Bonjour à tous,
après un mois et demi sans donner de nouvelles, nous voici enfin de retour avec une newsletter illustrée par plus d'une centaine de photos et un peu moins de texte que d'habitude Ça vous motivera à lire jusqu'au bout on espère !
On a vécu une mission incroyable qu'on n'est pas prêt d'oublier !
Aujourd'hui on quitte Katmandou direction l'Inde pour notre mission au sud de Chennai qui début début mai !
On vous dit pas tout ce qu'on a prévu d'ici début mai. On vous réserve la surprise !
Bonne lecture
Les 3 Pas cher*
* verlan
** à l'envers
*** sherpas
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On a vécu une mission incroyable qu'on n'est pas prêt d'oublier !
Aujourd'hui on quitte Katmandou direction l'Inde pour notre mission au sud de Chennai qui début début mai !
On vous dit pas tout ce qu'on a prévu d'ici début mai. On vous réserve la surprise !
Bonne lecture
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* verlan
** à l'envers
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L'Ascension vers Tipling (Niels)
Après deux jours passés chez les généreux pères jésuites de Katmandou afin d’organiser notre ascension pour Tipling il est temps de partir. Notre nouvelle mission nous attend. Baptiste y est déjà allé lui à Tipling, l’an dernier avec des amis de son école lors d’un semestre en Inde. Pour Augustin et moi c’est encore qu’un rêve, qui s’apprête à se réaliser.
Nous avons rdv à 6h dans Katmandou pour retrouver d’autre habitants de Tipling qui monte aussi au village pour quelques semaines. Après 4 heures de van dans lequel nous sommes entassés comme des sardines, nous arrivons à Dhading, la dernière ville avant les villages des montagnes. Nous déjeunons rapidement avec la famille qui fait la route avec nous. Premier repas authentique, à déguster avec la main droite. Puis de nouveau, nous voilà encore plus tassés dans une Jeep, seul véhicule capable d’emprunter la route qui suit. 14 dans une Jeep. On peut difficilement faire plus. Et il faut rajouter le ou les passagers qui se mettent sur le toit. Durant 4 heures, sans compter les pauses, nous respirons la poussière qui s’infiltre tant bien que mal dans l’habitacle de la Jeep. La nuit tombe et nous arrivons finalement à Dunduré, terminus. La route ne va pas plus loin. Nos fessiers sont brûlants et douloureux. L’enfer à pris fin. Petit diner tout simple et nous nous endormons dans l’arrière boutique du resto-magasin dans lequel nous venons d'avoir notre repas.
Réveil bien matinal une fois de plus, 5h30. Mais c’est pour notre bien. Une grosse journée de marche nous attend et un peu de fraicheur pour marcher c’est l’idéal. Gus et Bat sème assez vite le peloton tandis que je continue l’ascension à un rythme plutôt lent qui correspond à celui du reste du groupe. La journée se passe, avec ses quelques pauses pour reprendre des forces. On a le droit à un peu de pluie. Vers 16h30, on aperçoit au loin le début du village. A vrai dire c’est un autre village, ou plutôt le « sous village » de Tipling, pour la dernière caste. Mais avant d’y parvenir il faut tout redescendre et ensuite tout remonter. Autant vous dire que la montée fut difficile. Finalement, vers 18h, nous arrivons enfin à « Katat », la maison des pères à Tipling.
Nous avons rdv à 6h dans Katmandou pour retrouver d’autre habitants de Tipling qui monte aussi au village pour quelques semaines. Après 4 heures de van dans lequel nous sommes entassés comme des sardines, nous arrivons à Dhading, la dernière ville avant les villages des montagnes. Nous déjeunons rapidement avec la famille qui fait la route avec nous. Premier repas authentique, à déguster avec la main droite. Puis de nouveau, nous voilà encore plus tassés dans une Jeep, seul véhicule capable d’emprunter la route qui suit. 14 dans une Jeep. On peut difficilement faire plus. Et il faut rajouter le ou les passagers qui se mettent sur le toit. Durant 4 heures, sans compter les pauses, nous respirons la poussière qui s’infiltre tant bien que mal dans l’habitacle de la Jeep. La nuit tombe et nous arrivons finalement à Dunduré, terminus. La route ne va pas plus loin. Nos fessiers sont brûlants et douloureux. L’enfer à pris fin. Petit diner tout simple et nous nous endormons dans l’arrière boutique du resto-magasin dans lequel nous venons d'avoir notre repas.
Réveil bien matinal une fois de plus, 5h30. Mais c’est pour notre bien. Une grosse journée de marche nous attend et un peu de fraicheur pour marcher c’est l’idéal. Gus et Bat sème assez vite le peloton tandis que je continue l’ascension à un rythme plutôt lent qui correspond à celui du reste du groupe. La journée se passe, avec ses quelques pauses pour reprendre des forces. On a le droit à un peu de pluie. Vers 16h30, on aperçoit au loin le début du village. A vrai dire c’est un autre village, ou plutôt le « sous village » de Tipling, pour la dernière caste. Mais avant d’y parvenir il faut tout redescendre et ensuite tout remonter. Autant vous dire que la montée fut difficile. Finalement, vers 18h, nous arrivons enfin à « Katat », la maison des pères à Tipling.
Pause photo avec notre groupe de marche pour l'ascension vers Tipling !
Encore un peu moins de deux heures de route avant d'arriver ! Les grand-mères tiennent bien le rythme !
Encore un peu moins de deux heures de route avant d'arriver ! Les grand-mères tiennent bien le rythme !
La vallée des rubys comme on l'appelle maintenant, avec ses champs de blé, de patate et un peu de maïs !
Le début de la mission (Niels) Nous faisons d’abord la rencontre du Père Aroul et du Père Ayar, deux pères jésuites indiens que Baptiste ne connaît pas. Quelques minutes plus tard, on fait la rencontre du Père Tekras, seul père jésuite népalais, que Baptiste connaît pour le coup. L’an dernier, il lui avait fait la promesse de revenir. Et en plus de ça, c’est une surprise pour ce père, qui n’avait pas du tout compris que c’était « Baptiste et ses amis » qui venaient. Le père Aroul pensait qu’on était des espagnols, et qu’on venait pour quelques jours. La communication ce n’est pas forcément le point fort des jésuites. Mais ils ont plein d’autres qualités bien sûr ! Assez vite, ils comprennent qu’on restera jusqu’à Pâques ! Malgré l'imprévu de ce séjour et les petites complications qu'il implique, les père ont l'air ravis. Ils nous font faire un tour des lieux : petite cuisine/garde manger toute simple, chambres des pères, salle à vivre, église, douche, WC, et enfin notre tente dans laquelle nous dormirons quasiment toute la durée du séjour.
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Le père Aroul (à gauche), toujours le sourire aux lèvres, et le père Ayar (rarement le sourire sur le photo mais tout aussi sympathique !)
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C’est parti pour 35 jours de Carême !
35 jours :
Bref, 35 jours avec une alimentation très simple : riz ou patate, accompagné de « dalle » - sorte de purée-soupe pour accompagner le riz à base de flageolet ! Autant vous dire que pendant un mois on a lâché plus de gaz qu’on ne l’avait fait en 6 mois.
35 jours :
- sans réseau (comme prévu)
- sans manger un seul fruit (j’ai eu la chance d’avoir une banane une fois !!!)
- sans alcool (même si ce n’est pas régulier chez nous, 35 jours sans une goutte d’alcool chez un jeune de 22 ans c’est plutôt rare !)
- sans manger de viande, ou presque (trois fois de la viande en 35 jours, en petite quantité)
- sans cigarette ou presque ( ce qui nous affectera pas tous de la même façon !)
Bref, 35 jours avec une alimentation très simple : riz ou patate, accompagné de « dalle » - sorte de purée-soupe pour accompagner le riz à base de flageolet ! Autant vous dire que pendant un mois on a lâché plus de gaz qu’on ne l’avait fait en 6 mois.
Assez vite, nous avons était réquisitionné pour donner des cours d’informatiques à l’école « d’en haut », dans le village d’à côté, Laptamg. Nous ne partagions pas tous le même avis sur cette mission de dernière minute qui nous était gentiment « imposée » par le père Tekras. Je l’avoue, je trouvais ça dommage qu’on ne s’implique pas plus dans les chantiers qu’on nous proposait. Pas d’église à construire finalement (pas encore) mais des dizaines et des dizaines de maisons. Nos bras seraient utiles. Mais en fin de compte se fut une expérience géniale.
Les premiers jours nous étions tous les trois à donner des cours pour une petite dizaine d’élèves. Nous avions à disposition 4 ordi portables (dont les deux nôtres) et 4 claviers, pour occuper les élèves qui n’étaient pas derrière un écran. On partait d’un niveau zéro quasiment pour tout le monde. Il a fallu commencer par les bases donc. La main droite pour taper les touches de droite du clavier et la main gauche pour la partie gauche. Puis on leur demandait de réécrire des phrases de présentation en anglais. "Hello, My name is Susmita Tamang. I live in Tipling, etc." Là-bas, il y a deux grosse familles (presque éthnies), les Tamang et les Ghale. Un Tamang épouse une Ghale et vise versa. Ça fait tout drôle quand même de voir autant d'élèves avec les mêmes noms de famille.
Après quelques jours, je suis réquisitionné pour donner des cours de maths dans l’école primaire de Tipling car ils sont en déficit de prof et les examens de fin d’année approchent à grande vitesse. Dans deux semaines. (Au Népal l'année se termine fin mars et les élèves reprennent les cours mi-avril). Baptiste et Augustin, eux, restent à Dondgen Devi pour continuer leurs cours d'informatique.
Les deux semaines qui suivirent dans nos écoles respectives furent géniales. On a pu tisser des liens d’amitiés avec les enfants et les professeurs, vivre des joyeux moments dans les cours de récréations à jouer à des jeux dont on ignorait l’existence ou dont on leur apprenait les règles. Heureusement qu’il y avait ces moments passés à l’école. Car en plus de s’y sentir vraiment utile, on y passait des très bons moments. Baptiste vous parlera plus tard des chantiers (parce qu'on a quand participé à des chantiers) mais c’est vrai que ce n’était pas évident et certains jours on ne se sentais pas très utile. Mais c’est aussi ça l’aridité de la mission.
Le repas du midi que les élèves prennent soit dans les salles de classe, soit dehors. Salles de classe toute simple comme vous pouvez le voir, faites de pierres posées et de bois. Pas de table dans celle-ci car c'est celle des tous petits (garderie).
Les premiers jours nous étions tous les trois à donner des cours pour une petite dizaine d’élèves. Nous avions à disposition 4 ordi portables (dont les deux nôtres) et 4 claviers, pour occuper les élèves qui n’étaient pas derrière un écran. On partait d’un niveau zéro quasiment pour tout le monde. Il a fallu commencer par les bases donc. La main droite pour taper les touches de droite du clavier et la main gauche pour la partie gauche. Puis on leur demandait de réécrire des phrases de présentation en anglais. "Hello, My name is Susmita Tamang. I live in Tipling, etc." Là-bas, il y a deux grosse familles (presque éthnies), les Tamang et les Ghale. Un Tamang épouse une Ghale et vise versa. Ça fait tout drôle quand même de voir autant d'élèves avec les mêmes noms de famille.
Après quelques jours, je suis réquisitionné pour donner des cours de maths dans l’école primaire de Tipling car ils sont en déficit de prof et les examens de fin d’année approchent à grande vitesse. Dans deux semaines. (Au Népal l'année se termine fin mars et les élèves reprennent les cours mi-avril). Baptiste et Augustin, eux, restent à Dondgen Devi pour continuer leurs cours d'informatique.
Les deux semaines qui suivirent dans nos écoles respectives furent géniales. On a pu tisser des liens d’amitiés avec les enfants et les professeurs, vivre des joyeux moments dans les cours de récréations à jouer à des jeux dont on ignorait l’existence ou dont on leur apprenait les règles. Heureusement qu’il y avait ces moments passés à l’école. Car en plus de s’y sentir vraiment utile, on y passait des très bons moments. Baptiste vous parlera plus tard des chantiers (parce qu'on a quand participé à des chantiers) mais c’est vrai que ce n’était pas évident et certains jours on ne se sentais pas très utile. Mais c’est aussi ça l’aridité de la mission.
Le repas du midi que les élèves prennent soit dans les salles de classe, soit dehors. Salles de classe toute simple comme vous pouvez le voir, faites de pierres posées et de bois. Pas de table dans celle-ci car c'est celle des tous petits (garderie).
Le moment que je préférais à l’école c’était le « dérouillage » du matin, ou plutôt la gymnastique pour ceux dont le terme dérouillage ne rappelle pas de souvenirs scouts plus ou moins précis. Voici une petite vidéo pour vous donner une idée. Un peu de gym, l’hymne népalais et la prière de l’école, en anglais mais c’est difficile à comprendre. J’ai moi même mis quelques jours à déchiffrer ce qu’ils disaient. |
Comme dans chaque école, il y a des rires et des jeux mais il y aussi des bagarres et des pleurs, surtout chez les plus petits. Mais ce n’est pas la même intensité qu’en France. C’est des forces de la nature, aussi bien les filles que les garçons et il n’y a pas tellement de pitié. C’est la loi du plus fort et c’est souvent à coup dans le dos que les plus grands (chef de classe) se font respecter. A l’école de Tipling, la cuisinière, Man Maya, n’hésite pas à saisir l’objet le plus terrifiant qu’elle à sous la main pour menacer les petits, et ça fonctionne très bien. Pour moi, c’était plus difficile de me faire obéir ! Baptiste et Gus avaient des élèves plus âgés, donc ils avaient moins se problème. Lorsqu’ils ont plus de 12 ans les élèves ont plus de l’admiration et du respect pour des jeunes européens qui viennent à Tipling. Pour les plus petits, on est plus une source de distraction et de joie. Et c’est vrai qu’on a passé beaucoup de temps à jouer avec les petits qui avaient toujours les mêmes mots à la bouche : « Jumping ! Running ! One more ! ». Après 10 minutes à jouer avec eux on en ressortait comme si on venait de terminer un marathon !
Petit à petit on a appris le népalais et on pouvait discuter un peu plus avec les petits. Rien d’extraordinaire mais c’était déjà ça. C’est la première fois en 7 mois qu’on a été aussi proche d’enfants et on en garde chacun des souvenirs mémorables. Mais le « problème » avec les enfants c’est que, contrairement à leur parents, lorsqu’on reviendra à Tipling – car on s’est chacun promis d’y revenir, ensemble ou pas, avec femme et enfants sinon – ils auront beaucoup changé !
Petit à petit on a appris le népalais et on pouvait discuter un peu plus avec les petits. Rien d’extraordinaire mais c’était déjà ça. C’est la première fois en 7 mois qu’on a été aussi proche d’enfants et on en garde chacun des souvenirs mémorables. Mais le « problème » avec les enfants c’est que, contrairement à leur parents, lorsqu’on reviendra à Tipling – car on s’est chacun promis d’y revenir, ensemble ou pas, avec femme et enfants sinon – ils auront beaucoup changé !
Chantier (Baptiste)
Nous avons également passé nos journées à travailler avec quelques familles de Tipling et d’Aranne, pour les aider à reconstruire leurs maisons, pour la plupart détruites par le séisme de 2015. Le gouvernement offre 3000 euros pour chaque foyer.
Les techniques de construction sont simples, basées sur la pose de pierre et les mi-bois. Recalés plusieurs fois pour quelques mauvaises pierre posées, nous nous spécialisons dans le transport des pierres jusqu’au chantier. Formant une chaîne, nous lançons les blocs coupants, de bras en bras, sous les regards impressionnés et amusés de nos hôtes.
Pendant un mois, nous portons les gros cailloux, les crénelons pour obtenir une forme adéquate, et les disposons sur les murs épais.
Mais au-delà de toutes ces pierres posées, et d’une aide, certes intéressante mais passagère, il y a la sueur versée ensemble, entre Tamangs et Français, rassemblés autour d’un travail pénible et long. Ce sont les pauses « Témé » (pomme de terre) le cul à quelques centimètres du sol, les genoux pliés, à dépecer la patate qui colle sur la peau, partageant les rires et les silences de nos amis, jouant avec les enfants ! Les rires sur le chantier, où, avec quelques mots et surtout des regards et des mimes, nous captivons un public interrogatif et joyeux. Des jongles, des jeux d’adresses, de l’équilibre et de la force. Tout est bon pour faire éclater les barrières linguistiques et nouer avec ces villageois, des liens qui resterons à jamais, quand les pierres s’écrouleront à nouveau. (Les scientifiques attendent un séisme beaucoup plus gros d’ici demain à 25 ans…)
Bicram, Pul Maya, Surate et sa femme, Djali et sa femme, Siété et sa famille, Bintapa, Sientapa, Dal-Maya… Tous ces visages qui resterons gravés dans nos mémoire, tous ces villageois qui nous ont tant bouleversé par leur façon de vivre, épris de présent, joyeux, courageux malgré les conditions parfois insupportables, malgré la peur, la souffrance quotidienne, les maladies, la mort qui rode… Ils ont été des exemples d’humilité, des témoins de la lumière qui traverse la noirceur, des petits saints pour certains, des hommes vivants.
Les techniques de construction sont simples, basées sur la pose de pierre et les mi-bois. Recalés plusieurs fois pour quelques mauvaises pierre posées, nous nous spécialisons dans le transport des pierres jusqu’au chantier. Formant une chaîne, nous lançons les blocs coupants, de bras en bras, sous les regards impressionnés et amusés de nos hôtes.
Pendant un mois, nous portons les gros cailloux, les crénelons pour obtenir une forme adéquate, et les disposons sur les murs épais.
Mais au-delà de toutes ces pierres posées, et d’une aide, certes intéressante mais passagère, il y a la sueur versée ensemble, entre Tamangs et Français, rassemblés autour d’un travail pénible et long. Ce sont les pauses « Témé » (pomme de terre) le cul à quelques centimètres du sol, les genoux pliés, à dépecer la patate qui colle sur la peau, partageant les rires et les silences de nos amis, jouant avec les enfants ! Les rires sur le chantier, où, avec quelques mots et surtout des regards et des mimes, nous captivons un public interrogatif et joyeux. Des jongles, des jeux d’adresses, de l’équilibre et de la force. Tout est bon pour faire éclater les barrières linguistiques et nouer avec ces villageois, des liens qui resterons à jamais, quand les pierres s’écrouleront à nouveau. (Les scientifiques attendent un séisme beaucoup plus gros d’ici demain à 25 ans…)
Bicram, Pul Maya, Surate et sa femme, Djali et sa femme, Siété et sa famille, Bintapa, Sientapa, Dal-Maya… Tous ces visages qui resterons gravés dans nos mémoire, tous ces villageois qui nous ont tant bouleversé par leur façon de vivre, épris de présent, joyeux, courageux malgré les conditions parfois insupportables, malgré la peur, la souffrance quotidienne, les maladies, la mort qui rode… Ils ont été des exemples d’humilité, des témoins de la lumière qui traverse la noirceur, des petits saints pour certains, des hommes vivants.
La joie des habitants du petit village d'Aran est impressionnante ! Malgré les conditions de vides extrêmement difficiles dans lesquelles ils vivent , ils rayonnent ! Tout à gauche, Bikram, puis Sieté et Tété, ainsi que des enfants du village qui ne vont plus à l'école car elle est trop loin et que la discrimination (entre caste) est insupportable... Ils ont beau être presque tous chrétiens (c'est récent), ça fait des siècles que ça dure cette discrimination !
Santé et Soins (Augustin)
Un trekkeur passe sur les chemins qui mènent à Tipling. Sa vision rapide, éphémère, posée autour de lui va et vient aussi vite qu’il marche. Des souvenirs sur la forme des maisons, la couleur des arbres, le type de roche. Du chemin tout semble beau : les enfants rigolent, les femmes sont belles, drapées dans leurs saris roses. Les hommes, si petits pourtant, portent notre admiration devant ces charges si lourdes qui scient leur front.
Le trekkeur passe finalement comme un touriste qui résumerait son voyage par ces photos. L’envers du décor n’est pas palpable des sentiers. Il faut s’attarder à jouer, à boire un chai chez l’habitant, parler aux missionnaires que l’on rencontre pour cerner la vie au long court, derrière les barreaux que seul le temps permet de passer.
Figée sur une photo, arrêtée aux souvenirs formels, la vie perd tout son sens et le voyage a un goût amer de ressenties rapides.
Les chemins noirs nous ont amenés jusqu’à Tipling, splendide village dans les contres forts de l’Himalaya que nous retrouvions enfin. 35 jours, enclavés dans la vallée des Rubis, nous avons pu prendre ce temps si précieux pour mieux entrevoir la vérité crue de la santé des habitants. L’hygiène est tellement absente, que des lieux dignes de rues du Moyen-Age font partie du décor d’Aran. Excréments, boue, détritus en tout genre, chiens errants, paille et pierres en vrac, l’atmosphère soignée de nos anciennes missions s’effacent pour laisser place à la rudesse de la campagne népalaise. Aucune douche digne de ce nom, des trous en guise de toilettes, l’eau du ruisseau ou les animaux et les habitations au-dessus déversent leurs fientes et leurs eaux usées. Rien n’est fait pour préserver la santé aussi bien des enfants que des parents. Un semblant d’égout encore en bon état suit le bas-côté du chemin. Une douche solaire a été construite à Tipling par des Russes.
Les ONG s’attardent plus à rénover tous les trois ans les bâtiments de l’école de Dongden Devi, située à Labdung. Aucun bâtiment n’est encore construit en ciment et parpaing excepté le nouveau « Health Post ». Celui-ci a été construit en octobre 2017 par une ONG américaine et composé de plusieurs pièces ; un docteur est depuis peu à la disposition quotidienne des gens mais ne se déplace que rarement dans les villages. Par deux fois, j’ai dû transporter d’Aran jusqu’au poste de secours, une femme en brancard avec l’attroupement du village qui suivait derrière. Trente minutes dans les montagnes, une fois de nuit, à enjamber et grimper péniblement les roches abruptes du poste relativement éloigné de Tipling.
La mère de Sieté
La première fois, lors d’une visite quotidienne au village d’Aran pour distribuer des médicaments, un groupement d’hommes et des cris de femmes venaient des maisons les plus en contrebas. Là gisait le corps d’une vieille aux cheveux roux, la mère de Sieté, le seul catholique du village. La peur à la vue d’un buffle menaçant l’avait fait chuter dans les escaliers raides en descente. Sa tête était recouverte de sang. Déjà depuis longtemps séché, elle traînait sur le bord du chemin, gémissante, depuis trois heures. L’éducation sur l’urgence et la nécessité d’agir vite dans de pareilles situations est totalement absente comme le reste. C’est finalement en pressant les hommes disponibles que l’on a pu acheminer la grand-mère dans un piteux état jusqu’au poste. Le docteur a pu recoudre la plaie et mettre trois points de sutures sur le crâne ridé et jaunît par l’iode.
La femme enceinte
La seconde fois, une femme enceinte, prête à accoucher dans son cube de tôle, humide et poussiéreux, avait des complications. Occupé par une invitation autour d’un feu et d’une tasse de thé chez Bycram, un homme est entré en pleur, affolé par les cris de douleur de sa femme. Nous suppliant de l’aider, nous avons une nouvelle fois transporté le corps gonflé comme un ballon. Juste avant son installation sur la toile bleue du brancard de fortune, une petite lueur s’est mise à scintiller clopin-clopant entre les saris des femmes, seuls êtres autour de moi qui comprenaient instinctivement les douleurs de la mère. Une cigarette pendait au coin des lèvres de la femme enceinte. Quoi de meilleur traitement qu’une bouffée de tabac pour soulager la peine. Après une gueulante bien méritée, la paysanne s’est couchée, le faix près à commencer sa course de nuit sans lune, à travers les venelles de Tipling et les chemins noirs menant au Poste. Notre convoi avait les allures d’un défilé de Pharaon, avec ses quatre porteurs soulevant comme un roi, ce trésor de vie, si petit face aux géants de pierres qui l’entouraient, et pourtant qui les domptera un jour comme ses pères. Le centre de tous les efforts et des regards l’instant d’une nuit, un exploit partagé avec toute la communauté comme pour honorer la vie que Dieu leur confit. Si difficile à donner dans ces contrées arides où l’homme se développe péniblement comme un saxaul dans une steppe kazakhe. Dans nos hôpitaux aseptisés et où les naissances défilent sans égard particulier, ce cheminement dans la montagne était à la hauteur de l’importance de l’avènement. Et malgré l’insécurité du convoi branlant qui menaçait à chaque foulée de chuter dans le vide, malgré cette cigarette de trop et l’irresponsabilité des hommes à trop attendre, la Vie continue. Au milieu de l’Himalaya, depuis des centaines d’années et l’arrivée des Mongols, l’œuvre suprême de la création se répète inexorablement, malgré tout. Et quelle fierté et beauté ai-je ressenti en voyant le lendemain la mère redescendue avec son nouveau-né garçon, dormant contre son sein, future génération d’hommes des montagnes ou d’hommes des villes ?
Le trekkeur passe finalement comme un touriste qui résumerait son voyage par ces photos. L’envers du décor n’est pas palpable des sentiers. Il faut s’attarder à jouer, à boire un chai chez l’habitant, parler aux missionnaires que l’on rencontre pour cerner la vie au long court, derrière les barreaux que seul le temps permet de passer.
Figée sur une photo, arrêtée aux souvenirs formels, la vie perd tout son sens et le voyage a un goût amer de ressenties rapides.
Les chemins noirs nous ont amenés jusqu’à Tipling, splendide village dans les contres forts de l’Himalaya que nous retrouvions enfin. 35 jours, enclavés dans la vallée des Rubis, nous avons pu prendre ce temps si précieux pour mieux entrevoir la vérité crue de la santé des habitants. L’hygiène est tellement absente, que des lieux dignes de rues du Moyen-Age font partie du décor d’Aran. Excréments, boue, détritus en tout genre, chiens errants, paille et pierres en vrac, l’atmosphère soignée de nos anciennes missions s’effacent pour laisser place à la rudesse de la campagne népalaise. Aucune douche digne de ce nom, des trous en guise de toilettes, l’eau du ruisseau ou les animaux et les habitations au-dessus déversent leurs fientes et leurs eaux usées. Rien n’est fait pour préserver la santé aussi bien des enfants que des parents. Un semblant d’égout encore en bon état suit le bas-côté du chemin. Une douche solaire a été construite à Tipling par des Russes.
Les ONG s’attardent plus à rénover tous les trois ans les bâtiments de l’école de Dongden Devi, située à Labdung. Aucun bâtiment n’est encore construit en ciment et parpaing excepté le nouveau « Health Post ». Celui-ci a été construit en octobre 2017 par une ONG américaine et composé de plusieurs pièces ; un docteur est depuis peu à la disposition quotidienne des gens mais ne se déplace que rarement dans les villages. Par deux fois, j’ai dû transporter d’Aran jusqu’au poste de secours, une femme en brancard avec l’attroupement du village qui suivait derrière. Trente minutes dans les montagnes, une fois de nuit, à enjamber et grimper péniblement les roches abruptes du poste relativement éloigné de Tipling.
La mère de Sieté
La première fois, lors d’une visite quotidienne au village d’Aran pour distribuer des médicaments, un groupement d’hommes et des cris de femmes venaient des maisons les plus en contrebas. Là gisait le corps d’une vieille aux cheveux roux, la mère de Sieté, le seul catholique du village. La peur à la vue d’un buffle menaçant l’avait fait chuter dans les escaliers raides en descente. Sa tête était recouverte de sang. Déjà depuis longtemps séché, elle traînait sur le bord du chemin, gémissante, depuis trois heures. L’éducation sur l’urgence et la nécessité d’agir vite dans de pareilles situations est totalement absente comme le reste. C’est finalement en pressant les hommes disponibles que l’on a pu acheminer la grand-mère dans un piteux état jusqu’au poste. Le docteur a pu recoudre la plaie et mettre trois points de sutures sur le crâne ridé et jaunît par l’iode.
La femme enceinte
La seconde fois, une femme enceinte, prête à accoucher dans son cube de tôle, humide et poussiéreux, avait des complications. Occupé par une invitation autour d’un feu et d’une tasse de thé chez Bycram, un homme est entré en pleur, affolé par les cris de douleur de sa femme. Nous suppliant de l’aider, nous avons une nouvelle fois transporté le corps gonflé comme un ballon. Juste avant son installation sur la toile bleue du brancard de fortune, une petite lueur s’est mise à scintiller clopin-clopant entre les saris des femmes, seuls êtres autour de moi qui comprenaient instinctivement les douleurs de la mère. Une cigarette pendait au coin des lèvres de la femme enceinte. Quoi de meilleur traitement qu’une bouffée de tabac pour soulager la peine. Après une gueulante bien méritée, la paysanne s’est couchée, le faix près à commencer sa course de nuit sans lune, à travers les venelles de Tipling et les chemins noirs menant au Poste. Notre convoi avait les allures d’un défilé de Pharaon, avec ses quatre porteurs soulevant comme un roi, ce trésor de vie, si petit face aux géants de pierres qui l’entouraient, et pourtant qui les domptera un jour comme ses pères. Le centre de tous les efforts et des regards l’instant d’une nuit, un exploit partagé avec toute la communauté comme pour honorer la vie que Dieu leur confit. Si difficile à donner dans ces contrées arides où l’homme se développe péniblement comme un saxaul dans une steppe kazakhe. Dans nos hôpitaux aseptisés et où les naissances défilent sans égard particulier, ce cheminement dans la montagne était à la hauteur de l’importance de l’avènement. Et malgré l’insécurité du convoi branlant qui menaçait à chaque foulée de chuter dans le vide, malgré cette cigarette de trop et l’irresponsabilité des hommes à trop attendre, la Vie continue. Au milieu de l’Himalaya, depuis des centaines d’années et l’arrivée des Mongols, l’œuvre suprême de la création se répète inexorablement, malgré tout. Et quelle fierté et beauté ai-je ressenti en voyant le lendemain la mère redescendue avec son nouveau-né garçon, dormant contre son sein, future génération d’hommes des montagnes ou d’hommes des villes ?
L’alcool ne fait pas exception dans les terres Tamang. Malgré le tabou et même une loi qui interdit la vente d’alcool dans le village, les habitants s’achètent ou cuisine eux-mêmes leur « bop » et leur « tchang », bière et alcool fort de la région à base de stampa ou de riz. Les ravages sont présents dès que la misère persiste. Les hommes qui en consomment (en majorité) violentent leurs femmes, dépensent beaucoup d’argent dans l’achat de ces denrées rares et finissent souvent alcooliques. Lors de nos chantiers à Tipling, nous avons été servis à plusieurs reprises matin et après-midi de la lourde bière tibétaine, tout dépendait des familles, catholiques ou aussi bien protestantes. Mais une fois, un simple goûter s’est transformé en véritable enfer d’une heure durant lequel il a fallu finir les quatre verres de bière épaisse et fade tout en souriant à la maîtresse de maison.
C’est le cas de notre cher ami Djali, habitant et ouvrier des champs comme les autres à Aran, grand frère et voisin de Bycram. Il habite dans une « maison » qui nous avait semblé être une étable pour les chèvres au début de notre mission. Pas de porte, le sol jonché de pailles, de suie et parfois d’eau quand la pluie passe sans soucis à travers son toit défoncé. Père de deux grands fils puis veuf, il s’est remarié avec une femme et a eu un nouveau fils. Sans modération, il nous a confié qu’elle ne remplissait pas ses tâches de bonne femme et qu’elle n’était qu’une mauvaise compagne. Souvent ivre lors de nos passages quotidiens à Aran, ses voisins nous ont confiés qu’il la battait régulièrement. Nous l’avons une fois retrouvé allongé, le corps gisant dans la mélasse boueuse du dehors, les lèvres blanchies par le houblon de la bière fatale qui l’avait couché. Le chiot léchait l’oreille de son maître endormi dans l’ivresse, autour des femmes assises sur le marchepied des maisons, indifférentes à ce spectacle pitoyablement répété par un mauvais artiste.
C’est le cas de notre cher ami Djali, habitant et ouvrier des champs comme les autres à Aran, grand frère et voisin de Bycram. Il habite dans une « maison » qui nous avait semblé être une étable pour les chèvres au début de notre mission. Pas de porte, le sol jonché de pailles, de suie et parfois d’eau quand la pluie passe sans soucis à travers son toit défoncé. Père de deux grands fils puis veuf, il s’est remarié avec une femme et a eu un nouveau fils. Sans modération, il nous a confié qu’elle ne remplissait pas ses tâches de bonne femme et qu’elle n’était qu’une mauvaise compagne. Souvent ivre lors de nos passages quotidiens à Aran, ses voisins nous ont confiés qu’il la battait régulièrement. Nous l’avons une fois retrouvé allongé, le corps gisant dans la mélasse boueuse du dehors, les lèvres blanchies par le houblon de la bière fatale qui l’avait couché. Le chiot léchait l’oreille de son maître endormi dans l’ivresse, autour des femmes assises sur le marchepied des maisons, indifférentes à ce spectacle pitoyablement répété par un mauvais artiste.
Djali est devenu notre fidèle ami lorsque celui s’est coupé l’intérieur du pied droit avec une tôle de toit. Une belle entaille, toute blanche de chair, luisait devant nos yeux, longue de six centimètres. Un aller-retour plus tard avec les fils de sutures et nous avons entrepris avec Baptiste à brule-pourpoint la couture à vif de huit points, dans la poussière, le sang, et les enfants tous contents de voir ce nouveau spectacle. Notre blessé hurlait de douleur, étouffant dans les bras de sa belle-sœur ses cris à chaque passage de l’hameçon qui tirait sans modération la peau bistre. L’entraînement sur les pieds de cochons avant le départ m’a donc bien servi et poussé un cran plus haut notre niveau de raider secouriste.
Nous avons pu rencontrer le groupe des sœurs de Katmandou chargées de l’hôpital mobile qu’elles amènent chaque année à Tipling pendant quelques jours. Trois jours de marche avec Baptiste ont été nécessaire pour ramener les sœurs et les médicaments de Doundouré. C’est pendant la distribution sur la place du village que nous avons croisé Dali titubant, parti dix jours dans les montagnes sans crier gare. Et voilà qu’en plus des effets de l’alcool qu’il suinte, son pied rouge et doublé en volume le faisait terriblement boiter. Les sœurs ne prirent pas le temps de s’attarder soigneusement sur son cas, pressées par la pause déjeuner qui les attendait. Voilà le plus fragile et petit d’entre nous, avec ses airs d’homme dur, les larmes aux yeux, ne comprenant pas les enjeux de ce qui lui arrivait. Nous l’avons raccompagné pour nettoyer son pied complètement infecté, puant la gangrène et la saleté de la marche. Tous les soirs, nous nous sommes relayés avec Baptiste pour donner les antibiotiques et les soins nécessaires pour sauver son membre de l’amputation. Pendant dix jours, nous avons pu créer un lien d’amitié fort avec ce pauvre homme qui nous considérait comme des Dieux, les blancs savants que nous sommes pour eux.
Très vite, le village et ses habitants nous ont demandés eux aussi des soins et des médicaments. Nous les renvoyions à chaque fois vers le père Arul, le « médecin jésuite », aidé par les sœurs qui lui envoient chaque mois un stock de remèdes. Le père par expérience ne leur donne jamais en quantité, se rappelant avec peine le souvenir de cet enfant mort, après avoir avalé toute une tablette de vitamines, croyant bien faire.
Nous avons pu rencontrer le groupe des sœurs de Katmandou chargées de l’hôpital mobile qu’elles amènent chaque année à Tipling pendant quelques jours. Trois jours de marche avec Baptiste ont été nécessaire pour ramener les sœurs et les médicaments de Doundouré. C’est pendant la distribution sur la place du village que nous avons croisé Dali titubant, parti dix jours dans les montagnes sans crier gare. Et voilà qu’en plus des effets de l’alcool qu’il suinte, son pied rouge et doublé en volume le faisait terriblement boiter. Les sœurs ne prirent pas le temps de s’attarder soigneusement sur son cas, pressées par la pause déjeuner qui les attendait. Voilà le plus fragile et petit d’entre nous, avec ses airs d’homme dur, les larmes aux yeux, ne comprenant pas les enjeux de ce qui lui arrivait. Nous l’avons raccompagné pour nettoyer son pied complètement infecté, puant la gangrène et la saleté de la marche. Tous les soirs, nous nous sommes relayés avec Baptiste pour donner les antibiotiques et les soins nécessaires pour sauver son membre de l’amputation. Pendant dix jours, nous avons pu créer un lien d’amitié fort avec ce pauvre homme qui nous considérait comme des Dieux, les blancs savants que nous sommes pour eux.
Très vite, le village et ses habitants nous ont demandés eux aussi des soins et des médicaments. Nous les renvoyions à chaque fois vers le père Arul, le « médecin jésuite », aidé par les sœurs qui lui envoient chaque mois un stock de remèdes. Le père par expérience ne leur donne jamais en quantité, se rappelant avec peine le souvenir de cet enfant mort, après avoir avalé toute une tablette de vitamines, croyant bien faire.
Bikram et sa famille
(De haut en bas, gauche à droite)
Ses deux vaches, son fils David, un poule qu'il a tué pour nous, sa maison et celles de ses deux frères et une vue du village d'Aran.
Ses deux vaches, son fils David, un poule qu'il a tué pour nous, sa maison et celles de ses deux frères et une vue du village d'Aran.
Le buffle
Une fois par an les 22 familles du village d'Aran se réunissent pour acheter un buffle (par ce qu'une vache on n'a pas le droit) ! Toute une journée il leur faut, aux hommes du village, pour abattre, puis couper et enfin répartir la bête et sa chair ! C'était une belle expérience !
Le lendemain soir, on est invité chez Bikram pour déguster quelques morceaux ! Ce fut une des trois fois où nous avons mangé de la viande en 35 jours. Bien que nous n'ayons pas eu beaucoup des meilleurs morceaux - qu'ils ont bien fait de garder pour eux - ça nous a fait un bien fou ! En échange, Baptiste et Gus avait préparer une pâte dans l'objectif de faire des crêpes. Pas très satisfaits du résultats mais c'était tout de même mangeable ;) (quand on a faim on réfléchit pas trop, on mange !)
Le lendemain soir, on est invité chez Bikram pour déguster quelques morceaux ! Ce fut une des trois fois où nous avons mangé de la viande en 35 jours. Bien que nous n'ayons pas eu beaucoup des meilleurs morceaux - qu'ils ont bien fait de garder pour eux - ça nous a fait un bien fou ! En échange, Baptiste et Gus avait préparer une pâte dans l'objectif de faire des crêpes. Pas très satisfaits du résultats mais c'était tout de même mangeable ;) (quand on a faim on réfléchit pas trop, on mange !)
Autre chantier, à Tipling cette fois-ci !
Lorsque les soeurs infirmières sont venues quelques jours à Tipling, nous avons passé la semaine dans une famille adorable qui nous a accueilli nourri blanchi (cf photo ci-dessous). Nous avons donc eu la chance de passer des joyeux moments dans l'intimité de cette famille catholique Tamang. En échange de cette accueil, nous aidions le père de famille sur différents chantiers qu'ils menaient dans le village. C'était pour nous la première fois qu'on passait une semaine dans une même famille. Ça nous a sorti de nos habitudes et donné l'occasion de connaître plus en profondeur les enfants qui composent cette famille : Té, l'ainé, Isaac, le second, et Konchi, la petite dernière. De sacrés petits bonhommes !
Isaac (sur les épaules de Gus), Té, sa petite soeur Konchi et leur mère Dan Maya !
Malheureusement on a loupé le père pour la photo mais ils ont bien un père !
Malheureusement on a loupé le père pour la photo mais ils ont bien un père !
La nouvelle croix (Baptiste)
Il y a un an lorsque je suis venu à Tipling, avec des amis d’Albert le Grand, une immense croix en bois élevait sur les villages aux alentours, de Sertong à la pass de Pang-Sang, la blancheur immaculée de la pudeur de l’Amour, espoir d’une vie paisible, espérance de l’haut delà. Dans les douleurs intimes des foyers, de l’alcoolisme, du manque de nourriture et de médicaments, de l’extrême pauvreté, dans les souffrances quotidiennes du travail de la terre, dans les marches forcées qui transforment les pieds en sabot, qui voutent les jambes, qui craquent la peaux et tassent les corps qui cherchent à s’élever, dans les pleurs des mères veuves, dans la mort familière, et dans tous ces moments où l’homme porte le fardeau de son humanité, il y avait cette croix, amicale, apaisante, qui troublait par la puissance de sa simplicité, qui réchauffait les cœurs meurtris.
Une tempête, des vents violents, des éclairs dans la nuit, le fracas des climats extrêmes, la noirceur de l’altitude mêlée aux neiges éternelles, la pluie, l’érosion, la croix s’est fendue en deux, l’espoir tombait. Les hommes ont besoin de symbole, l’histoire enseigne cet axiome.
Les pères jésuites ont tout juste le temps de réagir, que déjà, des fonds sont amassés à l’étranger pour élever une nouvelle croix.
La nouvelle est arrivée jusque dans la vallée, le Christ s’invite chez nous. Les hommes préparent la croix, pendant que les autres célèbrent son entrée dans le village, feuillage en main, clamant son passage dans les ruelles de Tipling, exhortant les uns et les autres à se joindre à la cohorte de fidèle et à abandonner quelques instants le repas à préparer, la maison à bâtir, le bois à couper, les pierres à tailler, l’eau à rapporter. Dans les montagnes de Tipling, le temps pour Dieu est un sacrifice, pas une promenade dominicale.
Un beau matin, une escorte est envoyée vers les hauteurs pour rapporter la nouvelle croix, qui sera de fer, pour résister aux perturbations apocalyptiques de l’Himalaya. Nous sommes de l’expédition. Une route jalonne les montagnes du Langtang (la valley voisine) à la vallée des ruby, écrasant les vallons pentus, aplanissant les hauteurs, recouvrant les lopins cultivables, saignant les cascades de roches. Une route pour acheminer les produits urbains, pour mieux desservir les pauvres montagnards, déchus par leur incapacité à suivre la modernité et le « progrès », pour rapatrier les fuyards, pour permettre l’essor économique.
Financés par les jésuites pour servir le peuple, la route est à double tranchant. Elle ouvre des perspectives de développement mais est aussi une voie aux conséquences incontrôlées et vicieuses de nos mondes occidentaux. Elle brise le facteur temps, nécessaire pour faire évoluer une civilisation vers une fin orientée, infinie.
Demain le monde technologique viendra corrompre les cœurs fragiles de ces hommes poussiéreux, qui verront dans ces richesses modernes des possibilités inouïes, délaissant l’essentiel qu’ils ne peuvent définir consciemment, mais qui pourtant habite leur identité.
Demain, les coupoles de télévisions parsèmeront les toits des maisons où gitent des drapeaux bigarrés, prières aux dieux, chants de gloire au divin, cris de détresse au Créateur. Les âmes, temple de l’esprit, éblouies d’une lumière luminescente, envoutante, agressive, excitante, seront prisonnières des milliers de pixels, armé redoutable pour le Dieu qui cherche à investir les lieux de notre intérieur.
Nous aimerions témoigner, prévenir de l’ennemi qui rode, du vilain qui s’immisce partout, revêtant souvent les habits de la nouveauté et de l’impressionnisme. Comment dire à ces hommes en survit permanente, les conséquences néfastes d’une ère qu’ils ne connaissent pas encore, sensibilisation qui émerge seulement dans nos sociétés.
L’urgence d’une nouvelle croix pour ce peuple assaillit nous donne des forces pour combattre la marche couteuse.
Nous voilà en lisière de forêt à quelques heures de la passe de Pang-Sang que nous gravirons plus tard, pris dans une tempête de neige, à 4100m d’altitude…!
La croix est divisée en plusieurs plaques. Les deux plus gros morceaux pèsent 150 kg chacun. Il faut maintenant les acheminer vers le village. Nous accrochons au bout de la poutre de fer, un chapelet en corde égrainée de nœuds solides, pour y cramponner nos mains et haler avec puissance et courage la potence du crucifié. Chaque pulsion est une prière, une offrande pour ceux qui souffrent.
La corde longe le haut des omoplates et se coince sur l’épaule, la paume de la main se referme sur les filaments noirs qui serpentent sur eux même et s’enroulent autour de nous.
Le corps se crispe tout entier, la jambe intérieure étant sa longévité et bloque son pied comme pour le début d’une course. La cuisse extérieure s’affaisse jusqu’au talon, le bassin s’articule vers le large en même temps que la tête, fière et droite. Les épaules se contractent, les biceps grandissent, les doigts blanchissent d’une force active et pure et le regard se pointe vers le lointain, agressif, le front légèrement baissé.
Soudain, comme si l’alarme avait été donnée de l’intérieur, un son de combat retentit dans les airs et s’échappe long et grave aux mouvements des lèvres desséchées qui évacuent violemment quelques postillons invisibles, goutte d’une douce rage d’amour. Le chemin de croix est sonné, la tête s’articule agitée, pour donner l’impulsion du départ, quelques cheveux tombent ébouriffés sur nos regards perçants.
Le métal râpe la terre caillouteuse et tinte criarde un ahan continue, triste et douloureux.
Nous nous tortillons au bout de ces lassos, le corps oblique comme si nous plongions dans le cratère de la vallée, exhibant nos canines bestiales, qui salivent tout l’énergie de la volonté et du corps.
Nous caracolons dans les descentes entrainant avec nous la potence de fer qui se coince le plus souvent au cœur de la course effrénée avec la pente rocheuse, stoppant brutalement nos corps, tendus vers les abîmes de la vallée. Le choc est d’une violence sans nom, fracasse nos membres sur ceux du voisin, brûle nos mains, cabre nos échines et effraye nos regards qui se croisent en silence. Devant certains trous trop profonds, nous laissons la lourde planche glisser le long de la paroi abrupte et s’effondrer plus bas, sous les rires fous des Tamangs qui accompagnent le chuintement irrégulier du fer ripé sur la roche, qui fulmine les pierres.
Une vingtaine d’homme a été réquisitionné pour ce dur travail. Les femmes portent le ciment à l’aide d’un licol humain qu’elles installent sur le paquet avant de se le lacérer au front. Elles trottinent ainsi, le front baissé, les deux mains sur la corde tendue, pour soupeser le poids à l’échine…
Les hommes se taisent, avancent silencieusement, toujours plus prompt à l’effort, galopant dans les descentes, le geste preste, les muscles presque faméliques mais vifs et endurants. Leur courage nous impressionne. Cette glorieuse faculté à prendre la place la plus difficile, à aider spontanément leur voisin, amis, sans n’exhiber aucuns enthousiasme spécieux, dans le silence pur du don gratuit.
Des haltes sont planifiées pour reposer les cœurs valeureux qui s’échinent dans l’effort. Nous nous étiolons à drainer cette immense et lourde poutre en fer.
Les Tamangs ne semblent pas aussi anémiques que nous et nous aident par l’émulation de leur discrétion et de leur pudeur, à ne pas exhiber notre fatigue.
Je m’émerveille de ces volontaires, fidèle chrétiens, qui laissent de côté les urgences routinières de la survit, courant sur les sentiers escarpés vers l’usure accéléré de leurs corps. Pourtant, au-delà de la fatigue, des marches violentes et longues, des membres engourdis, des consciences exsangues, des corps presque faméliques, des jérémiades étouffés par le silence des cœurs d’homme, au-delà de la souffrance et de la blessure, il y a ce cris de détresse vers le Créateur, cette plainte amoureuse des hommes pétris par la matière transcendante, ce chant glorieux vers celui qui console, qui apaise, qui donne l’espérance et le pardon. Ces hommes et femmes contemplant l’horizon qui s’étend jusqu’au Ganesh-Imal, « le cœur gros de rancune et de désirs amer » partagent sur les pierres, le quotidien et les récits du travail de la terre.
Que j’aime regarder ces visages ridés, où serpentent dans les rigoles de la peau, la marque du vent, du soleil, de la poussière et de l’effort, à la lumière du temps. On pourrait presque croire que ces traits revêtent une utilité. Elles sont les canaux pour écouler le liquide insaisissable de l’effort. Ce serait ainsi aux nombres de ride que l’on reconnaitrait les plus grands travailleurs.
Il y a dans ses chemins serpentés, la marque de l’humanité qui oscille face au créateur. Je vois dans ses fractales humaines, l’absolu révélé, les mêmes marques du Christ flagellé.
Une tempête, des vents violents, des éclairs dans la nuit, le fracas des climats extrêmes, la noirceur de l’altitude mêlée aux neiges éternelles, la pluie, l’érosion, la croix s’est fendue en deux, l’espoir tombait. Les hommes ont besoin de symbole, l’histoire enseigne cet axiome.
Les pères jésuites ont tout juste le temps de réagir, que déjà, des fonds sont amassés à l’étranger pour élever une nouvelle croix.
La nouvelle est arrivée jusque dans la vallée, le Christ s’invite chez nous. Les hommes préparent la croix, pendant que les autres célèbrent son entrée dans le village, feuillage en main, clamant son passage dans les ruelles de Tipling, exhortant les uns et les autres à se joindre à la cohorte de fidèle et à abandonner quelques instants le repas à préparer, la maison à bâtir, le bois à couper, les pierres à tailler, l’eau à rapporter. Dans les montagnes de Tipling, le temps pour Dieu est un sacrifice, pas une promenade dominicale.
Un beau matin, une escorte est envoyée vers les hauteurs pour rapporter la nouvelle croix, qui sera de fer, pour résister aux perturbations apocalyptiques de l’Himalaya. Nous sommes de l’expédition. Une route jalonne les montagnes du Langtang (la valley voisine) à la vallée des ruby, écrasant les vallons pentus, aplanissant les hauteurs, recouvrant les lopins cultivables, saignant les cascades de roches. Une route pour acheminer les produits urbains, pour mieux desservir les pauvres montagnards, déchus par leur incapacité à suivre la modernité et le « progrès », pour rapatrier les fuyards, pour permettre l’essor économique.
Financés par les jésuites pour servir le peuple, la route est à double tranchant. Elle ouvre des perspectives de développement mais est aussi une voie aux conséquences incontrôlées et vicieuses de nos mondes occidentaux. Elle brise le facteur temps, nécessaire pour faire évoluer une civilisation vers une fin orientée, infinie.
Demain le monde technologique viendra corrompre les cœurs fragiles de ces hommes poussiéreux, qui verront dans ces richesses modernes des possibilités inouïes, délaissant l’essentiel qu’ils ne peuvent définir consciemment, mais qui pourtant habite leur identité.
Demain, les coupoles de télévisions parsèmeront les toits des maisons où gitent des drapeaux bigarrés, prières aux dieux, chants de gloire au divin, cris de détresse au Créateur. Les âmes, temple de l’esprit, éblouies d’une lumière luminescente, envoutante, agressive, excitante, seront prisonnières des milliers de pixels, armé redoutable pour le Dieu qui cherche à investir les lieux de notre intérieur.
Nous aimerions témoigner, prévenir de l’ennemi qui rode, du vilain qui s’immisce partout, revêtant souvent les habits de la nouveauté et de l’impressionnisme. Comment dire à ces hommes en survit permanente, les conséquences néfastes d’une ère qu’ils ne connaissent pas encore, sensibilisation qui émerge seulement dans nos sociétés.
L’urgence d’une nouvelle croix pour ce peuple assaillit nous donne des forces pour combattre la marche couteuse.
Nous voilà en lisière de forêt à quelques heures de la passe de Pang-Sang que nous gravirons plus tard, pris dans une tempête de neige, à 4100m d’altitude…!
La croix est divisée en plusieurs plaques. Les deux plus gros morceaux pèsent 150 kg chacun. Il faut maintenant les acheminer vers le village. Nous accrochons au bout de la poutre de fer, un chapelet en corde égrainée de nœuds solides, pour y cramponner nos mains et haler avec puissance et courage la potence du crucifié. Chaque pulsion est une prière, une offrande pour ceux qui souffrent.
La corde longe le haut des omoplates et se coince sur l’épaule, la paume de la main se referme sur les filaments noirs qui serpentent sur eux même et s’enroulent autour de nous.
Le corps se crispe tout entier, la jambe intérieure étant sa longévité et bloque son pied comme pour le début d’une course. La cuisse extérieure s’affaisse jusqu’au talon, le bassin s’articule vers le large en même temps que la tête, fière et droite. Les épaules se contractent, les biceps grandissent, les doigts blanchissent d’une force active et pure et le regard se pointe vers le lointain, agressif, le front légèrement baissé.
Soudain, comme si l’alarme avait été donnée de l’intérieur, un son de combat retentit dans les airs et s’échappe long et grave aux mouvements des lèvres desséchées qui évacuent violemment quelques postillons invisibles, goutte d’une douce rage d’amour. Le chemin de croix est sonné, la tête s’articule agitée, pour donner l’impulsion du départ, quelques cheveux tombent ébouriffés sur nos regards perçants.
Le métal râpe la terre caillouteuse et tinte criarde un ahan continue, triste et douloureux.
Nous nous tortillons au bout de ces lassos, le corps oblique comme si nous plongions dans le cratère de la vallée, exhibant nos canines bestiales, qui salivent tout l’énergie de la volonté et du corps.
Nous caracolons dans les descentes entrainant avec nous la potence de fer qui se coince le plus souvent au cœur de la course effrénée avec la pente rocheuse, stoppant brutalement nos corps, tendus vers les abîmes de la vallée. Le choc est d’une violence sans nom, fracasse nos membres sur ceux du voisin, brûle nos mains, cabre nos échines et effraye nos regards qui se croisent en silence. Devant certains trous trop profonds, nous laissons la lourde planche glisser le long de la paroi abrupte et s’effondrer plus bas, sous les rires fous des Tamangs qui accompagnent le chuintement irrégulier du fer ripé sur la roche, qui fulmine les pierres.
Une vingtaine d’homme a été réquisitionné pour ce dur travail. Les femmes portent le ciment à l’aide d’un licol humain qu’elles installent sur le paquet avant de se le lacérer au front. Elles trottinent ainsi, le front baissé, les deux mains sur la corde tendue, pour soupeser le poids à l’échine…
Les hommes se taisent, avancent silencieusement, toujours plus prompt à l’effort, galopant dans les descentes, le geste preste, les muscles presque faméliques mais vifs et endurants. Leur courage nous impressionne. Cette glorieuse faculté à prendre la place la plus difficile, à aider spontanément leur voisin, amis, sans n’exhiber aucuns enthousiasme spécieux, dans le silence pur du don gratuit.
Des haltes sont planifiées pour reposer les cœurs valeureux qui s’échinent dans l’effort. Nous nous étiolons à drainer cette immense et lourde poutre en fer.
Les Tamangs ne semblent pas aussi anémiques que nous et nous aident par l’émulation de leur discrétion et de leur pudeur, à ne pas exhiber notre fatigue.
Je m’émerveille de ces volontaires, fidèle chrétiens, qui laissent de côté les urgences routinières de la survit, courant sur les sentiers escarpés vers l’usure accéléré de leurs corps. Pourtant, au-delà de la fatigue, des marches violentes et longues, des membres engourdis, des consciences exsangues, des corps presque faméliques, des jérémiades étouffés par le silence des cœurs d’homme, au-delà de la souffrance et de la blessure, il y a ce cris de détresse vers le Créateur, cette plainte amoureuse des hommes pétris par la matière transcendante, ce chant glorieux vers celui qui console, qui apaise, qui donne l’espérance et le pardon. Ces hommes et femmes contemplant l’horizon qui s’étend jusqu’au Ganesh-Imal, « le cœur gros de rancune et de désirs amer » partagent sur les pierres, le quotidien et les récits du travail de la terre.
Que j’aime regarder ces visages ridés, où serpentent dans les rigoles de la peau, la marque du vent, du soleil, de la poussière et de l’effort, à la lumière du temps. On pourrait presque croire que ces traits revêtent une utilité. Elles sont les canaux pour écouler le liquide insaisissable de l’effort. Ce serait ainsi aux nombres de ride que l’on reconnaitrait les plus grands travailleurs.
Il y a dans ses chemins serpentés, la marque de l’humanité qui oscille face au créateur. Je vois dans ses fractales humaines, l’absolu révélé, les mêmes marques du Christ flagellé.
TRIDIUM PASCAL
Vendredi Saint
Vigile Pascale
Dimanche de Pâques : Il est ressuscité !!! Alléluia !!!
Photo avec une grande partie de la paroisse après la messe du dimanche de Pâques. Moins nombreux que la veille, mais la vigile Pascale s'est terminée très tard et d'habitude on se couche tôt ici ! Beaucoup d'enfants comme vous pouvez le voir ! Le futur de la mission ici ! C'est plein d'espérance !
On peut apercevoir derrière les hauts sommets Himalayen. Malheureusement les nuages cachent les plus beaux sommets.
On peut apercevoir derrière les hauts sommets Himalayen. Malheureusement les nuages cachent les plus beaux sommets.
Augustin, le père Ayar (qui sourit très rarement sur les photos), Niels, le père Aroul, Baptiste et Dan Maya !
Le dimanche de Pâques après la messe, à l'issue de laquelle nous avions (encore) reçu des châles d'Adieu et de remerciement.
Le dimanche de Pâques après la messe, à l'issue de laquelle nous avions (encore) reçu des châles d'Adieu et de remerciement.
David, dans les bras de Baptiste, Sumaya (la femme de Sourate), Djali, Augustin, Bikram, Niels et Pulmaya ! Adieu émouvant !
La famille de Siete, avec sa dernière fille Elisa dans les bras, devant sa deuxième fille, Urmila. À droite sa mère et enfin son seul fils, Suresh, et sa troisième fille Parvati. Sa fille ainée est à l'école dans une ville pas toute proche. Sa femme, qu'on n'a pas vu souvent, n'était pas là pour la photo non plus... Mais elle existe !
Journée Internationale de le femme !
Le cortège des élèves de l'école d'en haut est prêt à partir pour rejoindre l'école d'en bas ! Un des slogans clamé avec passion et ardeur par tous :
" Chara chori bara bor i" (garçons filles pareils pareilles traduit mot à mot, en gros égalité des sexes !)
" Chara chori bara bor i" (garçons filles pareils pareilles traduit mot à mot, en gros égalité des sexes !)
On nous a offert les meilleurs places pour assister aux danses et sketchs qui sont prévu pour l'après -midi. A gauche et à droite, Xavier et Aidan, deux australiens venus pour trois mois à Tipling pour donner des cours à l'école !
Après la danse, un peu de chant par les élèves de l'école de Tipling (classe 4 et 5) lors d'une cérémonie pour la journée internationale de la femme organisé par le père Aroul et les professeurs des deux écoles.
Un Carême pas comme les autres ! (Niels)
Nous avions toute les cartes en main pour vivre un Carême mémorable. Et en effet nous avons vécu une expérience incroyable et ce n’est pas demain la veille qu’on revivra un Carême aussi aride et profond que celui là ! Nous n’avons pas beaucoup de mérite ceci dit car nous avions pas tellement le choix. Tous ces sacrifices nous ont été « imposés » presque. Merci Seigneur pour ce coup de pousse ! Je défi (mais encourage aussi bien sûr) un jeune étudiant de 22 ans de faire le choix, pendant 5 semaines, de ne pas ouvrir Facebook, de ne pas prendre une bière (ou autre boissons alcoolisées), d’arrêter de fumer (s'il fume), de ne pas manger de viande et d’aller à la messe tous les jours. Personnellement, je sais que je n’en serai pas capable. C’est pourquoi on peut remercier le Seigneur pour cette chance qu’il nous a donné de vivre détaché de tout pendant ce temps de Carême. Et c’est vrai que sans attache on se retrouve beaucoup plus facilement face à l’Essentiel. C’est magique ! Les introspections et les réflexions intérieures se font plus profondes et plus nombreuses, les prières plus belles et les messes plus vivantes et nécessaires.
Je me rappelle d’un matin après trois semaines de séjour où nous n’avons pas eu la messe. On n’avait pas trop compris pourquoi on ne pourrait pas avoir la messe aujourd’hui. Ça nous a mis dans un état. On était presque énervé envers les pères. On avait tellement pris l’habitude de ces belles messes matinales (7h) avec les enfants du village que le jour où on nous en privait était un jour qui commençait mal !
Je me rappelle d’un matin après trois semaines de séjour où nous n’avons pas eu la messe. On n’avait pas trop compris pourquoi on ne pourrait pas avoir la messe aujourd’hui. Ça nous a mis dans un état. On était presque énervé envers les pères. On avait tellement pris l’habitude de ces belles messes matinales (7h) avec les enfants du village que le jour où on nous en privait était un jour qui commençait mal !
Suresh, Peter, Té et Pulman (10 - 11 ans) en tenue traditionnelle, prêts à rentrer sur scène. Les 4 danseurs de l'école de Tipling qui nous on fait bien rire. On vous montrera ça un de ces quatre. Ça fait le détour !
Baptiste et Augustin sur le mont Passang, au lever du jour.