Chers lecteurs, amis, famille !
Nous profitons de cette 4ème Newsletter pour vous souhaiter une Heureuse Année 2018 !
Qu'elle soit pleine de rencontres, de challenges, de réussite (si possible) et d'Amour !
Désolé si le temps vous est paru long depuis la dernière newsletter.
On a préféré prendre notre temps et faire quelque chose de bien !
On vous laisse découvrir notre dernier mois d'aventures, de service et de rencontres !
A lire en une ou plusieurs fois (c'est assez long ;) )
Bonne lecture à tous !
Les 3 rois mages :P
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Les 3 rois mages :P
1ère Partie : d'Almaty à Oskemen, les derniers kilomètres au Kazakhstan (rédigé par Augustin)
Nous quittons le port d’attache où nos âmes endormies s’étaient lassées du chauffage, des écrans et du haut débit. Nous avons tout de même pu profiter d’un temps de repos avec la famille Fiet qui nous a admirablement et chaleureusement accueillie pour cette semaine administrative et réparatrice. Quel plaisir de retrouver une ambiance familiale et la langue française au milieu de notre chemin. Le confort moderne des maisons d’aujourd’hui a brisé tout lien avec la nature du dehors si proche et si vraie. Notre esprit a bien compris que la sécurité et la prudence sont mères de tous les maux pour un aventurier en quête d’aridité et de manques.
Finalement, nos corps s’épuisent plus vite dans un canapé ciré que sur des vieilles selles usées d’Ural. Nous sommes peut-être comme cette eau du fleuve puissante en action, poussée par son élan sauvage et déterminée. Brisés par les barrages des hommes qui régulent nos cours et rendent la masse d’eau stagnante, nous serons de ceux qui s’évaporent et osent entreprendre l’aventure de la Providence au delà des murs et des contraintes du monde humain.
Le départ de la ville d’Almaty se fit dans la hâte, l’énervement, le désordre et la crainte. Nous pensions être prêts à partir, après avoir dépensé une somme colossale au rétablissement de nos vieilles montures qui avaient trop toussé dans les Uplands. La solution d’utiliser de l’époxy pour notre pièce moteur n’était qu’un moyen de fuir le problème et de rassurer nos esprits angoissés du retard que nous avions pris et de l’argent déboursé pour ce luxueux garage. La cavalcade mécanique reprenait son cours et la folle jeunesse allait s’épuiser à rouler sur les 3000 kilomètres qui la séparait de la prochaine mission en Mongolie.
Finalement, nos corps s’épuisent plus vite dans un canapé ciré que sur des vieilles selles usées d’Ural. Nous sommes peut-être comme cette eau du fleuve puissante en action, poussée par son élan sauvage et déterminée. Brisés par les barrages des hommes qui régulent nos cours et rendent la masse d’eau stagnante, nous serons de ceux qui s’évaporent et osent entreprendre l’aventure de la Providence au delà des murs et des contraintes du monde humain.
Le départ de la ville d’Almaty se fit dans la hâte, l’énervement, le désordre et la crainte. Nous pensions être prêts à partir, après avoir dépensé une somme colossale au rétablissement de nos vieilles montures qui avaient trop toussé dans les Uplands. La solution d’utiliser de l’époxy pour notre pièce moteur n’était qu’un moyen de fuir le problème et de rassurer nos esprits angoissés du retard que nous avions pris et de l’argent déboursé pour ce luxueux garage. La cavalcade mécanique reprenait son cours et la folle jeunesse allait s’épuiser à rouler sur les 3000 kilomètres qui la séparait de la prochaine mission en Mongolie.
Notre visa de transit russe nous donnait 10 jours à compter du 28 novembre pour traverser la Sibérie et rejoindre en 400 kilomètres l’Ouest glacial des terres de Gengis Khan. Une semaine pour monter les 800 kilomètres d’Almaty à Oskemen à travers l’Est Kazakh. Un objectif simple, une route sans sable et sans contraintes, presque facile pour nos corps et nos cuirs trop habitués aux ornières défoncées et aux slaloms entre les saxauls. Comme le lièvre trop fier et trop confiant, nous décidons de partir dans la nuit et de faire un détour, direction le Sharyn Canyon, le deuxième plus grand du monde après le Grand Canyon de Californie. Direction Shilik, sur les derniers tronçons d’autoroutes encore en bon état. La clémence des routes kazakhes nous montrera ses limites par la suite.
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Nous troquons nos pantoufles pour des chaussures de marches neuves, encore vierges de contact avec les pédales de frein crasseuses des deux vielles motocyclettes russes. Lors de notre halte pour camper, elles goûteront comme nous, pour la première fois, à la sensation si satisfaisante de marcher dans la neige qui couvre la campagne d’Esik. Le passage brutal du dedans au dehors est radical. Nos deux poulets, offerts sur la route, rôtissent autour d’une branche à moitié taillée, ce qui laisse le lichen parfumer la viande blanche. Nous désossons les bêtes à coup de crocs et de mains. Le froid nous pousse vers le foyer central qui fait luire la graisse de nos barbes sales. Comme un capitaine qui pousse son matelot fautif au bout de la cale, la Nature sait remettre l’homme à sa place lorsqu’il réveille artificiellement sa nuit. Quelle renaissance ! Nos poils se crispent, nos doigts rougissent de froid, notre nez se délecte de l’odeur de la poule empalée et de nos cuirs qui respirent enfin l’air non conditionné. L’aventure reprend son cour. Nous réveillons la vielle terre endormie des steppes par le bruit et la chaleur de nos pots en fusion. Pour un motard, chaque levée est une récompense. C’est la vision d’une moto vibrante, évaporant la rosée presque gelée de ses cylindres qui fument l’aube et l’aurore du matin.
Nous partons rejoindre l’un des plus grands ouvrages de la Nature. La dizaine de kilomètres qui nous sépare du parc rappelle à nos suspensions les joies de la conduite sur piste. Les crans des pneus peinent à se mouler sur le relief instable et cabossé. Dans le panier, nos vertèbres, habituées au canapé depuis trop longtemps, jouent de force à l’accordéon et notre fessier frappe comme une cymbale le doux siège d’acier. Le canyon s’offre à nous 13 kilomètres plus loin. Après avoir payé des gardiens endormis à l’entrée, nous roulons jusqu’au bord du gouffre. Des centaines de milliers d’années d’érosion ont dû être nécessaires pour creuser cette tranchée géante. La Création sait nous témoigner de sa patience et de son humilité à modeler la beauté dans le temps. |
Après un long débat animé sur la possibilité de descendre ou non nos side-cars dans le canyon, nous décidons de rester raisonnables, sûrement l’erreur la plus regrettable en matière de route. Nous prenons place dans un abri pour touristes au pied de la petite falaise de 30 mètres. Nous purifions par un feu clandestin les lieux maudits par des centaines de selfies de vacanciers soumis au devoir de « l’expression sociale ». Quelques saxaouls et un banc en bois suffisent à prendre feu et à jaunir nos visages déjà rouges de colère, brusqués par une dispute nécessaire au bon rétablissement des choses entre nous.
Nous saluons la chaîne des Kepten Hotasy et le mont Dardamty qui culmine à 3410 mètres pour repartir vers la Singing Sand Dune, un dôme de sable chantant sur les bords d’un lac de pêcheur apparemment immanquable. Après avoir passé la ville de Köktal non loin de la frontière chinoise, le side vert commence à se fatiguer des routes perforées de « nids de chameaux ». Nous finissons la journée, Jehol tirant Déliate sur les dernières bornes qui nous séparent de Kalinino. Nous rencontrons un motard berger qui raccompagne une femme chez elle. Celle-ci nous invite dans la maison de son père, éleveur de plus de 200 moutons. Le çaï se sifflent entre hommes et les femmes attendent pour manger à notre suite. La tradition des mâles premiers servis a toujours fluctué selon les maisons et la religion musulmane plus ou moins ancrée dans les mœurs des familles.
Des semi loups veillent dehors, toujours fidèles au poste pour garder le bétail endormi. Les chiens occupent une part importante du décor que nous traversons. Depuis la Turquie, les canidés sont nos plus grands fans. Toujours près à courir derrière nous, à aboyer pour prévenir leurs congénères que des intrus arrivent. Combien de coups de pied et de Klaxon ont dû être nécessaires pour écarter de la route ou de nos mollets les mâchoires enragées des cabots errants. Le paradis de la fourrière, l’enfer de la SPA.
Des semi loups veillent dehors, toujours fidèles au poste pour garder le bétail endormi. Les chiens occupent une part importante du décor que nous traversons. Depuis la Turquie, les canidés sont nos plus grands fans. Toujours près à courir derrière nous, à aboyer pour prévenir leurs congénères que des intrus arrivent. Combien de coups de pied et de Klaxon ont dû être nécessaires pour écarter de la route ou de nos mollets les mâchoires enragées des cabots errants. Le paradis de la fourrière, l’enfer de la SPA.
Après une semaine de réparation passée sur nos motos, nous nous étions persuadés que nos motos seraient intouchables, que les moteurs bichonnés le resteraient et que les jours restants étaient suffisants pour atteindre la frontière. 10 mètres après le départ, Jehol s’étouffe, le souffle coupé par la tige du culbuteur fragilisée qui vient de céder et l’empêche d’évacuer les gaz brûlés. Fatigue et désespoir viennent s’immiscer dans ce spectacle grossier où la honte d’avoir payé 400 euros pour une réparation vaine nous fait bouillir, où la casse au milieu d’un village cerné entre les montagnes nous fait pâlir, où la nécessité de rouler encordés sur les routes gelées des montagnes nous fait trembler.
Finalement, nos prières quotidiennes portent leurs fruits et une nouvelle fois nos Saints Patrons bénissent notre route en envoyant un père de famille et son fils sur notre chemin. Celui-ci prétend connaître un « Master Ural » dans le village. Augustin au volant, nous tractons le tas de ferraille à travers une route ponctuée de flaques plus ou moins profondes. Confiant de l’épaisseur de la glace, il se lance à l’assaut d’une mare blanchie par le gel. Nos lourdes mémères d’acier pèsent trop et voilà que la plaque se casse et laisse nos side-cars prendre un bain dangereux dans 30 cm d’eau. C’est à coup d’accélérateur et d’huile de coude que nous sortons les bécanes trempées heureusement sans plus de dégâts.
Nous faisons halte au pied d’un immense marécage parsemé de maisons. Nous attendons le père de famille revenir avec son ami russe, titubant, encore ivre de son petit déjeuner à la vodka. Vitali, l’alcoolique en question, commence à examiner la machine malade, risquant à chaque manip' de tomber à la renverse. Le cerveau lent, les lèvres vacillantes, les yeux livides ; le rustre russe patine dans les marécages à tenter de sauver Jehol. Finalement, poussés par la Providence, nous l’accompagnons chez lui. Nous tombons après quelques enjambées au dessus des mares de vases, en plein milieu d’un cimetière d’Ural. Des paniers, une vielle Lada soviétique transformée en coffre pour les pièces détachées. Une véritable île au trésor où les pirates sont tout de même plus sympathiques. Micha et Baris, deux voisins, pêcheurs de 16 et 25 ans, nous rejoignent pour dépecer la moto. Nous fabriquons une nouvelle pièce en fusionnant l’ancienne avec celle d’un camion Uaz. L’incroyable magie russe s’opère devant nous à coup de moelleuse et de marteau. Les injures en russe volent autant que les étincelles dans le cabanon abandonné de Vitali mais s’ordonnent assez pour faire avancer la réparation. La pièce est remontée et nous voilà prêts à partir. Nos anges gardiens nous invitent à boire et à manger avant notre départ pressant. Les soupapes s’excitent et nous offrent leur meilleur rythme pour nous accompagner dans le dédale des routes gelées du massif, premier signe de l’hiver. « Winter is coming ». |
Le lendemain soir, poussé par l’envie d’en finir avec les routes explosées de trous, de fossés et de bosses, nous quittons la station service d’Usharal pour rouler de nuit. Le mal nous a pris de ne pas regarder la carte avant car nous voilà enfoncés à nouveau dans les steppes, perdus en pleine nuit à la recherche d’une lueur d’un foyer. L’obscurité de la nuit et le froid nous fatiguent à mort. Déjà une heure que nous roulons et rien ne brille pour nous annoncer les prémisses d’un toit et d’un chai chaud.
C’est dans ces moments d’adversité, remplis de doute et de crainte que les hommes commencent à réciter leur chapelet. Quand les prières à la Vierge Marie fusaient des motos jusqu’au ciel, ce n’était pas pour espérer le confort, la chaleur ou la fin du trajet. Nos doigts égrenaient le chapelet pour se rappeler que le Christ a toujours été fidèle à Dieu jusqu’au bout des pires souffrances. Et c’est peut-être dans ces épreuves que notre foi était la plus profonde et la plus loyale. Les paroles de la prière des parachutistes français résumaient bien nos intentions : « Je ne veux ni repos, ni même la santé, tout ça, mon Dieu, t'est assez demandé, mais donne-moi, mais donne-moi la Foi, donne-moi force et courage, mais donne-moi la Foi ».
C’est finalement quelques dizaines de « Je vous salue Marie » plus tard que le Seigneur mettra sur notre route une ferme tenue par des paysans tchétchènes qui nous accueilleront à bras ouvert.
C’est dans ces moments d’adversité, remplis de doute et de crainte que les hommes commencent à réciter leur chapelet. Quand les prières à la Vierge Marie fusaient des motos jusqu’au ciel, ce n’était pas pour espérer le confort, la chaleur ou la fin du trajet. Nos doigts égrenaient le chapelet pour se rappeler que le Christ a toujours été fidèle à Dieu jusqu’au bout des pires souffrances. Et c’est peut-être dans ces épreuves que notre foi était la plus profonde et la plus loyale. Les paroles de la prière des parachutistes français résumaient bien nos intentions : « Je ne veux ni repos, ni même la santé, tout ça, mon Dieu, t'est assez demandé, mais donne-moi, mais donne-moi la Foi, donne-moi force et courage, mais donne-moi la Foi ».
C’est finalement quelques dizaines de « Je vous salue Marie » plus tard que le Seigneur mettra sur notre route une ferme tenue par des paysans tchétchènes qui nous accueilleront à bras ouvert.
Un réveil par une horde de dindons, des réparations sur le porte bagage au fil de fer et nous voilà parés pour la route, direction Aïagouz pour un chemin de croix mécanique mémorable. Quelques centaines de mètres plus loin, la roue du side de Déliate éclate. Chance ou malheur ? Ce n’est que la première depuis 8 000 kilomètres. Après avoir sollicité le cric d’un camionneur et pas mal d’effort, la moto est sur ses trois appuis. Trois tours de roues plus loin, le garde-boue de Déliat s’affaisse sur la roue arrière. Une soudure cassée et une bonne odeur de pneu brûlé par le frottement nous récompense de notre précédente réparation. Viens ensuite le tour des dents de la roue arrière du même side-car puis les roulements de la roue avant de Jehol. Une journée de mécanique pour 500 mètres parcourus. La Russie paraît maintenant inatteignable.
Nous sommes une nouvelle fois poussés dans nos retranchements, maudits par la route, balayés par le vent glacial, crassés par la poussière et l’huile moteur. Toutes nos envies, notre volonté d’avancer, le rythme désiré : tout est vain. L’insatisfaction réveille en nous des petits démons cachés. Ce qu’un marin en pleine tempête ou un soldat monté au front ressent. La colère, la peur, le doute, l’orgueil, la volonté de violence. Quelques marteaux et tourne vis ont quelque fois volé dans les steppes, les pensées d’un bon uppercut contre la joue de son voisin ont parfois été pensées mais c’est toujours en se laissant totalement abandonné à la volonté de Dieu que nous avons le plus appris, le plus reçu des autres sur la route, ces anges incarnés, qui nous tiraient du fossé profond de l’ennui et de la solitude.
Car là est peut-être la raison de la présence de Dieu. Il ne vient pas nous sauver du péché, de nos crimes ou de l’enfer. Ce Père si aimant vient nous délivrer de notre solitude. Cette impression intérieure de ne pas se savoir aimé. On ne comble pas ce vide finalement transcendant et spirituel par une recherche d’un cocon amical ou familial. Ce ne sera jamais la seule présence des autres autour de soi qui soulagera notre être perdu. L’absolu demeure dans la recherche. La vie est une expédition et ce voyage en est un microcosme. Un chrétien est un chercheur, un aventurier de Dieu et cette Longue Piste est un moyen peut-être plus stimulant que notre quotidien d’avant, de creuser et construire cette relation intime avec Lui.
C’est en faite une véritable armée d’anges et de héros qui ont déferlé sur notre route.
Nous sommes une nouvelle fois poussés dans nos retranchements, maudits par la route, balayés par le vent glacial, crassés par la poussière et l’huile moteur. Toutes nos envies, notre volonté d’avancer, le rythme désiré : tout est vain. L’insatisfaction réveille en nous des petits démons cachés. Ce qu’un marin en pleine tempête ou un soldat monté au front ressent. La colère, la peur, le doute, l’orgueil, la volonté de violence. Quelques marteaux et tourne vis ont quelque fois volé dans les steppes, les pensées d’un bon uppercut contre la joue de son voisin ont parfois été pensées mais c’est toujours en se laissant totalement abandonné à la volonté de Dieu que nous avons le plus appris, le plus reçu des autres sur la route, ces anges incarnés, qui nous tiraient du fossé profond de l’ennui et de la solitude.
Car là est peut-être la raison de la présence de Dieu. Il ne vient pas nous sauver du péché, de nos crimes ou de l’enfer. Ce Père si aimant vient nous délivrer de notre solitude. Cette impression intérieure de ne pas se savoir aimé. On ne comble pas ce vide finalement transcendant et spirituel par une recherche d’un cocon amical ou familial. Ce ne sera jamais la seule présence des autres autour de soi qui soulagera notre être perdu. L’absolu demeure dans la recherche. La vie est une expédition et ce voyage en est un microcosme. Un chrétien est un chercheur, un aventurier de Dieu et cette Longue Piste est un moyen peut-être plus stimulant que notre quotidien d’avant, de creuser et construire cette relation intime avec Lui.
C’est en faite une véritable armée d’anges et de héros qui ont déferlé sur notre route.
Entamak (ci-dessus), chasseur et fermier de plus de 400 vaches, qui nous offrit la chaleur de son foyer et de son coeur généreux, un accueil digne d’un homme riche mais simple, bercé par les prières de son père souffrant.
Malick (ci-dessous), un paysan ouzbek, éleveur de 500 chevaux, chez qui nous trouvâmes 3 vieilles roues d’Ural dans une brouette rouillée laissé à l’abandon, comme si son état justifié un tel traitement. Serons-nous plus tard, nous aussi mis de côté dans une décharge d’objet rouillés, pour avoir eu les traits trop ridés et la peine de marcher sans canne ?
Malick (ci-dessous), un paysan ouzbek, éleveur de 500 chevaux, chez qui nous trouvâmes 3 vieilles roues d’Ural dans une brouette rouillée laissé à l’abandon, comme si son état justifié un tel traitement. Serons-nous plus tard, nous aussi mis de côté dans une décharge d’objet rouillés, pour avoir eu les traits trop ridés et la peine de marcher sans canne ?
Notre arrivée à Oskemen fut sans doute l’un des moments de route des plus ridicules et des plus humiliants. Malgré nos gants derniers cri en Gore-tex, nos pantalons de moto lourds de protections contre le froid et le vent, nous avons goûté de nouveau à un chemin de croix d’une violence inouïe pour nos corps d’occidentaux. Cette fois-ci, la mécanique du corps subissait, attaquée de toutes parts par les morsures du gel qui se jouait de nos équipements futiles. La montée vers la Sibérie, la descente aux enfers vers l’hiver si beau mais si violent. Baptiste perdu en 2 heures de routes toute sensation au nez et Niels au pouce de son pied droit. La nécrose, cet atroce ami du vent glacial qui rongea de force un à un les membres des soldats napoléoniens en 1812. Encore loin de perdre un nez ou un pied, mais l’expérience nous obligea à prendre des mesures forcées pour lutter par la suite contre ce mal.
C’est au détour d’une halte réchauffante dans un restaurant d’Oskemen, que nous fîmes la rencontre de Sergei, jeune travailleur dans une mine d’or. Quelques rires et verres de chai plus tard, nous étions invités à l’hôtel et conviés à une soirée Karaoké afin d’épater nos nouveaux amis d’origine russe avec les chants du formidable Stromae.
Ces 7 jours de voyage nous remirent sévèrement et rapidement au goût de l’Aventure. Cette humble abnégation de ressentir et de subir la volonté de la Nature, agrippés sur le dos de nos charrettes mécaniques, à manger des flocons de neige en conduisant et se noyer les mains dans la noirceur huileuse de nos moteurs paralysés.
C’était une sorte de retraite qui annonçait le ton de la suite de la route dans la Taïga russe. Une semaine ascétique parmi cette Longue Piste, cette longue retraite qui nous entraine à remettre sans cesse en question notre cadre de vie, nos libertés, nos engagements et responsabilités futures. De plus en plus abandonnés, de plus en plus détachés, nous cheminons vers nos recherches d’éternité et de paix, réelle quête de ce voyage qui précède nos vies futures d’hommes debout.
Ces 7 jours de voyage nous remirent sévèrement et rapidement au goût de l’Aventure. Cette humble abnégation de ressentir et de subir la volonté de la Nature, agrippés sur le dos de nos charrettes mécaniques, à manger des flocons de neige en conduisant et se noyer les mains dans la noirceur huileuse de nos moteurs paralysés.
C’était une sorte de retraite qui annonçait le ton de la suite de la route dans la Taïga russe. Une semaine ascétique parmi cette Longue Piste, cette longue retraite qui nous entraine à remettre sans cesse en question notre cadre de vie, nos libertés, nos engagements et responsabilités futures. De plus en plus abandonnés, de plus en plus détachés, nous cheminons vers nos recherches d’éternité et de paix, réelle quête de ce voyage qui précède nos vies futures d’hommes debout.
2ème Partie : L' Altaï et la Sibérie (rédigé par Baptiste)
A demi mort par les péripéties de la veille, colmatants sur nos lits trop confortables, nous entendons à peine retentir la sonnette de la chambre. Le crissement de la sonnerie vient secouer nos cerveaux encore embrumés par les vapeurs d’un liquide fermenté. A demi-nu, le regard tendu vers le lit qui lui tend encore les bras, Baptiste s’est levé pour ouvrir à celui qui l’a tiré des bras de Morphée. Il grogne dans sa barbichette la fin d’une nuit trop courte.
Devant la porte, un homme le regarde simplement, le visage presque intimidé. Emincé, impassible, l’air ni jovial, ni triste, il semble chercher des mots qui ne viennent pas. Quelques sons parviennent néanmoins jusqu’aux oreilles du camarade Baptiste à demi sourd. « I want to help you ! ». La proposition paraissait si absurde que Baptiste ne répondit rien, l’air complètement assourdit par la question. Tenté dans un premier temps de rembarrer ce grand gaillard, persuadé que cet homme n’est pas en mesure de leur apporter la moindre aide et que lui-même n’imagine pas l’incongruité de son offre. Baptiste l’écoute finalement attentivement comme pour percer le mystère de l’absurdité de cette proposition. Il le suit jusque chez lui, happé par la bonhommie de l’homme qui semble inoffensif et plutôt sympathique. La surprise est merveilleuse et complètement démente. Dans un vieux hangar d’une usine désaffectée, l’homme retape seul une vieille Toyota pour en faire une voiture de rallye. Un side-car Ural croupit sous la neige devant la porte du garage. Une vieille tente militaire recouvre la porte coulissante pour empêcher le froid de pénétrer dans le bâtiment. Les outils ne sont pas à leur place, du café a gelé dans une tasse, la nature est toujours plus rapide, la bouche d’une grenouille en fer abrite les mégots du temps qui passe.
Nous découvrons ce matin-là, que « Jéhol » notre side-car noir, ne fonctionne plus que sur un seul cylindre… La Providence est bien faite.
Pendant deux jours, nous déambulerons dans cet espace de travail au côté de Pavel (Pasha) qui est et restera, nous en sommes certains, notre ange en chemin. Nous avions imaginé traverser la Mongolie par l’Ouest. 2000km dans les steppes, sans croiser personne, sur des pistes non bitumées, boueuses ou enneigées. Un itinéraire jalonné tous les 300 bornes par de vieilles stations essence qui peuvent connaître des pénuries pendant l’hiver sans compter nos side-cars complètement déboussolés par le climat extrême. Bref, nous foncions vers une perdition quasi certaine et la fin du projet Paris/Saigon.
Devant la porte, un homme le regarde simplement, le visage presque intimidé. Emincé, impassible, l’air ni jovial, ni triste, il semble chercher des mots qui ne viennent pas. Quelques sons parviennent néanmoins jusqu’aux oreilles du camarade Baptiste à demi sourd. « I want to help you ! ». La proposition paraissait si absurde que Baptiste ne répondit rien, l’air complètement assourdit par la question. Tenté dans un premier temps de rembarrer ce grand gaillard, persuadé que cet homme n’est pas en mesure de leur apporter la moindre aide et que lui-même n’imagine pas l’incongruité de son offre. Baptiste l’écoute finalement attentivement comme pour percer le mystère de l’absurdité de cette proposition. Il le suit jusque chez lui, happé par la bonhommie de l’homme qui semble inoffensif et plutôt sympathique. La surprise est merveilleuse et complètement démente. Dans un vieux hangar d’une usine désaffectée, l’homme retape seul une vieille Toyota pour en faire une voiture de rallye. Un side-car Ural croupit sous la neige devant la porte du garage. Une vieille tente militaire recouvre la porte coulissante pour empêcher le froid de pénétrer dans le bâtiment. Les outils ne sont pas à leur place, du café a gelé dans une tasse, la nature est toujours plus rapide, la bouche d’une grenouille en fer abrite les mégots du temps qui passe.
Nous découvrons ce matin-là, que « Jéhol » notre side-car noir, ne fonctionne plus que sur un seul cylindre… La Providence est bien faite.
Pendant deux jours, nous déambulerons dans cet espace de travail au côté de Pavel (Pasha) qui est et restera, nous en sommes certains, notre ange en chemin. Nous avions imaginé traverser la Mongolie par l’Ouest. 2000km dans les steppes, sans croiser personne, sur des pistes non bitumées, boueuses ou enneigées. Un itinéraire jalonné tous les 300 bornes par de vieilles stations essence qui peuvent connaître des pénuries pendant l’hiver sans compter nos side-cars complètement déboussolés par le climat extrême. Bref, nous foncions vers une perdition quasi certaine et la fin du projet Paris/Saigon.
C’est décidé, nous passerons par le Nord, sur l’asphalte Russe, nous écoutons la voix de notre ange. Un détour d’environ 3000 km mais qui nous permet d’être sûrs de pouvoir arriver en vie à destination. Nos égos, gonflés par le vent que produit la vitesse, sont déçus et blessés. Le mythe de la traversée de la Mongolie sur des montures d’acier, à la rencontre de peuples oubliés, délaissés, vivants dans des conditions de vie primaire, loin de toute modernité, de toute pollution, de l’agressivité des villes et des désastres que provoquent les écrans, se consume dans nos rêves aussi vite qu’une cigarette dans une tempête.
N’est-ce pas cela vivre l’aventure ? Savoir que rien n’est plus grand que la recherche de la cohérence et de l’harmonie. Savoir que les belles photos et les plus insolites rencontres ne sont pas des absolus, et qu’il n’y a de vrai et de beau, que la recherche de la Vérité et de l’Amour. Que cherche à nous dire le Seigneur à travers cette expérience que nous vivons ? Voilà ce que nous nous demandons au quotidien, sans trouver la réponse dans l’immédiat. Parce que la vérité de l’Amour ne se révèle que dans le temps, la confiance, et l’abandon. L’humilité est l’exigence de la sainteté. Et nous en sommes certains, « Tout est grâce ». Le Seigneur ne fait pas les choses à moitié. Il nous envoie un ange frapper directement à la porte de notre chambre…!
N’est-ce pas cela vivre l’aventure ? Savoir que rien n’est plus grand que la recherche de la cohérence et de l’harmonie. Savoir que les belles photos et les plus insolites rencontres ne sont pas des absolus, et qu’il n’y a de vrai et de beau, que la recherche de la Vérité et de l’Amour. Que cherche à nous dire le Seigneur à travers cette expérience que nous vivons ? Voilà ce que nous nous demandons au quotidien, sans trouver la réponse dans l’immédiat. Parce que la vérité de l’Amour ne se révèle que dans le temps, la confiance, et l’abandon. L’humilité est l’exigence de la sainteté. Et nous en sommes certains, « Tout est grâce ». Le Seigneur ne fait pas les choses à moitié. Il nous envoie un ange frapper directement à la porte de notre chambre…!
Deux jours pour réparer et préparer nos bêtes à affronter le froid sibérien. Nous vidangeons les moteurs pour mettre une huile plus grasse, plus résistante au froid. L’ancienne aurait-elle gelé en pleine Mongolie..?! Nous faisons le tour de la ville pour trouver des bougies de rechange, une batterie plus résistante, et un masque pour tenter d’améliorer notre vision, qui restera néanmoins déplorable.
Nous sommes prêts ! La vodka célèbre notre départ sous les yeux admiratifs de Dima, fidèle ami de Pasha, qui est devenu fan de Saez !
Notre ami nous accompagne en voiture jusqu'à la sortie de la ville, pour nous faire prendre la bonne direction. L’ange attend que nos montures s’éloignent, comme un gardien qui veille sur son territoire.
5km plus loin Déliate perd de la vitesse. Bidouillage du carburateur et des bougies. Le moteur tourne. 30 km après, Jéhol s’arrête à son tour. Deux heures de mécanique n’y changeront rien… Attelé à Déliate, Jéhol fait la moue et ralentit la caravane.20 km plus loin encore, en pleine montée, Déliate refuse d’avancer. Il toussote, crache une fumée noire et s’arrête. « Le Kazakhstan est maudit » pensons-nous tout haut ! C’est assez incroyable de constater à quel point l’homme oublie et se laisse aller aux aléas du bien et du mal, de la chance et de l’échec. Nous sommes aussi malléables, aussi changeants que la météo en haute montagne. Nous oublions le miracle de Pasha en quelques secondes, dès la première difficulté. La seule grâce est que nos pauvres cœurs s’en rendent compte et tentent de se laisser transformer.
Rien n’est jamais acquis, il faut garder confiance. Nous arrêtons les voitures pour demander à être tracté jusqu'à la ville voisine, à une cinquantaine de kilomètres plus loin.
Les routes sont complètements gelées et nos montures très instables. Nous glissons de part et d’autre de la chaussée, à quelques centimètres de l’arrière du 4x4 qui nous traine. Le moindre freinage du chauffeur de devant provoquerait l’accident. Lancés à 80 km/h, les « je vous salue Marie » défilent aussi vite que le paysage.
Un tournant glacé propulse mon cheval fou vers le ravin, mon guidon est braqué mais la glissade est inévitable. Le chauffeur attaque la descente avec vitesse et rattrape de justesse ma motocyclette. Le sang chaud brule mon cerveau, je sens battre les pulsations dans chaque vaisseau de mon crâne. Ai-je réchappé à la mort ? J’entonne un chant de louange au seigneur, lui qui me sauve et me protège. Je repense au père Patrice et à cette question : De quoi vous sauve, maintenant, le Seigneur ? Me sauve-t-il de la mort ? Non, pas dans l’immédiat… Mais de la solitude ! Je reprends mon chant de louange, pour célébrer l’esprit de Dieu, qui doit être lui aussi, bien crispé dans le panier du side. Niels oscille sur le même virage quelques minutes plus tard.
Un homme, venu de nul part, bidouille nos machines et les répare en quelques secondes. Nous repartons, étourdis par cette providence qui semble nous précéder. Nous passons enfin la frontière, quittant le pays des steppes après un mois de route et d’aventure.
Nous sommes prêts ! La vodka célèbre notre départ sous les yeux admiratifs de Dima, fidèle ami de Pasha, qui est devenu fan de Saez !
Notre ami nous accompagne en voiture jusqu'à la sortie de la ville, pour nous faire prendre la bonne direction. L’ange attend que nos montures s’éloignent, comme un gardien qui veille sur son territoire.
5km plus loin Déliate perd de la vitesse. Bidouillage du carburateur et des bougies. Le moteur tourne. 30 km après, Jéhol s’arrête à son tour. Deux heures de mécanique n’y changeront rien… Attelé à Déliate, Jéhol fait la moue et ralentit la caravane.20 km plus loin encore, en pleine montée, Déliate refuse d’avancer. Il toussote, crache une fumée noire et s’arrête. « Le Kazakhstan est maudit » pensons-nous tout haut ! C’est assez incroyable de constater à quel point l’homme oublie et se laisse aller aux aléas du bien et du mal, de la chance et de l’échec. Nous sommes aussi malléables, aussi changeants que la météo en haute montagne. Nous oublions le miracle de Pasha en quelques secondes, dès la première difficulté. La seule grâce est que nos pauvres cœurs s’en rendent compte et tentent de se laisser transformer.
Rien n’est jamais acquis, il faut garder confiance. Nous arrêtons les voitures pour demander à être tracté jusqu'à la ville voisine, à une cinquantaine de kilomètres plus loin.
Les routes sont complètements gelées et nos montures très instables. Nous glissons de part et d’autre de la chaussée, à quelques centimètres de l’arrière du 4x4 qui nous traine. Le moindre freinage du chauffeur de devant provoquerait l’accident. Lancés à 80 km/h, les « je vous salue Marie » défilent aussi vite que le paysage.
Un tournant glacé propulse mon cheval fou vers le ravin, mon guidon est braqué mais la glissade est inévitable. Le chauffeur attaque la descente avec vitesse et rattrape de justesse ma motocyclette. Le sang chaud brule mon cerveau, je sens battre les pulsations dans chaque vaisseau de mon crâne. Ai-je réchappé à la mort ? J’entonne un chant de louange au seigneur, lui qui me sauve et me protège. Je repense au père Patrice et à cette question : De quoi vous sauve, maintenant, le Seigneur ? Me sauve-t-il de la mort ? Non, pas dans l’immédiat… Mais de la solitude ! Je reprends mon chant de louange, pour célébrer l’esprit de Dieu, qui doit être lui aussi, bien crispé dans le panier du side. Niels oscille sur le même virage quelques minutes plus tard.
Un homme, venu de nul part, bidouille nos machines et les répare en quelques secondes. Nous repartons, étourdis par cette providence qui semble nous précéder. Nous passons enfin la frontière, quittant le pays des steppes après un mois de route et d’aventure.
Les masques se remplissent de buée… Nous devons rouler à l’air libre. Un oeil sert de protection à l’autre. Le visage légèrement de côté, nous peinons à voir les bandes blanches qui délimitent notre partie de route. Deux lumières surgissent parfois soudainement à travers le frima. Ce sont les véhicules qui déboulent en sens inverse, frôlant nos montures qui n’éclairent pas le moindre bout d’asphalte. Nous devons faire des pauses régulières. Nos yeux sont cousus par la glace, et notre peau est toute craquelée. Le visage rougi par le vent froid de l’Altaï, nous regardons la neige blanchir la taïga. Nos deux side-cars s’immiscent dans la pureté de cette nature à l’état brute. La route sera longue et monotone, il est temps de repartir.
Comment évoquer toutes les magnifiques rencontres que nous avons faites, les paysages entre l’Atlaï et la Sibérie ?
Tout d’abord le froid. Il est puissant et sec. Il est la principale préoccupation quotidienne. Il s’immisce partout et mord là où la peau est la plus fragile. Souvent aux mains ou aux pieds. Il trouve toujours une faille, comme si nos efforts pour l’éradiquer étaient vains. Tous les matins, nous prenons au moins 30 minutes pour nous habiller. Il faut colmater le moindre trou, poser les couches successivement, en faisant attention à ne pas laisser la sueur glisser sur la peau, qui serait alors source de gelures constantes et d’un froid impossible à déloger. C’est pourquoi il faut finir de s’habiller dehors… Sur la route, lorsqu’un membre est mordu, il devient une obsession absolument captivante, source d’angoisse et de colère. Lorsque le froid est trop fort, il infuse alors doucement vers le cerveau et gèle toute réactivité, tout sentiment, toute envie. Nous devons virevolter sur place, bouger, nous forcer à penser, imaginer, stimuler nos désirs d’aimer la vie, d’en être des artisans, des acteurs, des co-créateurs.
A ce moment précis, à la charnière entre l’irritation de l’environnement hostile et la chaleur d’un cœur brûlant, nous sentons le goût de la vie prendre racine et se développer. Nous voyons le charme de l’existence nous attirer et nous bercer de sa beauté. Nos désirs amoureux prennent alors une dimension transcendante ! Ces quelques instants, qui sortent du temps, sont de véritables moments d’éternités.
Sur la route, nous découvrons qu’il n’y a pas de plus grand luxe que de sentir le froid mordiller notre peau d’occidentaux trop bien soignée, d’entendre la salive remuer dans le fond de nos gueules, de voir baisser notre champ de vision en même temps que la tête s’incline vers la terre, harassée de fatigue par la bataille avec l’air du dehors, l’esprit désemparé devant autant de kilomètres à travers le vide, l’âme tourmentée par le contraste entre la noirceur de nos pensées et la pureté de l’aube sibérien, le cœur guidé par un ange malgré nos égos aussi lourds qu’un moteur d’Ural.
Nous aimons les exigences de la route, les paradoxes, les frustrations, les épreuves, les manques, parce qu’ils sont source de l’éveil de nos sentiments, d’une renaissance intérieure, d’une transformation spirituelle. Il faut bien mourir pour revivre dans la vie éternelle. Est-ce cela le royaume des cieux ? Une participation active à faire de la souffrance une grâce, à voir les difficultés comme source d’une rédemption, à sentir que Dieu s’immisce dans nos vies. Nous qui peinons à trouver et comprendre Dieu, nous découvrons soudainement avec une lumineuse clarté que Dieu est la maison qui, chaque soir, accueille nos pauvres êtres, gelés par le froid du dehors, livrés aux tentations d’une nuit tempétueuse, fuyants les coups d’une neige épaisse qui s’abat sur nos visages d’enfant.
Nous comptons les heures en récitant des chapelets, observant le soleil d’un regard autoritaire, comme un père qui ordonne à son fils d’aller se coucher. Nous préférons la lune qui apparait doucement pour relayer la lumière, et qui nous promet un repos bien mérité. A l’autre bout du monde, sur notre chère France, se lève le soleil. Ta prière est une lumière qui relaye l’éclatante clarté du jour et qui me protège lorsque je dors.
Tout d’abord le froid. Il est puissant et sec. Il est la principale préoccupation quotidienne. Il s’immisce partout et mord là où la peau est la plus fragile. Souvent aux mains ou aux pieds. Il trouve toujours une faille, comme si nos efforts pour l’éradiquer étaient vains. Tous les matins, nous prenons au moins 30 minutes pour nous habiller. Il faut colmater le moindre trou, poser les couches successivement, en faisant attention à ne pas laisser la sueur glisser sur la peau, qui serait alors source de gelures constantes et d’un froid impossible à déloger. C’est pourquoi il faut finir de s’habiller dehors… Sur la route, lorsqu’un membre est mordu, il devient une obsession absolument captivante, source d’angoisse et de colère. Lorsque le froid est trop fort, il infuse alors doucement vers le cerveau et gèle toute réactivité, tout sentiment, toute envie. Nous devons virevolter sur place, bouger, nous forcer à penser, imaginer, stimuler nos désirs d’aimer la vie, d’en être des artisans, des acteurs, des co-créateurs.
A ce moment précis, à la charnière entre l’irritation de l’environnement hostile et la chaleur d’un cœur brûlant, nous sentons le goût de la vie prendre racine et se développer. Nous voyons le charme de l’existence nous attirer et nous bercer de sa beauté. Nos désirs amoureux prennent alors une dimension transcendante ! Ces quelques instants, qui sortent du temps, sont de véritables moments d’éternités.
Sur la route, nous découvrons qu’il n’y a pas de plus grand luxe que de sentir le froid mordiller notre peau d’occidentaux trop bien soignée, d’entendre la salive remuer dans le fond de nos gueules, de voir baisser notre champ de vision en même temps que la tête s’incline vers la terre, harassée de fatigue par la bataille avec l’air du dehors, l’esprit désemparé devant autant de kilomètres à travers le vide, l’âme tourmentée par le contraste entre la noirceur de nos pensées et la pureté de l’aube sibérien, le cœur guidé par un ange malgré nos égos aussi lourds qu’un moteur d’Ural.
Nous aimons les exigences de la route, les paradoxes, les frustrations, les épreuves, les manques, parce qu’ils sont source de l’éveil de nos sentiments, d’une renaissance intérieure, d’une transformation spirituelle. Il faut bien mourir pour revivre dans la vie éternelle. Est-ce cela le royaume des cieux ? Une participation active à faire de la souffrance une grâce, à voir les difficultés comme source d’une rédemption, à sentir que Dieu s’immisce dans nos vies. Nous qui peinons à trouver et comprendre Dieu, nous découvrons soudainement avec une lumineuse clarté que Dieu est la maison qui, chaque soir, accueille nos pauvres êtres, gelés par le froid du dehors, livrés aux tentations d’une nuit tempétueuse, fuyants les coups d’une neige épaisse qui s’abat sur nos visages d’enfant.
Nous comptons les heures en récitant des chapelets, observant le soleil d’un regard autoritaire, comme un père qui ordonne à son fils d’aller se coucher. Nous préférons la lune qui apparait doucement pour relayer la lumière, et qui nous promet un repos bien mérité. A l’autre bout du monde, sur notre chère France, se lève le soleil. Ta prière est une lumière qui relaye l’éclatante clarté du jour et qui me protège lorsque je dors.
Il y a eu Misha, Pasha, Pavel, Nina, Vladimir, Serguei, et de nombreux autres dont les noms se sont dissipés dans les regards. Ce sont ces hommes et femmes, cachés dans leurs maisonnettes, qui nous ont tendu les bras dès le premier toquement de porte, déballant devant nous les réserves de l’hiver, comme un trésor pour nos corps et nos esprits encore secoués par le vrombissement de nos monstres d’acier. Nous pensons à notre maman du ciel, qui malgré le froid sibérien, n’aurait pas eu de mal à trouver ici un lieu pour donner naissance au Sauveur. Ici chaque maison est un refuge d’alpiniste puisque chaque pas au dehors est une expédition qui mérite préparation et prudence.
Je ne peux pas vous décrire toutes les rencontres faites de rires, de partage, de chansons, de regards, de soupirs, d’épuisement, de frustration … comme toujours… Par ce qu’il y a trop de détails qui n’en sont pas.
Mais il y a eu Pasha (cf photo ci-dessous) , ancien voleur de voiture, tolard pendant 5 ans dans les goulags russes (où croupit 5% de la population !!!!). Il est venu nous chercher, nous et nos machines, au milieu de la nuit, alors que Jéhol avait cassé une pièce maîtresse, détournant son itinéraire d’au moins 400 km, abandonnant son travail que nous avons finalement effectué ensemble à 2h du matin au lieu de 18h, nous offrant le café, silencieux, le regard bon, ne demandant rien d’autre que de trinquer avec nous à 5h du matin, le règne d’une vie passionnée, une vie de rider, une vie donnée.
Nous nous promettons de grandir, quoi que l’aventure nous propose. Nous sommes ici pour être des hommes malgré nos faiblesses d’enfants. Nous louvoyons sur des terres arides, acceptant les épreuves comme des cadeaux venus d’ailleurs.
Et comme le dit le proverbe Russe : « Poil par poil, toute la barbe viendra »
Mais il y a eu Pasha (cf photo ci-dessous) , ancien voleur de voiture, tolard pendant 5 ans dans les goulags russes (où croupit 5% de la population !!!!). Il est venu nous chercher, nous et nos machines, au milieu de la nuit, alors que Jéhol avait cassé une pièce maîtresse, détournant son itinéraire d’au moins 400 km, abandonnant son travail que nous avons finalement effectué ensemble à 2h du matin au lieu de 18h, nous offrant le café, silencieux, le regard bon, ne demandant rien d’autre que de trinquer avec nous à 5h du matin, le règne d’une vie passionnée, une vie de rider, une vie donnée.
Nous nous promettons de grandir, quoi que l’aventure nous propose. Nous sommes ici pour être des hommes malgré nos faiblesses d’enfants. Nous louvoyons sur des terres arides, acceptant les épreuves comme des cadeaux venus d’ailleurs.
Et comme le dit le proverbe Russe : « Poil par poil, toute la barbe viendra »
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3ème Partie : Arrivée en Mongolie pour une nouvelle mission (rédigé par Niels)
Une fois de plus, le réveil est difficile ce matin.
La route tardive avec notre ami Pasha et la courte nuit viennent s’ajouter à la quasi nuit blanche de la veille.
[FLASH BACK]
En effet, inquiets par les heures qui défilaient plus vite que nos kilomètres, avant-hier nous avons roulé jusqu’à 4h30 du matin. Telle une usine qui fonctionne en 3-8 nous nous sommes relayé régulièrement, se dopant aux boissons énergisante et aux cafés, profitant de la place dans le panier pour essayer de trouver le sommeil. Chose pas évidente, voire impossible, avec le froid mordant, le vrombissement du moteur qui est se situe à moins de 40 cm de ton oreille gauche et la crainte que celui qui pilote la bête se plante dans un chêne ! Mais lorsque, éveillés, nous décidions de lever la tête et d’admirer le paysage plutôt que de dormir, nous ne pouvions être déçus. D’immenses routes d’une dizaine de mètre de large, qui essayaient de se frayer un chemin dans ces forêts de pins, qui elles tentent de regagner la place de leurs amis tombés sous le coup des pelleteuses et des tronçonneuses. Le tout complètement enneigé et éclairé par la pleine lune. Il ne manquait plus qu’une meute de loup-garous pour se croire dans un film fantaisiste. Souvenirs à jamais gravés dans nos mémoires.
[FIN FLASH BACK]
Mais aujourd’hui nous sommes pressés, très pressés ! Il nous faut franchir la frontière russe avant minuit, heure d’Irkoutsk. Nos nouveaux amis bikers le sont beaucoup moins que nous et comptent bien nous faire profiter de nos derniers instants dans leur pays. En effet, les heures passent et de plus en plus de bikers s’ajoutent à notre pot de départ, chacun avec son style. A peine arrivés, tous se dirigent vers le dressing du club house. Ils s’empressent d’enfiler fièrement leur blouson de motard en jeans brodés avec le logo du club pour ensuite venir se faufiler entre nos bras afin qu’un de leur camarade immortalise cette instant de leur vie où ils ont rencontré 3 jeunes bikers français, en Ural, en Sibérie, en plein hiver. Il est vrai que ça ne doit pas être si courant dans les parages !
Étant donné l'impossibilité d'aller en Chine avec nos sides-car, de quitter la Mongolie sans nos side-cars si on décide d'y rentrer avec, le timing trop serré, et la confiance que nous avons en ces bikers, on décide de laisser nos deux motos ici, en lieu sûr, en terre russe, leur terre natale. Elles y seront à l’abri, bien au chaud, façon de dire bien sûr ! Mais nous ne disons pas adieu à nos fidèles montures, juste un au revoir, car déjà nous avons des solutions pour les rapatrier en France, cet été, grâce à nos frères et amis, qui eux aussi ont soif d'aventures !
Bien sûr, nous sommes les premiers déçus par cette séparation après tant d'aventures vécues et plus de 13.000 km parcourues ensemble. Malgré tous les problème que nous avons pu avoir avec, nous nous sommes fortement attaché à nos deux rebelles à 3 roues, parfois tenaces parfois capricieuses mais jamais vaincues ! La devise de François-Athanase, de Charette, héros de la guerre de Vendée, pourrait d'ailleurs très bien être celle de nos montures : " Combattu souvent, battu parfois, abattu jamais" . La suite de projet et notamment l'aspect aventure va être légèrement différent certes mais il en est ainsi, une fois de plus, de l'aventure : on s'adapte, on rend grâce pour tout car Tout est grâce. La suite des évènement nous donnerons d'ailleurs raison car nous n'obtiendrons même pas nos visas pour la Chine. Mais on en reparlera plus tard.
La matinée passe. Nous chantons, nous buvons, nous mangeons, en attendant Victor, le cousin de notre sauveur Pasha, qui a été désigné - ou s’est porté volontaire, on ne saura pas – pour nous conduire au poste frontière de la ville de Kiatha. Google Maps nous affiche qu’il faut 10h14 pour parcourir ces 730 km. Il est bientôt 14h et Victor n’est toujours pas là… Tout va bien … En attendant, on a eu le temps de choisir les affaires qu’on gardera pour la suite du voyage. La montagne d’affaires reste impressionnante mais heureusement il y a la place dans la voiture de Victor. Après des grosses accolades et plusieurs photos souvenirs, nous voici enfermés dans ce 5 portes pour une durée d’environ 10h a priori avec en plus de la musique horrible plein les oreilles. Mais on n’a pas le choix.
La route tardive avec notre ami Pasha et la courte nuit viennent s’ajouter à la quasi nuit blanche de la veille.
[FLASH BACK]
En effet, inquiets par les heures qui défilaient plus vite que nos kilomètres, avant-hier nous avons roulé jusqu’à 4h30 du matin. Telle une usine qui fonctionne en 3-8 nous nous sommes relayé régulièrement, se dopant aux boissons énergisante et aux cafés, profitant de la place dans le panier pour essayer de trouver le sommeil. Chose pas évidente, voire impossible, avec le froid mordant, le vrombissement du moteur qui est se situe à moins de 40 cm de ton oreille gauche et la crainte que celui qui pilote la bête se plante dans un chêne ! Mais lorsque, éveillés, nous décidions de lever la tête et d’admirer le paysage plutôt que de dormir, nous ne pouvions être déçus. D’immenses routes d’une dizaine de mètre de large, qui essayaient de se frayer un chemin dans ces forêts de pins, qui elles tentent de regagner la place de leurs amis tombés sous le coup des pelleteuses et des tronçonneuses. Le tout complètement enneigé et éclairé par la pleine lune. Il ne manquait plus qu’une meute de loup-garous pour se croire dans un film fantaisiste. Souvenirs à jamais gravés dans nos mémoires.
[FIN FLASH BACK]
Mais aujourd’hui nous sommes pressés, très pressés ! Il nous faut franchir la frontière russe avant minuit, heure d’Irkoutsk. Nos nouveaux amis bikers le sont beaucoup moins que nous et comptent bien nous faire profiter de nos derniers instants dans leur pays. En effet, les heures passent et de plus en plus de bikers s’ajoutent à notre pot de départ, chacun avec son style. A peine arrivés, tous se dirigent vers le dressing du club house. Ils s’empressent d’enfiler fièrement leur blouson de motard en jeans brodés avec le logo du club pour ensuite venir se faufiler entre nos bras afin qu’un de leur camarade immortalise cette instant de leur vie où ils ont rencontré 3 jeunes bikers français, en Ural, en Sibérie, en plein hiver. Il est vrai que ça ne doit pas être si courant dans les parages !
Étant donné l'impossibilité d'aller en Chine avec nos sides-car, de quitter la Mongolie sans nos side-cars si on décide d'y rentrer avec, le timing trop serré, et la confiance que nous avons en ces bikers, on décide de laisser nos deux motos ici, en lieu sûr, en terre russe, leur terre natale. Elles y seront à l’abri, bien au chaud, façon de dire bien sûr ! Mais nous ne disons pas adieu à nos fidèles montures, juste un au revoir, car déjà nous avons des solutions pour les rapatrier en France, cet été, grâce à nos frères et amis, qui eux aussi ont soif d'aventures !
Bien sûr, nous sommes les premiers déçus par cette séparation après tant d'aventures vécues et plus de 13.000 km parcourues ensemble. Malgré tous les problème que nous avons pu avoir avec, nous nous sommes fortement attaché à nos deux rebelles à 3 roues, parfois tenaces parfois capricieuses mais jamais vaincues ! La devise de François-Athanase, de Charette, héros de la guerre de Vendée, pourrait d'ailleurs très bien être celle de nos montures : " Combattu souvent, battu parfois, abattu jamais" . La suite de projet et notamment l'aspect aventure va être légèrement différent certes mais il en est ainsi, une fois de plus, de l'aventure : on s'adapte, on rend grâce pour tout car Tout est grâce. La suite des évènement nous donnerons d'ailleurs raison car nous n'obtiendrons même pas nos visas pour la Chine. Mais on en reparlera plus tard.
La matinée passe. Nous chantons, nous buvons, nous mangeons, en attendant Victor, le cousin de notre sauveur Pasha, qui a été désigné - ou s’est porté volontaire, on ne saura pas – pour nous conduire au poste frontière de la ville de Kiatha. Google Maps nous affiche qu’il faut 10h14 pour parcourir ces 730 km. Il est bientôt 14h et Victor n’est toujours pas là… Tout va bien … En attendant, on a eu le temps de choisir les affaires qu’on gardera pour la suite du voyage. La montagne d’affaires reste impressionnante mais heureusement il y a la place dans la voiture de Victor. Après des grosses accolades et plusieurs photos souvenirs, nous voici enfermés dans ce 5 portes pour une durée d’environ 10h a priori avec en plus de la musique horrible plein les oreilles. Mais on n’a pas le choix.
A vive allure, les paysages défilent devant nous avec une vitesse à laquelle nous ne sommes plus habitués. Au bout d’une heure, nous apercevons le début du lac Baïkal. Heureusement pour nous il n’est pas gelé sinon la frustration aurait été trop forte. Ce lac, qui est le plus grand lac d’eau douce du monde, mesure plus de 600km de long et reste gelé tous le mois de février. On peut y rouler dessus sans aucun problème à cette période-là de l’année. Ça sera pour une prochaine se dit on entre nous ! On va devoir se contenter des photos de Thomas Goisque pour l’instant.
Les heures passent et le compteur kilométrique de là Toyota défile. On a un bon rythme. La nuit tombe, il se met à neiger, et Baptiste assis à l’avant se rend compte que notre cher chauffeur ne met pas de feux de croisement mais passe directement des pleins phares aux feux de positions. Dès que nous croisons une voiture, Victor met donc ses feux de position. Résultat, la voiture en face nous voit pas bien et nous non plus on ne voit pas grand chose de la route. De plus, bien que les gens roulent à droite en Russie, le volant est à droite dans cette voiture, comme la moitié des voitures russes. Pour les dépassements ce n’est donc pas du tout l’idéal, ce qui donna lieu à quelques petites frayeurs et nous empêcha de dormir, du moins au début.
11h45, on est à 10 km du poste frontière. Ça va le faire, ça va le faire !! On y croit. Soudain, un policier sorti de nul part nous fait arrêter sur le bas côté et nous demande nos passeports. On lui explique que nous sommes pressés mais rien à faire, il retourne dans son bureau pour vérifier nos précieux documents. Le stress commence à monter dans la voiture au fur et à mesure que les minutes passent. Merde, merde, merde… Alleeeer là !! Au bout d’une petite dizaine de minutes qui furent pour nous des heures, le policier revient enfin et nous laisse partir. Ok ça part !! Heureusement, notre ami chauffeur est encore bien chaud et la route est déneigée. On fait une pointe à 160 km/h, on y croit toujours et à minuit pile, comme dans un film, la voiture s’arrête devant le portail du poste frontière. On s’empresse de sortir, passeport brandi en direction du garde qui se tient de l’autre coté. La réaction qu’on a eu de sa part n’était pas celle attendue : « Niet. Niet ». Il est impossible de franchir cette frontière sans véhicule. Notre ami Victor n’allant pas en Mongolie, nous ne pouvons passer… La blague !!
Il est minuit donc autant vous dire que ce n’est pas une heure de pointe en ce poste frontière perdu au sud de la Sibérie. Et pour trouver une voiture avec de la place pour 3 touristes avec une montagne d’affaires c’est pas gagné. On prend notre mal en patience et après 10 voitures et 1h30 d’attente, on trouve enfin un véhicule pour nous faire franchir, en échange de quelques billets. On croise les doigts pour que ça passe et que les gardes frontières ne soient pas à 1h30 prêt.
On passe avec succès le premier poste de contrôle, ouuuuf !
Puis le deuxième, Go Go Go !!!
Puis le dernier... YEPPPA !!
Non je plaisante ! Le troisième n’est pas passé malheureusement. Nous sommes donc cordialement invités à sortir nos affaires de notre « voiture-passe frontière », à les mettre en plan dehors et à suivre un garde. Ça sent l'amande, pardon l'amende.
Nous voici dans une petite pièce dans laquelle un agent commence à nous expliquer dans un mauvais anglais qu’on a dépassé nos visas. On lui explique qu’on était là à l’heure mais qu’on n’a pas voulu nous laisser passer, etc. Rien à faire. La procédure est lancée. On commence par nous prendre chacun notre tour nos empreintes (mains, pouce, index, majeur, annulaire, auriculaire, et ça sera bien assez). Puis vient le tour des photos de face et de profil. Augustin, passe en premier. Toujours aussi sérieux, comme à son habitude, il tire une tête d’imbécile pour la photo mais juste assez pour que l’agent, fort sympathique d’ailleurs, accepte les photos et les rentre dans la base de données. Avec Baptiste on trouve ça bien drôle et décidons de faire de même.
Puis vient la partie moins drôle : on doit payer chacun une amende de 3000 roubles, ce qui fait un peu plus de 42€ par personne. Mais pour payer il faut attendre le lendemain matin car la banque n’est pas ouverte. Après leur avoir expliqué qu’on n’avait pas les moyens de dormir à l’hôtel et que dehors ça caillait, on obtient l’autorisation de dormir ici, dans cette salle ! Bon la nuit ne sera pas dingue mais ça valait le coup. En effet, plusieurs fois pendant la nuit on reçoit quelques petits coups de pied pour nous réveiller : « Rangez ceci ! Signez cela ! Remplissez ce formulaire-ci ! Allez à la banque ! ».
Une fois l’amende payée, on suit un agent qui nous conduit à une voiture d’une femme mongole qui nous fera franchir la frontière. Mais avant cela, il faut fouiller nos sacs. C’est sans fin. « Non on n’a pas de gros couteaux » on répond avec Augustin aux gardes qui nous font vider nos sacs. (Bien sûr qu’on en avait chacun un, surtout Gus et son couteau de boucher). Dans ces cas là, la situation est assez comique puisqu’on peut se parler entre nous sans que les gardes ne comprennent un mot. Une fois de plus, on passe le contrôle avec succès. La chance est à nouveau avec nous, ou plutôt la Providence s’est montrée plus sympathique !
Mais on n’était toujours pas au bout de nos peines. On a dû attendre encore une heure au poste frontière mongol car les officiers ont cru que nos visas étaient falsifiés. En même temps, on a eu nos visas en moins d'une heure à l’ambassade mongole d’Almaty, donc ce n’était pas hyper surprenant.
Les heures passent et le compteur kilométrique de là Toyota défile. On a un bon rythme. La nuit tombe, il se met à neiger, et Baptiste assis à l’avant se rend compte que notre cher chauffeur ne met pas de feux de croisement mais passe directement des pleins phares aux feux de positions. Dès que nous croisons une voiture, Victor met donc ses feux de position. Résultat, la voiture en face nous voit pas bien et nous non plus on ne voit pas grand chose de la route. De plus, bien que les gens roulent à droite en Russie, le volant est à droite dans cette voiture, comme la moitié des voitures russes. Pour les dépassements ce n’est donc pas du tout l’idéal, ce qui donna lieu à quelques petites frayeurs et nous empêcha de dormir, du moins au début.
11h45, on est à 10 km du poste frontière. Ça va le faire, ça va le faire !! On y croit. Soudain, un policier sorti de nul part nous fait arrêter sur le bas côté et nous demande nos passeports. On lui explique que nous sommes pressés mais rien à faire, il retourne dans son bureau pour vérifier nos précieux documents. Le stress commence à monter dans la voiture au fur et à mesure que les minutes passent. Merde, merde, merde… Alleeeer là !! Au bout d’une petite dizaine de minutes qui furent pour nous des heures, le policier revient enfin et nous laisse partir. Ok ça part !! Heureusement, notre ami chauffeur est encore bien chaud et la route est déneigée. On fait une pointe à 160 km/h, on y croit toujours et à minuit pile, comme dans un film, la voiture s’arrête devant le portail du poste frontière. On s’empresse de sortir, passeport brandi en direction du garde qui se tient de l’autre coté. La réaction qu’on a eu de sa part n’était pas celle attendue : « Niet. Niet ». Il est impossible de franchir cette frontière sans véhicule. Notre ami Victor n’allant pas en Mongolie, nous ne pouvons passer… La blague !!
Il est minuit donc autant vous dire que ce n’est pas une heure de pointe en ce poste frontière perdu au sud de la Sibérie. Et pour trouver une voiture avec de la place pour 3 touristes avec une montagne d’affaires c’est pas gagné. On prend notre mal en patience et après 10 voitures et 1h30 d’attente, on trouve enfin un véhicule pour nous faire franchir, en échange de quelques billets. On croise les doigts pour que ça passe et que les gardes frontières ne soient pas à 1h30 prêt.
On passe avec succès le premier poste de contrôle, ouuuuf !
Puis le deuxième, Go Go Go !!!
Puis le dernier... YEPPPA !!
Non je plaisante ! Le troisième n’est pas passé malheureusement. Nous sommes donc cordialement invités à sortir nos affaires de notre « voiture-passe frontière », à les mettre en plan dehors et à suivre un garde. Ça sent l'amande, pardon l'amende.
Nous voici dans une petite pièce dans laquelle un agent commence à nous expliquer dans un mauvais anglais qu’on a dépassé nos visas. On lui explique qu’on était là à l’heure mais qu’on n’a pas voulu nous laisser passer, etc. Rien à faire. La procédure est lancée. On commence par nous prendre chacun notre tour nos empreintes (mains, pouce, index, majeur, annulaire, auriculaire, et ça sera bien assez). Puis vient le tour des photos de face et de profil. Augustin, passe en premier. Toujours aussi sérieux, comme à son habitude, il tire une tête d’imbécile pour la photo mais juste assez pour que l’agent, fort sympathique d’ailleurs, accepte les photos et les rentre dans la base de données. Avec Baptiste on trouve ça bien drôle et décidons de faire de même.
Puis vient la partie moins drôle : on doit payer chacun une amende de 3000 roubles, ce qui fait un peu plus de 42€ par personne. Mais pour payer il faut attendre le lendemain matin car la banque n’est pas ouverte. Après leur avoir expliqué qu’on n’avait pas les moyens de dormir à l’hôtel et que dehors ça caillait, on obtient l’autorisation de dormir ici, dans cette salle ! Bon la nuit ne sera pas dingue mais ça valait le coup. En effet, plusieurs fois pendant la nuit on reçoit quelques petits coups de pied pour nous réveiller : « Rangez ceci ! Signez cela ! Remplissez ce formulaire-ci ! Allez à la banque ! ».
Une fois l’amende payée, on suit un agent qui nous conduit à une voiture d’une femme mongole qui nous fera franchir la frontière. Mais avant cela, il faut fouiller nos sacs. C’est sans fin. « Non on n’a pas de gros couteaux » on répond avec Augustin aux gardes qui nous font vider nos sacs. (Bien sûr qu’on en avait chacun un, surtout Gus et son couteau de boucher). Dans ces cas là, la situation est assez comique puisqu’on peut se parler entre nous sans que les gardes ne comprennent un mot. Une fois de plus, on passe le contrôle avec succès. La chance est à nouveau avec nous, ou plutôt la Providence s’est montrée plus sympathique !
Mais on n’était toujours pas au bout de nos peines. On a dû attendre encore une heure au poste frontière mongol car les officiers ont cru que nos visas étaient falsifiés. En même temps, on a eu nos visas en moins d'une heure à l’ambassade mongole d’Almaty, donc ce n’était pas hyper surprenant.
Petite pause pour vous montrer cette carte qui retrace la route parcourue jusqu'a aujourd'hui.
13 000 km en side-car, 1100 km en voiture, 300 km en ferry, 300 km en camion et 5 km à pied à pousser les sides-cars !
13 000 km en side-car, 1100 km en voiture, 300 km en ferry, 300 km en camion et 5 km à pied à pousser les sides-cars !
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MONGOLIE !!!
Nous voici enfin en Mongolie !
Immédiatement, nous sommes assaillis de toute part par des chauffeurs de taxi pour nous conduire à la capitale, qui se trouve à 350 km. Finalement on trouve un mongol assez aisé qui parle anglais, qui veut bien nous y conduire pour 40$ (prix défiant toute concurrence) et qui a de la place pour nos affaires. Après une soupe au petit resto et un café dans la maison de cet homme, on prend la route direction Oulan-Bator ! 350 km de nationale nous attendent. La route n’est pas trop mauvaise, la musique est bonne cette fois-ci et les paysages sont fabuleux. Quel dommage de ne pas pouvoir faire cette route en moto ! Ces 8 derniers jours, depuis la ville kazakhe d’Oskemen à aujourd’hui, ont été si intenses qu’on a oublié de prévenir le père Enkbataar du jour de notre venue. 5h avant notre arrivée, Baptiste l’appelle donc pour l’avertir que nous arrivons très bientôt. « No problem ! » lui répond il !
20h et la ville d’Oulan-Bator se dresse devant nous. Il fait nuit donc on ne voit pas grand chose, mais on fait très vite face à un des problèmes majeurs de cette ville : le trafic. A tel point que notre ami chauffeur insiste fortement, presque colérique, pour qu’on descende pour prendre le bus ou le taxi. On lui explique doucement qu’on est trop chargé pour prendre le bus et qu’on avait conclu dès le début qu’il nous déposera à l’adresse qu’on lui avait donnée. Une fois la tension apaisée, on profite de ces embouteillages - qui ont duré quasiment 1h30 - pour lui parler de notre mission ici, du premier prêtre mongol ordonné depuis 1000 ans : on témoigne !
Soudain, il nous pose une question beaucoup plus profonde bien qu’assez classique : « Pourquoi vous croyez en Dieu alors que vous ne l’avez jamais vu !? ».
On lui explique donc que si Dieu nous apparaissait et se révélait à nous, nous ne serions plus libres de croire – ou de ne pas croire - puisque nous l’aurions vu et qu’il serait fou de ne pas y croire. Dieu nous a créé libre et pour que nous gardions cette liberté Il ne se révèle pas. Cette réponse le fait réfléchir et il semble comprendre !
Cela faisait bien longtemps que nous n’avions pas eu de discussion si profonde avec un étranger, car depuis Trabzon (Turquie) nous avons rencontré peu de personnes qui parlent un anglais correct et qui sont curieuses sur ce sujet de la foi !
On aperçoit finalement sur la droite l’inscription tant attendue : « Sts Peter & Paul Cathedral » ! Nous y voilà !! Une fois arrivés, notre chauffeur réclame 6000 tugrugs (2€) pour les embouteillages. Dix minutes plus tôt il venait de critiquer les habitants de la capitale qui vivaient que pour le fric. Merci la cohérence. Il descend à 5000 tugrugs. On les lui donne en se moquant gentiment de lui et le voilà qui nous dit au revoir en nous serrant dans ses bras. Étrange attitude !
MISSION
Une nouvelle mission va commencer ! Il était temps pour nous car cela faisait presque deux mois que nous étions sur la route. Nous avions quitté Trabzon le 16 octobre, nous sommes le 8 décembre.
Le soir même, nous faisons donc la rencontre de Father Justin, le curé de la paroisse et le Father Joseph, le vicaire, le fameux premier prêtre mongol ordonné depuis 1000 ans. Le curé vient du Congo. Il parle donc le français, ce qui n’est pas désagréable ! Il a commencé sa mission ici à Oulan-Bator il y a 3 ans, après des années aux Philippines et au Japon. Il parle 6 ou 7 langues !! Le Father Joseph lui a fait son séminaire en Corée du Sud et parle très bien l’anglais. Les deux sont dans leur trentaine, ce qui a facilité la construction d’une relation très amicale entre nous ! Tous deux très souriants, « bon public » et bons farceurs, nous rigolons bien entre nous !
Le soir même, nous faisons donc la rencontre de Father Justin, le curé de la paroisse et le Father Joseph, le vicaire, le fameux premier prêtre mongol ordonné depuis 1000 ans. Le curé vient du Congo. Il parle donc le français, ce qui n’est pas désagréable ! Il a commencé sa mission ici à Oulan-Bator il y a 3 ans, après des années aux Philippines et au Japon. Il parle 6 ou 7 langues !! Le Father Joseph lui a fait son séminaire en Corée du Sud et parle très bien l’anglais. Les deux sont dans leur trentaine, ce qui a facilité la construction d’une relation très amicale entre nous ! Tous deux très souriants, « bon public » et bons farceurs, nous rigolons bien entre nous !
Les 3 jours qui suivirent notre arrivée, nous nous reposons, encore bien fatigués par les derniers km parcourus, le froid et surtout les courtes nuits. Nous en profitons pour nous acclimater à la température et la pollution, éléments caractéristique de la capitale l’hiver. Car oui, UB City (Oulan-Bator) à reçu la médaille tant convoitée de la capitale la plus froide et la plus polluée du monde, ce qui va presque de paire car c’est au charbon que toute la ville est chauffée ! La visibilité est parfois très réduite et les bouffées d’air parfois douloureuses pour nos gorges d’européen ! Question température, nous sommes en moyenne aux alentours de -25° C, mais ça pourrait chuter d’ici quelques jours !
Nous faisons également la rencontre d’autres personnes de la paroisse, qui ici aussi est tenue principalement par des femmes (cf la paroisse en Turquie). En effet, en plus des deux pères, deux religieuses coréennes vivent dans l’enceinte de la cathédrale : Sister Regina et Sister Veronica. La première travaille pour la paroisse et l’autre pour la clinique de la paroisse.
Viennent ensuite Bernadette et Cécilia (il s’agit de leur nom de baptême bien sur), sans lesquelles la paroisse ne tournerait pas aussi bien et ne serait pas si dynamique. Agées de respectivement 25 et 27 ans, elles sont des piliers de la cathédrale et les pères n’hésitent pas à les solliciter pour les aider, ce qu’elles font avec grand sourire. Elles parlent toutes deux un excellent anglais, ce qui permet des échanges fluides, des blagues et nous apprenons à nous connaître !
Nous faisons également la rencontre d’autres personnes de la paroisse, qui ici aussi est tenue principalement par des femmes (cf la paroisse en Turquie). En effet, en plus des deux pères, deux religieuses coréennes vivent dans l’enceinte de la cathédrale : Sister Regina et Sister Veronica. La première travaille pour la paroisse et l’autre pour la clinique de la paroisse.
Viennent ensuite Bernadette et Cécilia (il s’agit de leur nom de baptême bien sur), sans lesquelles la paroisse ne tournerait pas aussi bien et ne serait pas si dynamique. Agées de respectivement 25 et 27 ans, elles sont des piliers de la cathédrale et les pères n’hésitent pas à les solliciter pour les aider, ce qu’elles font avec grand sourire. Elles parlent toutes deux un excellent anglais, ce qui permet des échanges fluides, des blagues et nous apprenons à nous connaître !
Après ce petit repos bien mérité, nous nous mettons au travail ! Vous vous en doutez peut-être, avec les températures extérieures, le travail dehors est impossible. Heureusement, il y a de quoi faire dans la cathédrale, qui est immense et qui regorge de pièces. Construite dans les années 90, l’isolation n’a pas été faite correctement et de nombreuses fuites sont apparues au cours dernières années, ce qui a fait des dégâts importants sur la majorité des murs du bâtiment. Mais, maintenant que l’isolation a été refaite, nous pouvons dégager toute la peinture des murs pour pouvoir refaire tout à neuf.
Grace à l’argent que nos nombreux soutiens nous ont confié, le curé à décidé de faire appel à Peter, un ingénieur coréen chrétien qui, avec son équipe, travaille parfois pour la paroisse. Ses prix sont plus intéressants et la qualité de travail meilleure que celle des mongols.
Seulement, il ne parle pas anglais, ce qui a conduit à quelques scènes comiques notamment lorsque un matin nous avions attaqué un chantier dans une salle sans lui demander la permission. C’est notre amie si dévouée Bernadette qui s’est fait engueuler - en mongol - à notre place et qui nous traduisait en anglais tout calmement ce que Peter lui disait d’un ton énervé. On était gêné pour elle. Mais lorsqu’on a raconté cette anecdote au deux pères, ils ont tous deux rigoler.
Grace à l’argent que nos nombreux soutiens nous ont confié, le curé à décidé de faire appel à Peter, un ingénieur coréen chrétien qui, avec son équipe, travaille parfois pour la paroisse. Ses prix sont plus intéressants et la qualité de travail meilleure que celle des mongols.
Seulement, il ne parle pas anglais, ce qui a conduit à quelques scènes comiques notamment lorsque un matin nous avions attaqué un chantier dans une salle sans lui demander la permission. C’est notre amie si dévouée Bernadette qui s’est fait engueuler - en mongol - à notre place et qui nous traduisait en anglais tout calmement ce que Peter lui disait d’un ton énervé. On était gêné pour elle. Mais lorsqu’on a raconté cette anecdote au deux pères, ils ont tous deux rigoler.
Autrement, l’ambiance de travaille ici est très bonne ! Parmi les 5 autres membres qui composent l’équipe de Peter, il y a deux jeunes un peu plus vieux que nous : Biampa et Georges. Il ne s’appelle pas vraiment Georges mais son prénom est imprononçable et voyant qu’à chaque fois que l’appelais j’écorchais son prénom il s’est replié sur Georges !
Petit à petit nous nous sommes liés d’amitié avec eux, et entre autres grâce à notre même goût pour l’art lyrique. Dès les premiers jours de chantier nous chantions, alternant chansons françaises et chants mongols plus ou moins traditionnels. Les jours suivants nous nous sommes partagés nos répertoires musicaux respectifs. Il est intéressant de voir quelles chansons nous avons en commun. Mais surtout c’est très drôle d’être surpris en plein travail par cette chanson de Kamaro qui sort tout droit du téléphone de Biampa « Donne moi ton corps bébé, ton cœur bébé », que nous reprenons tous en chœur.
Comme vous pouvez le voir il règne ici une ambiance de travail très détendue ce qui ne nous empêche pas de travailler efficacement, au contraire ! On passe donc des journées à gratter les murs chacun armé d’une lame de rasoir fixé au bout d’un manche, et on gratte, et on gratte. Chacun sa technique : appliquée de l’eau sur le mur avant ou non. Et une fois qu’il y en a partout et que la nuit commence à tomber, vers 17h, on arrête tout, on étale de la sciure de bois dans les 4 coins de la salle et on passe le balai ! Redoutablement efficace cette méthode, qu’on ignorait et qui nous a surpris la première fois !
Petit à petit nous nous sommes liés d’amitié avec eux, et entre autres grâce à notre même goût pour l’art lyrique. Dès les premiers jours de chantier nous chantions, alternant chansons françaises et chants mongols plus ou moins traditionnels. Les jours suivants nous nous sommes partagés nos répertoires musicaux respectifs. Il est intéressant de voir quelles chansons nous avons en commun. Mais surtout c’est très drôle d’être surpris en plein travail par cette chanson de Kamaro qui sort tout droit du téléphone de Biampa « Donne moi ton corps bébé, ton cœur bébé », que nous reprenons tous en chœur.
Comme vous pouvez le voir il règne ici une ambiance de travail très détendue ce qui ne nous empêche pas de travailler efficacement, au contraire ! On passe donc des journées à gratter les murs chacun armé d’une lame de rasoir fixé au bout d’un manche, et on gratte, et on gratte. Chacun sa technique : appliquée de l’eau sur le mur avant ou non. Et une fois qu’il y en a partout et que la nuit commence à tomber, vers 17h, on arrête tout, on étale de la sciure de bois dans les 4 coins de la salle et on passe le balai ! Redoutablement efficace cette méthode, qu’on ignorait et qui nous a surpris la première fois !
Aussi, nous avons eu l’occasion de vivre plusieurs moments avec les enfants pauvres des alentours - dont 99% ne sont pas baptisés - et des paroissiens, dans le cadre d’activités organisées par l’église.
Samedi 17 décembre, ce sont environ 350 enfants, parfois accompagnés de leurs parents, qui sont venus assisté au « Noël des enfants ». Il y avait une crèche vivante, de la danse (aussi bien traditionnelle que hip-hop), du chant et j’en passe ! Les enfants ici ne se font pas prier deux fois pour monter sur scène et chantent avec assurance sans aucun complexe devant une foule importante ! C’est très impressionnant, particulièrement cette petite fille d’une dizaine d’année qui danse avec grâce et élégance sur de la musique mongole
La joie et l’énergie de tous les enfants sont débordantes ! Ils rayonnent ! C’est vraiment la joie de Noël avec eux !
Toute cette jeunesse, ça laisse un bon présage pour l’avenir de l’Église ici. Cependant, le Father Justin nous expliquait qu’ici, comme dans la plupart des paroisses du monde, une fois le lycée terminé, il devenait difficile de fidéliser les jeunes.
Samedi 17 décembre, ce sont environ 350 enfants, parfois accompagnés de leurs parents, qui sont venus assisté au « Noël des enfants ». Il y avait une crèche vivante, de la danse (aussi bien traditionnelle que hip-hop), du chant et j’en passe ! Les enfants ici ne se font pas prier deux fois pour monter sur scène et chantent avec assurance sans aucun complexe devant une foule importante ! C’est très impressionnant, particulièrement cette petite fille d’une dizaine d’année qui danse avec grâce et élégance sur de la musique mongole
La joie et l’énergie de tous les enfants sont débordantes ! Ils rayonnent ! C’est vraiment la joie de Noël avec eux !
Toute cette jeunesse, ça laisse un bon présage pour l’avenir de l’Église ici. Cependant, le Father Justin nous expliquait qu’ici, comme dans la plupart des paroisses du monde, une fois le lycée terminé, il devenait difficile de fidéliser les jeunes.
Cécilia est aussi la responsable de la chorale de la paroisse. Et pour la première fois cette année, la dizaine de jeunes qui composent la chorale vont aller chanter dans quelques familles dans le but de partager la joie de Noël, de bénir leurs maisons mais aussi de gagner un peu d’argent pour acheter des cadeaux pour les enfants aux alentours. A trois reprises nous nous sommes joint à eux et nous aussi avons chanté un chant de louange, à savoir « Comment ne pas te louer ! », avec le père Justin qui aime chanter ! A chaque fois ce sont de très beaux moments et nous sommes accueillis comme des rois !
Un soir avant Noel, nous nous joignons au Father Joseph, Sister Regina, Bernadette et Paul pour aller fêter simplement Noel dans quelques familles de la paroisse. A chaque fois, le père, déguisé en Père Noël offre un petit paquet de confiserie aux enfants de chaque famille, et avant de partir nous prions. Ce sont des moments courts mais qui sont pour nous l’occasion de découvrir la façon de vivre des chrétiens d’ici et de leur faire plaisir aussi par notre présence.
Finalement, le soir de Noel arrive et la cathédrale est pleine. Les chants, si bien répétés, résonnent dans cette immense yourte et sont repris par tous ! Les sourires sont sur toutes les lèvres. Nous passerons la soirée ensuite entre nous, en petit comité, avec Father Justin, Father Joseph, le Père Pierrot, lui aussi du Congo, une autre religieuse et Jonathan.
4 jeunes mongols dont les familles ne célèbrent pas Noël se sont également joint à nous. A moins une ils rentraient chacun chez eux, sans rien fêter ! C’était super ! C’est là qu’on se rend compte de la chance qu’on a de fêter Noël en famille, réunis autour du même enfant Jésus, tandis que d’autres chrétiens sont seuls.
4 jeunes mongols dont les familles ne célèbrent pas Noël se sont également joint à nous. A moins une ils rentraient chacun chez eux, sans rien fêter ! C’était super ! C’est là qu’on se rend compte de la chance qu’on a de fêter Noël en famille, réunis autour du même enfant Jésus, tandis que d’autres chrétiens sont seuls.
Nous profitons également de cette capitale pour préparer la suite du voyage, et ça ne se passe comme prévu, une fois de plus.
En effet, nous nous sommes fait refusé nos visas chinois à l’ambassade d’Oulan-Bator. Plus exactement, on nous a dit « On va prendre un mois, ou deux ou trois, pour vérifier vos informations et peut-être qu’à la fin on vous donnera votre visa. ». Ce n’était donc pas la peine d’essayer ici. Niels a obtenu un rdv avec le consul français ici qui lui a expliqué que c’était surement le tampon de la Turquie présent sur nos passeports qui avait déplu fortement au gouvernement chinois. Il est donc conseillé de trouver une autre solution. Les deux jours qui suivirent, avec Augustin et Baptiste nous soulevons toutes les options possibles, des plus raisonnables aux plus stupides. Voici une petite liste non exhaustive :
Bref, la seule solution qui nous apparaît comme raisonnable et qui nous permet de continuer notre projet est de prendre l’avion. Oui ce n’est pas idéal, oui c’est pas ce que nous avions prévu, mais c’est le jeu de l’Aventure, des imprévus !
Nous nous envolerons donc le 6 janvier pour Bangkok, en Thaïlande, pour ensuite rejoindre notre 3ème mission dans l’état Karen, en Birmanie. Nouvelle mission pas prévue initialement mais qui vient remplacer celle en Chine.
En effet, nous nous sommes fait refusé nos visas chinois à l’ambassade d’Oulan-Bator. Plus exactement, on nous a dit « On va prendre un mois, ou deux ou trois, pour vérifier vos informations et peut-être qu’à la fin on vous donnera votre visa. ». Ce n’était donc pas la peine d’essayer ici. Niels a obtenu un rdv avec le consul français ici qui lui a expliqué que c’était surement le tampon de la Turquie présent sur nos passeports qui avait déplu fortement au gouvernement chinois. Il est donc conseillé de trouver une autre solution. Les deux jours qui suivirent, avec Augustin et Baptiste nous soulevons toutes les options possibles, des plus raisonnables aux plus stupides. Voici une petite liste non exhaustive :
- Se faire faire un nouveau passeport suite à une déclaration de perte ou de vol. FBI (Fausse Bonne Idée) car implique un rapatriement en France.
- Se faire faire un nouveau passeport en expliquant notre cas à l’administration française : trop compliqué et presque impossible que ça aboutisse d’après le consul français, d’autant plus que nous n’aurions plus nos visas mongols dessus, indispensables pour faire un visa chinois. FBI
- Rapporter nos passeports en France par un DHL pour se faire faire des visas par l’intermédiaire d’une agence : très chers, pas certains du délai et risque de perte ou de confiscation de la part de l’ambassade de Chine en France qui va vite comprendre que nous sommes encore en Mongolie et qu’on essaye de lui mettre une quenelle de brochet, autrement dit qu’on les prenne pour des idiots. FBI
- Effacer le tampon turc sur nos passeports, TMI (Très mauvaise idée)
- Traverser la frontière avec la Chine illégalement, par le désert de Gobi ou par le fleuve Amour, SP.
Bref, la seule solution qui nous apparaît comme raisonnable et qui nous permet de continuer notre projet est de prendre l’avion. Oui ce n’est pas idéal, oui c’est pas ce que nous avions prévu, mais c’est le jeu de l’Aventure, des imprévus !
Nous nous envolerons donc le 6 janvier pour Bangkok, en Thaïlande, pour ensuite rejoindre notre 3ème mission dans l’état Karen, en Birmanie. Nouvelle mission pas prévue initialement mais qui vient remplacer celle en Chine.