphalte. La modernité des routes apporte rapidité et rentabilité pour les nombreux camions qui viennent des quatre coins de l’Eurasie pour ravitailler le pays nomade, enclavé de toutes parts, encore appauvri par le souvenir de l’union soviétique. Nous fuyons ces monstres routiers pour les hordes de chameaux et de chevaux sauvages qui peuplent les grandes plaines d’Asie Centrale. Les steppes s’étendent dès la sortie d’Aktau. Nous quittons la civilisation sous un ciel flamboyant. Dans nos rétroviseurs, la terre est en feu et la ville disparait rapidement, cachée par le nuage de poussière que trainent nos motocyclettes.
Quelques bergers nous saluent le long de la route, le visage tourné vers nos monstres de fer qui rugissent dans l’immensité de la plaine. Nous dévalons les steppes, cherchant les ondulations de la terre dans l’horizon.
Devant nous s’étend un ciel brumeux et noir qui cherche à s’étendre pour cacher la lumière du soir. Nous roulons droit vers l’Est, tournant le dos au soleil, les yeux plissés par un fort vent froid du Nord. A cet instant précis, nous ressentons un sentiment aussi étendu que le désert qui nous entoure, un sentiment de liberté, comme si la profondeur du cœur des hommes se révélait dans le contraste du crépuscule plus que dans le scintillement du zénith.
Mais déjà le froid a pénétré nos doigts qui semblent ne plus vouloir s’articuler. Il est temps de trouver un abri pour la nuit. Pas un baraquement ne semble habiter les lieux. Une vieille pancarte indique un village à quelques kilomètres en pleine steppe.
Happés par l’espoir d’un refuge, nous empruntons le chemin boueux qui diverge en des dizaines de directions quelque mètres plus loin. Un rayon lumineux arrive jusqu’à nos pauvres rétines, gelées par le froid de la nuit. Nous poursuivons le chemin en direction du phare des steppes, l’esprit et le corps déjà réchauffés par l’imagination d’un feu rougeoyant qui caresse nos visages irrités par le vent du frimas.
Quatre Kazakhs nous accueillent après négociation. Le maitre des lieux « Berdâtre » autorise nos corps à trouver le repos dans une petite salle chauffée par un poêle à bois. Nous chantons quelques chansons françaises à la guitare pour calmer les ardeurs corrompues des autres kazakhs, déjà bien faits à la vodka. Une herbe puissante passe de main en main, les hommes la roulent en boule, se la jettent au fond du gosier puis la mâchent pendant des heures pour en extraire un jus venimeux qui fait gonfler les vaisseaux du cerveau et propulse l’esprit dans une vague danse avec le temps et l’espace.
Nous refusons amicalement l’herbe destructrice, tentés par l’expérience, mais conscients de l’effet produit et des conséquences de trois inconscients chez de nouveaux amis. Nous jouons aux cartes, mangeons une soupe chaude et nous endormons les yeux fixés sur les ombres du feu, qui dansent sur les murs.
Mais déjà le froid a pénétré nos doigts qui semblent ne plus vouloir s’articuler. Il est temps de trouver un abri pour la nuit. Pas un baraquement ne semble habiter les lieux. Une vieille pancarte indique un village à quelques kilomètres en pleine steppe.
Happés par l’espoir d’un refuge, nous empruntons le chemin boueux qui diverge en des dizaines de directions quelque mètres plus loin. Un rayon lumineux arrive jusqu’à nos pauvres rétines, gelées par le froid de la nuit. Nous poursuivons le chemin en direction du phare des steppes, l’esprit et le corps déjà réchauffés par l’imagination d’un feu rougeoyant qui caresse nos visages irrités par le vent du frimas.
Quatre Kazakhs nous accueillent après négociation. Le maitre des lieux « Berdâtre » autorise nos corps à trouver le repos dans une petite salle chauffée par un poêle à bois. Nous chantons quelques chansons françaises à la guitare pour calmer les ardeurs corrompues des autres kazakhs, déjà bien faits à la vodka. Une herbe puissante passe de main en main, les hommes la roulent en boule, se la jettent au fond du gosier puis la mâchent pendant des heures pour en extraire un jus venimeux qui fait gonfler les vaisseaux du cerveau et propulse l’esprit dans une vague danse avec le temps et l’espace.
Nous refusons amicalement l’herbe destructrice, tentés par l’expérience, mais conscients de l’effet produit et des conséquences de trois inconscients chez de nouveaux amis. Nous jouons aux cartes, mangeons une soupe chaude et nous endormons les yeux fixés sur les ombres du feu, qui dansent sur les murs.
Le lendemain nous arrivons à Azqigite, dernière ville visible sur la carte avant le désert complet. Nous faisons quelques provisions de soupe et de gâteaux secs, ainsi qu’une réserve importante de benzine pour tenir jusqu’à la prochaine station essence, de l’autre côté du désert. Station service dont nous ignorons l’emplacement.
Sur la carte, un trait en pointillé semble indiquer l’existence d’un passage. Pourtant, pendant cinq jours nous ne croiserons que deux villages fantômes peuplés de quelques habitants résistants encore à la poussière et aux vents. Même les arbres ne s’aventurent pas dans ces contrées infertiles et desséchées. Seules quelques touffes d’herbe jonchent le sol rocheux pour y puiser les dernières gouttes des pluies d’automne. La route est longue, la piste défoncée, et les side-cars sont en branle. Nos corps sont baladés de part et d’autre de la cargaison de fortune qui cherche désespérément un meilleur chemin. Parfois du sable s’étend sur quelques centaines de mètres et offre à nos montures de pures sensations de glisse. Nous dansons avec les dunes une valse rythmée par le quatre temps de nos motocyclettes. Parfois, un contretemps nous propulse hors du chemin. Nous écoutons la douce mélodie d’une roue creusant le sable sous les grognements des pilotes qui essayent presque désespérément d’extraire la bête hors de l’erg sauvage.
Sur la carte, un trait en pointillé semble indiquer l’existence d’un passage. Pourtant, pendant cinq jours nous ne croiserons que deux villages fantômes peuplés de quelques habitants résistants encore à la poussière et aux vents. Même les arbres ne s’aventurent pas dans ces contrées infertiles et desséchées. Seules quelques touffes d’herbe jonchent le sol rocheux pour y puiser les dernières gouttes des pluies d’automne. La route est longue, la piste défoncée, et les side-cars sont en branle. Nos corps sont baladés de part et d’autre de la cargaison de fortune qui cherche désespérément un meilleur chemin. Parfois du sable s’étend sur quelques centaines de mètres et offre à nos montures de pures sensations de glisse. Nous dansons avec les dunes une valse rythmée par le quatre temps de nos motocyclettes. Parfois, un contretemps nous propulse hors du chemin. Nous écoutons la douce mélodie d’une roue creusant le sable sous les grognements des pilotes qui essayent presque désespérément d’extraire la bête hors de l’erg sauvage.
Parfois la terre déshydratée semble s’ouvrir. Nous roulons sur une terre animalisée où les herbes sont des poils et les craquelures des écailles. J’aime imaginer une terre vivante, capable de courir le monde, cherchant inlassablement sa place dans un cosmos infini. Nous ressemblons à cette terre aride, desséchée. Nous cherchons notre place d’homme dans des sociétés accablantes, parfois cruelles. Certains trouvent leur place dans le confort d’un terreau et deviennent des arbres majestueux, d’autres seront ces herbes folles, qui poussent dans la poussière et dans le sable, ne cherchant ni à grandir ni à produire du fruit. Constamment oubliés, ils fuient les espaces peuplés pour le désert, préférant vivre à tout jamais seuls dans les steppes, plutôt qu’envahis par les affres du monde moderne.
Comme chaque soir, le soleil reflète ses rayons dans nos rétros. Assis dans le panier de « Déliate » je contemple les dernières lueurs du jour qui rougissent nos peaux noircis par la poussière du désert ! Les steppes se sont couchées avec la lumière. Nous louvoyons, aveugles, sur une surface abrupte qui ne dessine aucune frontière entre l’horizon et le ciel. Seules quelques étoiles nous rappellent que nous sommes toujours bien sur terre. Nous pensions naviguer sur une vaste mer, confondue avec les cieux.
Les « Je vous salue Marie » fusent vers la lune qui, majestueuse, est notre seul compas pour tenir un cap. Elle s’efface douce et humble vers le lointain, et nous indique en s’éloignant une maison éclairée par un feu, animée par des rires et des chants. Il était temps, le froid gagnait les extrémités de nos pauvres membres engourdis.
Une bande de jeunes militaires de notre âge se font griller des morceaux de viande, se farcissent une braise et boivent quelques alcools d’adolescent. L’accueil est vif, les esprits sont excités. La guitare fait son effet et lance la soirée autour du feu. Les sourires animent les visages des jeunes bambins qui se chamaillent la place du meilleur boute-en-train. Nous suivons le rythme des rires sans réellement comprendre, répétant le russe dicté par certains, devant les projecteurs des téléphones portables, détestables machines pour l’authentique aventurier, appareils destructeurs de la spontanéité et de la pureté de l’instant, robots de la modernité occidentale, largement diffusés sans prévention de leurs néfastes conséquences sur nos relations humaines. Je déteste les machines qui remplacent les sourires, les regards, les rires et les accolades. On rit ensemble d’un instant saisi que l’on pourra montrer à quelques amis pour rire encore. On ne vit plus avec le temps qui nous est donné, on se préoccupe constamment du futur, balayant le passé comme on slide les pages d’un smartphone, ignorant le présent, le regard omnibulé par l’écran. La soirée reste merveilleuse, le combat consiste à retrouver la beauté de la rencontre.
Les « Je vous salue Marie » fusent vers la lune qui, majestueuse, est notre seul compas pour tenir un cap. Elle s’efface douce et humble vers le lointain, et nous indique en s’éloignant une maison éclairée par un feu, animée par des rires et des chants. Il était temps, le froid gagnait les extrémités de nos pauvres membres engourdis.
Une bande de jeunes militaires de notre âge se font griller des morceaux de viande, se farcissent une braise et boivent quelques alcools d’adolescent. L’accueil est vif, les esprits sont excités. La guitare fait son effet et lance la soirée autour du feu. Les sourires animent les visages des jeunes bambins qui se chamaillent la place du meilleur boute-en-train. Nous suivons le rythme des rires sans réellement comprendre, répétant le russe dicté par certains, devant les projecteurs des téléphones portables, détestables machines pour l’authentique aventurier, appareils destructeurs de la spontanéité et de la pureté de l’instant, robots de la modernité occidentale, largement diffusés sans prévention de leurs néfastes conséquences sur nos relations humaines. Je déteste les machines qui remplacent les sourires, les regards, les rires et les accolades. On rit ensemble d’un instant saisi que l’on pourra montrer à quelques amis pour rire encore. On ne vit plus avec le temps qui nous est donné, on se préoccupe constamment du futur, balayant le passé comme on slide les pages d’un smartphone, ignorant le présent, le regard omnibulé par l’écran. La soirée reste merveilleuse, le combat consiste à retrouver la beauté de la rencontre.
Assis sur le tapis de la pièce commune, nous dévorons d’énormes morceaux de viande de chèvre qui croulent dans un bain de graisse fondante. L’os à la main nous montrons les dents pour ronger les restes des bouts de chair. Le diner terminé, le chef de famille lève les mains au ciel, la troupe devient silencieuse, on remercie Hallah pour le festin.
Nous nous endormons sur les tapis, bercés par une odeur de viande séchée.
Nous nous endormons sur les tapis, bercés par une odeur de viande séchée.
Le réveil est moins exaltant, les militaires nous ont volé deux paires de gants d’hiver ! Nous les maudirons matins et soirs pendant le reste de l’aventure.
Nous reprenons notre route, boussole levée, ne sachant pas vraiment quel chemin emprunter. Les sentiers sont aussi nombreux que les traces des caravanes de chameaux.
Au loin, une tour domine l’horizon. Un énorme chien réveille les gardes endormis qui viennent à notre rencontre. Le protocole militaire est long, incompréhensible, inefficace. Nous repartons dans une direction, déconseillée par les soldats qui semblent inquiets de nous voir foncer vers l’Ouzbékistan. « Sniper, Sniper » mime un des militaires le doigt posé sur la gâchette, le sourire aux lèvres, l’arme fictive pointée sur nous…
Quelques kilomètres plus loin un camion militaire nous rattrape. Nous reconnaissons les gardes de la base que nous venons de quitter, tout heureux de sortir du camp. Ils nous ordonnent de les suivre : « le comandor veut vous voir. »
Les documents officiels circulent de nouveaux. Nous sommes revenus pour une photo ou pour briser le silence paresseux de longs mois passés à attendre dans un camp barricadé, à guetter les troupeaux sauvages du haut d’un mirador, à dormir le plus tôt possible pour tuer l’instant.
Nous reprenons notre route, boussole levée, ne sachant pas vraiment quel chemin emprunter. Les sentiers sont aussi nombreux que les traces des caravanes de chameaux.
Au loin, une tour domine l’horizon. Un énorme chien réveille les gardes endormis qui viennent à notre rencontre. Le protocole militaire est long, incompréhensible, inefficace. Nous repartons dans une direction, déconseillée par les soldats qui semblent inquiets de nous voir foncer vers l’Ouzbékistan. « Sniper, Sniper » mime un des militaires le doigt posé sur la gâchette, le sourire aux lèvres, l’arme fictive pointée sur nous…
Quelques kilomètres plus loin un camion militaire nous rattrape. Nous reconnaissons les gardes de la base que nous venons de quitter, tout heureux de sortir du camp. Ils nous ordonnent de les suivre : « le comandor veut vous voir. »
Les documents officiels circulent de nouveaux. Nous sommes revenus pour une photo ou pour briser le silence paresseux de longs mois passés à attendre dans un camp barricadé, à guetter les troupeaux sauvages du haut d’un mirador, à dormir le plus tôt possible pour tuer l’instant.
Dans l’après midi, « Déliate » s’arrête. Le réservoir est percé. En plein cœur des steppes nous perdons le précieux liquide qui nous permet d’avancer. Il faut à tout prix trouver un moyen de réparer la fuite. La fissure s’est déclarée sur une soudure, très difficile à boucher. Tous les moyens sont testés : brûler le lacet d’Augustin ou un serre-joint, entourer la fissure de téflon, bourrer avec du scotch… rien n’y fait. Le SP92 s’infiltre dans les moindres interstices. Finalement, c’est une bougie qui nous sauvera la vie. La cire goutte dans la fente et prend les formes de la pièce. Nous entourons le tout avec du scotch.
Pendant toute la traversé du désert nous roulerons 5L par 5L pour éviter que la pression du liquide n’entame notre réparation de fortune.
La nuit est déjà tombée depuis quelques temps mais la lune est si belle que nous décidons de poursuivre la route, les yeux rivés vers ce soleil de l’ombre.
Nous suivons la frontière Ouzbeke, itinéraire qui nous permet de connaître exactement notre localisation à quelques dizaines de kilomètres près. Une lumière nous interpelle dans la toundra. Empruntant la voie des steppes, nous fonçons à travers champ, foulant les hautes herbes. L’équipage de Déliate s’explose dans un bosquet à quelques kilomètres du point lumineux. Par chance, rien n’est brisé dans la chute, exceptée la confiance du pilote.
Un autre camp militaire est planté là, au cœur d’un désert abandonné depuis toujours. Le « comandor » a l’air surpris de notre arrivée mais nous invite à diner et nous promet l’hospitalité. Nous dévorons un plat typique kazakh, constitué de riz et de viande, devant une meute de soldats intéressés par notre périple. Immédiatement après le « comandor » nous demande de monter la tente, dans le froid et l’obscurité. Bien installés dans nos sacs de couchage, nous attendons patiemment le sommeil. Le chef des lieux revient vers nous, faisant fonctionner son appareil photo, puis nous ordonne de quitter notre abri de fortune pour regagner le baraquement militaire. Il voulait simplement envoyer une photo à ses responsables pour leurs assurer que nous ne dormirons pas dans l’enceinte réservée aux soldats. Amusés, nous sortons de notre réserve personnelle. Nous avions pris une bouteille de vodka avec nous si jamais le froid nous prenait trop fort dans ses bras. Finalement, on l'offre au "Comandor" qui nous héberge et nous nourit. Il invite alors le cuisinier, son second, et nous la buvons ensemble, avec un débit kazakh que nous français connaissons mal.
La tempête s’est déchainée toute la nuit, couvrant la steppe d’une boue glissante et profonde que nos lourdes montures ne pourront traverser. Nous sommes donc obligés de rester une journée de plus, à vivre le quotidien de ces hommes éteints par le manque d’action, vivant dans la neutralité et la folie de l’horizon vide de tout part.
La nuit est déjà tombée depuis quelques temps mais la lune est si belle que nous décidons de poursuivre la route, les yeux rivés vers ce soleil de l’ombre.
Nous suivons la frontière Ouzbeke, itinéraire qui nous permet de connaître exactement notre localisation à quelques dizaines de kilomètres près. Une lumière nous interpelle dans la toundra. Empruntant la voie des steppes, nous fonçons à travers champ, foulant les hautes herbes. L’équipage de Déliate s’explose dans un bosquet à quelques kilomètres du point lumineux. Par chance, rien n’est brisé dans la chute, exceptée la confiance du pilote.
Un autre camp militaire est planté là, au cœur d’un désert abandonné depuis toujours. Le « comandor » a l’air surpris de notre arrivée mais nous invite à diner et nous promet l’hospitalité. Nous dévorons un plat typique kazakh, constitué de riz et de viande, devant une meute de soldats intéressés par notre périple. Immédiatement après le « comandor » nous demande de monter la tente, dans le froid et l’obscurité. Bien installés dans nos sacs de couchage, nous attendons patiemment le sommeil. Le chef des lieux revient vers nous, faisant fonctionner son appareil photo, puis nous ordonne de quitter notre abri de fortune pour regagner le baraquement militaire. Il voulait simplement envoyer une photo à ses responsables pour leurs assurer que nous ne dormirons pas dans l’enceinte réservée aux soldats. Amusés, nous sortons de notre réserve personnelle. Nous avions pris une bouteille de vodka avec nous si jamais le froid nous prenait trop fort dans ses bras. Finalement, on l'offre au "Comandor" qui nous héberge et nous nourit. Il invite alors le cuisinier, son second, et nous la buvons ensemble, avec un débit kazakh que nous français connaissons mal.
La tempête s’est déchainée toute la nuit, couvrant la steppe d’une boue glissante et profonde que nos lourdes montures ne pourront traverser. Nous sommes donc obligés de rester une journée de plus, à vivre le quotidien de ces hommes éteints par le manque d’action, vivant dans la neutralité et la folie de l’horizon vide de tout part.
Nous repartons le lendemain matin. La petite armée s’est rassemblée autour de nos montures et nous aide à les sortir du magma boueux qui recouvre les roues. Ma main se lève pour les saluer, une dizaine d’hommes, les corps tournés vers les deux machines qui s’enfuient, reproduisent mon geste. Les saignées du passage de nos machines dans la terre trop hydratée s’effaceront avec la prochaine pluie, mais le souvenir de notre courte visite restera à jamais gravé dans le cœur de ces hommes des steppes, habitués à ne voir que la ligne étendue au lointain, cause de leur solitude et de leur perdition.
Rien n’est plus violent que le combat entre la mission et l’identité. Ces hommes sont des ermites sédentaires dans le pays de l’aigle royal, dans le pays nomade.
Quelques centaines de mètres plus loin, « Jéhol » (cheval fou), notre side- car ébène, ne veut plus avancer. Un cylindre refuse de fonctionner. Nous nettoyons les composants un à un mais la bête semble toujours fatiguée. Nous décidons d’ouvrir le cache culbu, laissant s’égoutter de nos fronts, l’angoisse de toucher à des mécanismes fragiles, que nous connaissons trop peu.
Après quelques heures de mécanique, cheval fou retrouve majesté et puissance. Nous récupérons peu à peu vitesse et légèreté, malgré les ornières que nous créons dans ce terrain boueux. Au passage des trous, la boue, principale ennemie pour nos motocyclettes à panier adjacent se trouve parfois propulsée jusque sur nos combinaisons mêmes.
Rien n’est plus violent que le combat entre la mission et l’identité. Ces hommes sont des ermites sédentaires dans le pays de l’aigle royal, dans le pays nomade.
Quelques centaines de mètres plus loin, « Jéhol » (cheval fou), notre side- car ébène, ne veut plus avancer. Un cylindre refuse de fonctionner. Nous nettoyons les composants un à un mais la bête semble toujours fatiguée. Nous décidons d’ouvrir le cache culbu, laissant s’égoutter de nos fronts, l’angoisse de toucher à des mécanismes fragiles, que nous connaissons trop peu.
Après quelques heures de mécanique, cheval fou retrouve majesté et puissance. Nous récupérons peu à peu vitesse et légèreté, malgré les ornières que nous créons dans ce terrain boueux. Au passage des trous, la boue, principale ennemie pour nos motocyclettes à panier adjacent se trouve parfois propulsée jusque sur nos combinaisons mêmes.
Malgré un azimut très précis, nous retrouvons la frontière Ouzbekhe, bien trop au sud pour notre itinéraire prévu. Longeant le pays frontalier, nous actionnons le poignet droit, oubliant bosses, trous et charnières. Nous savons où mène le chemin emprunté. Il conduit à la sortie des plaines, aux ondulations géologiques, à des paysages nouveaux, il conduit à la mythique mer d’Aral, desséchée par l’Union Soviétique pour la production de coton.
Au détour d’une légère montée, le bassin nous apparaît vaste et immense. Les falaises s’effritent, érodées par la mer qui s’est retirée.
La ligne de barbelés, étendue pour marquer la frontière, prend fin sur le plateau Aral. Nous traversons symboliquement mais illégalement la frontière Ouzbèke, posant le pied de l’autre coté du terrain, surveillés par un garde en sac à patate. Nous lui volons son bonnet, nous en auront plus besoin que lui.
La ligne de barbelés, étendue pour marquer la frontière, prend fin sur le plateau Aral. Nous traversons symboliquement mais illégalement la frontière Ouzbèke, posant le pied de l’autre coté du terrain, surveillés par un garde en sac à patate. Nous lui volons son bonnet, nous en auront plus besoin que lui.
Quelques mètres plus loin, c’est Déliate qui boude et bougonne dans sa barbe. Il ne veut plus avancer qu’à 30 km/h. Nous restons devant lui comme de pauvres parents dépassés par les caprices d’un enfant colérique. Un des carburateurs ne fonctionne pas bien, l’accélérateur en est témoin. 2h de mécanique à démonter, laver, souffler, remonter, re-démonter encore et encore… Nous dormons sur place à quelques mètres de la vallée Aral !
Le lendemain, nous mettons le réservoir sur « Réserve », Déliate démarre sans caprice et ronronne doucement comme un murmure gêné. Nous ne connaitrons jamais vraiment les raisons rationnelles de ces gamineries mais nous nous sommes résolus à les expliquer comme on justifie le comportement d’un adolescent mal éduqué.
La Providence nous guidant dans une direction incertaine, nous rencontrons quelques pêcheurs qui nous montrent le chemin de Bozoy, la prochaine ville. Ils mènent le convoi avec leur gros 4x4 Toyota et nous invitent à manger une bonne soupe bien méritée, une fois arrivés à la ville. Nous profitons de cette halte pour faire un plein de benzine, liquide précieux qui commence à manquer et qu'on ne trouvera plus sur les prochaines centaines de km jusqu'à la prochaine grande ville.
La Providence nous guidant dans une direction incertaine, nous rencontrons quelques pêcheurs qui nous montrent le chemin de Bozoy, la prochaine ville. Ils mènent le convoi avec leur gros 4x4 Toyota et nous invitent à manger une bonne soupe bien méritée, une fois arrivés à la ville. Nous profitons de cette halte pour faire un plein de benzine, liquide précieux qui commence à manquer et qu'on ne trouvera plus sur les prochaines centaines de km jusqu'à la prochaine grande ville.
Le soir même, nous re voilà de nouveau sur la route. Celle-ci nous mènera à Sekseuil, dernière ville des steppes avant l’asphalte, après quelques réparations et restaurations à Bozoy.
La piste bien que balisée est pire que la toundra. Les bosselettes font trembler nos deux monstres. Déliate casse son porte bagage arrière, le fer forgé n’a pas résisté aux secousses. Nous empruntons les pistes aux alentours pour soulager nos side-cars.
Chaque soir, une bonne étoile guide nos pas. Une maison, un baraquement, une famille nous ouvre ses portes. Et c’est ainsi que nous faisons la connaissance des habitants du plateau Aral, tous plus accueillants les uns que les autres. La communication est plus simple que nous l’imaginions. Nous exhibons nos plus beaux sourire laissant parfois le rire résonner dans la pièce, gribouillons quelques dessins, partageons des instants musicaux entre la guitare et leur « Dombra », puis nous laissons le silence s’installer et témoigner la profondeur de la joie de la rencontre.
La piste bien que balisée est pire que la toundra. Les bosselettes font trembler nos deux monstres. Déliate casse son porte bagage arrière, le fer forgé n’a pas résisté aux secousses. Nous empruntons les pistes aux alentours pour soulager nos side-cars.
Chaque soir, une bonne étoile guide nos pas. Une maison, un baraquement, une famille nous ouvre ses portes. Et c’est ainsi que nous faisons la connaissance des habitants du plateau Aral, tous plus accueillants les uns que les autres. La communication est plus simple que nous l’imaginions. Nous exhibons nos plus beaux sourire laissant parfois le rire résonner dans la pièce, gribouillons quelques dessins, partageons des instants musicaux entre la guitare et leur « Dombra », puis nous laissons le silence s’installer et témoigner la profondeur de la joie de la rencontre.
Le çaï (thé) glisse en continu le long de nos gorges déshydratées par les longues journées de route. Nos lèvres trempent dans le lait de chameau qui vient d’être extirpé par nos hôtes. Une famille nous demande si nous sommes terroristes. Nos petites barbichettes font déjà un bel effet… Apercevant le couteau de Niels qui pend à son ceinturon scout depuis le début du voyage, notre ami, prudent, lui demande de lui donner pour la nuit. Nous rions ensemble d’une peur qui hante nos deux pays.
L’accueil est impérial au Kazakhstan. Les pèlerins sont nourris, les étrangers de passage hébergés, et les bikers en Ural sont accueillis et regardés. Nos hôtes nous regardent avec milles questions sur les lèvres, que nous devinons à peine. Pourquoi partez-vous aussi loin de votre pays… pourquoi allez-vous au Nord en plein hiver… ? Pourquoi tout ça ?
Sur la route, un petit garagiste nous répare le réservoir troué depuis trop longtemps. Au moment de payer, un attroupement se réunit autour de nous. Il faut 7000 tenges soit environ 20 euros pour une modeste pâte de colle sur un bout de taule. Nous lui tendons 2000 tenges qui lui suffisent largement. Le robuste kazakh hoche négativement de la tête regardant l’autre bout de la rue. Baptiste insiste en agitant le billet sous son nez, Niels le calme, Augustin semble pensif, cherchant surement une de ses idées farfelues. L’homme veut désormais la guitare, puis l’appareil photo, puis la boite à outils… Gus n’a toujours pas d’idée, Niels sort un deuxième billet, Baptiste part en bougonnant. Le réservoir est réparé, Déliate s’enfuit dans l’obscurité, oubliant les évènements. Quelques kilomètres plus loin, Un poste de police nous interpelle sur la grande route. « Document , document » dit le policier. Quelques minutes plus tard nous entendons « Money ! Money ! » ! Baptiste fouille dans ses poches et fait résonner quelques pièces venant de Macédoine, de Slovénie, de Bulgarie… ! Le policier part mécontent à la vue des médiocres piécettes. A plusieurs reprises la petite monnaie européenne nous sauve d’une lourde somme issue de la corruption.
Le Kazakhstan est le 45° pays le plus corrompu du monde. L’économie pétrolière ne nourrit qu’une classe très aisée et délaisse le reste de la population. Lors des pénuries de pétrole, qui sont dues à la diminution progressive des sources pétrolières, l’Etat est ruiné. La corruption étatique se retourne alors contre le peuple qui subit ces attaques dans le froid et la faim.
L’accueil est impérial au Kazakhstan. Les pèlerins sont nourris, les étrangers de passage hébergés, et les bikers en Ural sont accueillis et regardés. Nos hôtes nous regardent avec milles questions sur les lèvres, que nous devinons à peine. Pourquoi partez-vous aussi loin de votre pays… pourquoi allez-vous au Nord en plein hiver… ? Pourquoi tout ça ?
Sur la route, un petit garagiste nous répare le réservoir troué depuis trop longtemps. Au moment de payer, un attroupement se réunit autour de nous. Il faut 7000 tenges soit environ 20 euros pour une modeste pâte de colle sur un bout de taule. Nous lui tendons 2000 tenges qui lui suffisent largement. Le robuste kazakh hoche négativement de la tête regardant l’autre bout de la rue. Baptiste insiste en agitant le billet sous son nez, Niels le calme, Augustin semble pensif, cherchant surement une de ses idées farfelues. L’homme veut désormais la guitare, puis l’appareil photo, puis la boite à outils… Gus n’a toujours pas d’idée, Niels sort un deuxième billet, Baptiste part en bougonnant. Le réservoir est réparé, Déliate s’enfuit dans l’obscurité, oubliant les évènements. Quelques kilomètres plus loin, Un poste de police nous interpelle sur la grande route. « Document , document » dit le policier. Quelques minutes plus tard nous entendons « Money ! Money ! » ! Baptiste fouille dans ses poches et fait résonner quelques pièces venant de Macédoine, de Slovénie, de Bulgarie… ! Le policier part mécontent à la vue des médiocres piécettes. A plusieurs reprises la petite monnaie européenne nous sauve d’une lourde somme issue de la corruption.
Le Kazakhstan est le 45° pays le plus corrompu du monde. L’économie pétrolière ne nourrit qu’une classe très aisée et délaisse le reste de la population. Lors des pénuries de pétrole, qui sont dues à la diminution progressive des sources pétrolières, l’Etat est ruiné. La corruption étatique se retourne alors contre le peuple qui subit ces attaques dans le froid et la faim.
Le Bouzkachi !!!
Roulant depuis quelques heures, freinés par Déliate qui ne peut pas dépasser les 60 km/h, nous admirons le paysage des steppes qui nous laisse apercevoir d’immenses montagnes derrière la brume.
Des cavaliers sont attroupés au bord d’un champ. Soudain, un signal est lancé par un des hommes. Les cavaliers se ruent au milieu de la plaine, en hurlant et frappant sur l’arrière train des chevaux. Ils se réunissent autour … d’une énorme peau de chèvre…!! Nous n’en croyons pas nos yeux ! Nous sommes en train d’assister à une partie du mythique jeu du Bouzkachi ! Nous quittons la route pour rejoindre la steppe. Nos montures d’acier semblent bien basses par rapports aux chevaux Kazakhs. Nous zigzaguons autour de certains cavaliers qui attendent leur tour pour se ruer dans la bataille. Nous revivons en image l’excellent livre « Les Cavaliers » de Kessel !
Les chevaux s’entrechoquent dans une violente mêlée. Les cavaliers tournent autour de la lourde peau piétinée par l’agitation des bêtes, les visages des hommes sont durs et hargneux, les cris sont douloureux et les chevaux crachent le sang qui les étouffe. On tente d’apercevoir le corps de certains fous qui essayent désespérément de mettre la main sur le cadavre de la bique. Les mouvements sont brusques et excités, la frénésie est générale. Seuls les spectateurs observent la scène avec calme et respect. Une impulsion passionnée saisie la monture d’un des « Tchopendoz » (joueur du bouzkachi) qui entraine l’élan de la troupe à sa suite. La chasse est rapide et élancée. Les cravaches s’abattent sur les kazakhs (cheval du Kazakhstan) qui poursuivent le cavalier et la bique. Les bêtes ruissèlent d’un liquide mousseux et valeureux, le museau en sang, l’esprit rongé par la folie, le regard constamment tourné vers les petits drapeaux qui délimitent le cercle du camp adverse. Le Tchopendoz est trop lourd et se fait vite rattraper par les autres coureurs, qui le fouettent violemment pour lui faire lâcher prise. Le visage en sang, le regard prostré, il fait tomber la lourde charge qui relance le chahut dans une éclatante brutalité. Je reconnais Jehol qui patiente nerveusement, attendant le moment crucial pour percer l’amas des bêtes qui s’entassent et se grimpent les uns sur les autres. Le Tchopendoz lance le cheval fou à travers la brèche qui s’est ouverte par les bousculades. L’étalon noir retient les adversaires pendant que le « Tchopendoz » plonge jusqu’au sol pour soulever la chèvre inanimée. L’escouade galope déjà loin du groupe qui réagit seulement au coup de maitre du « Tchopendoz ». Seul dans la steppe, le cavalier dépose avec triomphe la carcasse décapitée entre les marques du camp adverse.
Des cavaliers sont attroupés au bord d’un champ. Soudain, un signal est lancé par un des hommes. Les cavaliers se ruent au milieu de la plaine, en hurlant et frappant sur l’arrière train des chevaux. Ils se réunissent autour … d’une énorme peau de chèvre…!! Nous n’en croyons pas nos yeux ! Nous sommes en train d’assister à une partie du mythique jeu du Bouzkachi ! Nous quittons la route pour rejoindre la steppe. Nos montures d’acier semblent bien basses par rapports aux chevaux Kazakhs. Nous zigzaguons autour de certains cavaliers qui attendent leur tour pour se ruer dans la bataille. Nous revivons en image l’excellent livre « Les Cavaliers » de Kessel !
Les chevaux s’entrechoquent dans une violente mêlée. Les cavaliers tournent autour de la lourde peau piétinée par l’agitation des bêtes, les visages des hommes sont durs et hargneux, les cris sont douloureux et les chevaux crachent le sang qui les étouffe. On tente d’apercevoir le corps de certains fous qui essayent désespérément de mettre la main sur le cadavre de la bique. Les mouvements sont brusques et excités, la frénésie est générale. Seuls les spectateurs observent la scène avec calme et respect. Une impulsion passionnée saisie la monture d’un des « Tchopendoz » (joueur du bouzkachi) qui entraine l’élan de la troupe à sa suite. La chasse est rapide et élancée. Les cravaches s’abattent sur les kazakhs (cheval du Kazakhstan) qui poursuivent le cavalier et la bique. Les bêtes ruissèlent d’un liquide mousseux et valeureux, le museau en sang, l’esprit rongé par la folie, le regard constamment tourné vers les petits drapeaux qui délimitent le cercle du camp adverse. Le Tchopendoz est trop lourd et se fait vite rattraper par les autres coureurs, qui le fouettent violemment pour lui faire lâcher prise. Le visage en sang, le regard prostré, il fait tomber la lourde charge qui relance le chahut dans une éclatante brutalité. Je reconnais Jehol qui patiente nerveusement, attendant le moment crucial pour percer l’amas des bêtes qui s’entassent et se grimpent les uns sur les autres. Le Tchopendoz lance le cheval fou à travers la brèche qui s’est ouverte par les bousculades. L’étalon noir retient les adversaires pendant que le « Tchopendoz » plonge jusqu’au sol pour soulever la chèvre inanimée. L’escouade galope déjà loin du groupe qui réagit seulement au coup de maitre du « Tchopendoz ». Seul dans la steppe, le cavalier dépose avec triomphe la carcasse décapitée entre les marques du camp adverse.
Un cavalier échange sa monture de chair contre une de nos montures de fer. Baptiste galope dans la steppe, sur le dos d’un Kazakh (qui signifie également homme libre, cavalier des steppes, aventurier) le regard perdu vers l’immensité de la plaine, envieux de ces hommes libres qui se battent pour l’amour du courage.
Suite à ce moment d'éternité que nous venons de vivre, nous décidons de faire un aller-retour au Kirghizstan pour prolonger de 30 jours nos « free visa » au Kazakhstan et être sûrs de pouvoir rejoindre la Russie à temps. En deux heures nous faisons l’aller-retour. A la frontière le garde cherche à corrompre Baptiste, mais nos vieilles vestes défoncées, et nos bonnets usés justifient nos : « Tenge Niet Niet ». (pas d'argent)
Déliate fait entendre un bruit de métal cassé. Les vitesses ne passent plus, le cardan ne tourne pas… Déliate fait le mort.
Nous n'avons plus les moyens et la patience de réparer sur place. La meilleure option est votée à l'unanimité, ou presque.
Nous décidons d'accrocher, tel un enfant donnant la main à ses parents ou son aîné(e) pour traverser la route ou marcher dans le sable, Déliate derrière Jehol, qui n’est pas ravi de trainer une aussi grosse bête. Pendant 200 km, Jehol tire de ses dernières forces le mourant à travers les collines qui mènent à Almaty, l’ancienne capitale du pays.
Dans le frima des steppes, nous frappons, main plate, sur les sacs accrochés sur le side pour retrouver l’usage de nos membres, saisis par le froid hivernal. Almaty nous accueille en la personne d’un restaurateur qui nous offre le repas. On s'émerveille toujours autant de ces personnes si généreuses avec nous, sortons quand nous n'avons rien demandé et ici nous faisons un peu tâche dans ce restaurant, qui est certes bien vide.
Comme prévu, nous sommes accueillis par une sympathique famille d'expatriés français qui nous héberge et nous nourrit le temps de faire nos visas Russes et Mongols, et surtout de réparer nos motos avant la dernière ligne droite jusqu'à Oulan Bator, capitale de la Mongolie.
En une heure les visas mongols sont faits, en 3 jours le visa Russe figure sur nos passeports. Les bécanes sont elles plus longues à remettre en état. Déliate semble avoir repris du poil de la bête, mais Jehol a un petit problème : un des embouts en acier de la tige du culbuteur en aluminium s'est démis. Deux options, le refiler (mais comment ? ) ou en trouver un autre (mais où ? ).
Augustin et Niels passent une journée entière à faire le tour des bazars de la ville. Ils ont trouvé des ressorts et de la garniture pour le train arrière de Jehol, mais toujours pas la pièce défaillante.
On ne partira pas dimanche. Tant pis !
On passe notre dimanche à la recherche de solution. Internet, Facebook et WhatsApp sont des outils bien précieux pour nous sortir de quelques galères. Les membres des différentes communautés de biker Ural, dont nous sommes membres, nous proposent des solutions différentes et même de nous envoyer des pièces par mail express.
Finalement, aujourd'hui c'est de l'époxy liquide qu'on a utilisé pour fier l'embout à la tige. On espère que ça tiendra. Au pire on a fait une reserve si jamais ça cède en route !
Déliate fait entendre un bruit de métal cassé. Les vitesses ne passent plus, le cardan ne tourne pas… Déliate fait le mort.
Nous n'avons plus les moyens et la patience de réparer sur place. La meilleure option est votée à l'unanimité, ou presque.
Nous décidons d'accrocher, tel un enfant donnant la main à ses parents ou son aîné(e) pour traverser la route ou marcher dans le sable, Déliate derrière Jehol, qui n’est pas ravi de trainer une aussi grosse bête. Pendant 200 km, Jehol tire de ses dernières forces le mourant à travers les collines qui mènent à Almaty, l’ancienne capitale du pays.
Dans le frima des steppes, nous frappons, main plate, sur les sacs accrochés sur le side pour retrouver l’usage de nos membres, saisis par le froid hivernal. Almaty nous accueille en la personne d’un restaurateur qui nous offre le repas. On s'émerveille toujours autant de ces personnes si généreuses avec nous, sortons quand nous n'avons rien demandé et ici nous faisons un peu tâche dans ce restaurant, qui est certes bien vide.
Comme prévu, nous sommes accueillis par une sympathique famille d'expatriés français qui nous héberge et nous nourrit le temps de faire nos visas Russes et Mongols, et surtout de réparer nos motos avant la dernière ligne droite jusqu'à Oulan Bator, capitale de la Mongolie.
En une heure les visas mongols sont faits, en 3 jours le visa Russe figure sur nos passeports. Les bécanes sont elles plus longues à remettre en état. Déliate semble avoir repris du poil de la bête, mais Jehol a un petit problème : un des embouts en acier de la tige du culbuteur en aluminium s'est démis. Deux options, le refiler (mais comment ? ) ou en trouver un autre (mais où ? ).
Augustin et Niels passent une journée entière à faire le tour des bazars de la ville. Ils ont trouvé des ressorts et de la garniture pour le train arrière de Jehol, mais toujours pas la pièce défaillante.
On ne partira pas dimanche. Tant pis !
On passe notre dimanche à la recherche de solution. Internet, Facebook et WhatsApp sont des outils bien précieux pour nous sortir de quelques galères. Les membres des différentes communautés de biker Ural, dont nous sommes membres, nous proposent des solutions différentes et même de nous envoyer des pièces par mail express.
Finalement, aujourd'hui c'est de l'époxy liquide qu'on a utilisé pour fier l'embout à la tige. On espère que ça tiendra. Au pire on a fait une reserve si jamais ça cède en route !
Voilà pour cette 3ème newsletter.
On espère que vous la lirez jusqu'au bout !
On vous reserve une petite surprise !
L’aventure ne fait que commencer.
On espère que vous la lirez jusqu'au bout !
On vous reserve une petite surprise !
L’aventure ne fait que commencer.