Cher tous,
Voilà bien longtemps que nous ne vous avions pas donné de nouvelles.
Les jours sont passés très vite et on n'a pas vu le temps passer.
Voici donc un résumé de ce que nous avons vécu depuis le début du mois de janvier.
Bonne lecture !
PS : Voici quelques morceaux de musique pour accompagner votre lecture pour ceux qui veulent.
C’est les chansons que nous écoutions en Birmanie, enfin plutôt ceux qu’on nous a fait découvrir.
Une birmane, une française et une américaine ! Enjoy !
Voilà bien longtemps que nous ne vous avions pas donné de nouvelles.
Les jours sont passés très vite et on n'a pas vu le temps passer.
Voici donc un résumé de ce que nous avons vécu depuis le début du mois de janvier.
Bonne lecture !
PS : Voici quelques morceaux de musique pour accompagner votre lecture pour ceux qui veulent.
C’est les chansons que nous écoutions en Birmanie, enfin plutôt ceux qu’on nous a fait découvrir.
Une birmane, une française et une américaine ! Enjoy !
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Adieu la Mongolie et le froid !
Nous avons profité des derniers jours qu'ils nous restait ici pour nous préparer pour la suite de l'aventure. Le jeudi soir, deux jours avant notre départ nous avons diné avec la quasi totalité des travailleurs dans un petit restaurant pour qu'on puisse discuter avec eux de notre projet et échanger, avec l'aide de Bernadette et du père Joseph pour traduire.
Et puis le jour du samedi 6 janvier est donc arrivé et nous avons dû nous séparer de Father Justin et Father Joseph, après un mois vécu en leur compagnie. Mais il fallait aussi dire au revoir aux deux sœurs, Sister Regina et Sister Veronica ainsi qu'à Bernadette et John. Nous parvenons à prendre une photo tous ensemble juste avant que les portes du taxi se referment sur nous. Adieu émouvant avec le père Joseph.
Et puis le jour du samedi 6 janvier est donc arrivé et nous avons dû nous séparer de Father Justin et Father Joseph, après un mois vécu en leur compagnie. Mais il fallait aussi dire au revoir aux deux sœurs, Sister Regina et Sister Veronica ainsi qu'à Bernadette et John. Nous parvenons à prendre une photo tous ensemble juste avant que les portes du taxi se referment sur nous. Adieu émouvant avec le père Joseph.
Le père Justin a eu la gentillesse, et la disponibilité, de nous accompagner jusqu’à l’aéroport et d’attendre que tout soit OK pour nous avant de faire demi tour et de nous quitter une fois pour toute. Très paternel ce père. Des adieux émouvant une fois de plus !
Les semaines qui suivirent, le "sous-chef" des travailleurs nous envoya quelques photos pour nous montrer l'avancée des travaux, notamment au niveau des salles de classes ! Le résultat est top !
Les semaines qui suivirent, le "sous-chef" des travailleurs nous envoya quelques photos pour nous montrer l'avancée des travaux, notamment au niveau des salles de classes ! Le résultat est top !
Nous voici désormais prêts à nous installer dans cet Airbus qui nous permet de continuer notre projet malgré les obstacles. On aime pas trop utiliser ce joker qui n’entre pas vraiment dans l’esprit du projet mais c’est une carte qui nous est précieuse. 6 heures de vol plus tard, nous atterrissons à Bangkok. La différence de température se fait vite ressentir et nous devons petit à petit nous défaire de nos vestes et nos gros pulls en laine.
Augustin a envoyé un mail plus tôt ce matin aux MEP qui sont à Bangkok leur demandant s’ils pourraient nous loger pour une nuit. Une fois nos gros sacs récupérés, nous nous connectons au wifi de l’aéroport espérant que les missionnaires ont eu le temps de nous répondre et la bonté d’accepter notre requête tardive. Vous pouvez y voir de la préparation de dernière minute, certes, mais nous on aime bien laisser les petits détails du quotidien à la Providence, qui gère ça très bien depuis le début, et ce n’est pas fini. C’est bon. On (s’) est « invités » chez les MEP. Thanks Be To God ! Après 30 minutes de taxi nous y voilà. 254 Si Lom Road !
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Le père en charge nous explique que c’est exceptionnel, que c’est bien parce qu’on est parti des MEP à Paris en septembre et que Baptiste lui avait échangé quelques mails il y a plus d’un an pour une éventuel mission en Thaïlande. Bref, on ne s’en sort pas trop mal. On avale une carafe d’eau chacun, prenons une bonne douche et nous nous couchons, prêt à affronter la chaleur de la nuit. Mais vous allez être surpris, on crevait de chaud dans nos chambres en Mongolie, à cause d’un chauffage générale pas très bien réglé, donc on pensait être préparé !
La nuit fut finalement moins bonne que prévue… mais une bonne surprise nous attendait au petit matin. Puisque nous sommes dimanche aujourd’hui, il y a une messe de célébrée à l’église. Et ici, nous sommes dans la paroisse francophone de Bangkok. Nous avons donc le droit à une belle messe dominicale en français, comme on n’en avait pas eu depuis le départ - le mieux qu’on ait eu c’était des messes de semaines en français, à Trabzon. Là en plus une chouette chorale a été montée et les chants nous rappellent ceux de nos paroisses. La sortie de messe elle aussi ressemble étrangement à une sortie de messe en Bretagne au mois d’août. Des souvenirs de France nous reviennent ! Nous restons un peu à cette sortie de messe et faisons la rencontre de quelques volontaires MEP venues prendre des vacances en Thaïlande et refaire leur visa pour leur terre de mission.
De notre côté nous avons déjà nos e-visa pour la Birmanie. Il faut juste qu’on trouve un moyen pour arriver jusqu’à Mae Sot, la dernière ville thaïe avant la frontière avec le Myanmar (autre nom de la Birmanie). Une des volontaires retourne justement dans sa mission dans ce coin là et nous préviens que des bus de nuit font le trajet depuis Bangkok. Top. On achète nos billets pour trois fois rien et lundi soir nous sommes dans le fameux bus pour l’Ouest du pays. C’est la première fois pour nous que nous prenons comme cap l’Ouest ! Ça ne change pas grand chose en réalité mais je trouvais ça important à relever ! Pour le prix qu’on a payé on ne s’attendait pas un bus si confort, avec petit pique-nique, eau, couverture et oreiller. On ne va pas se plaindre et on profite en essayant de trouver le sommeil.
Après cette anecdote, on décide de franchir la frontière dès aujourd’hui. Il faut savoir qu’en Birmanie le visa touriste est de 28 jours et que si jamais on dépasse ce temps, chaque journée en plus passée dans le pays est facturée 3$. Or, le père qui est responsable de notre future « mission » n’arrive que dans une semaine. Donc pour faire des économies en avance, sachant qu’on va forcément dépasser, on décide de prendre quelques jours pour arrivée à notre lieux de mission, en stop.
En Asie, le stop avec des gros bagages c’est pas très courant. On voit beaucoup de personnes sur les bords de route avec des gros bagages et la main tendue mais c’est pour appeler un taxi, ou toute autre véhicule susceptible de les prendre, en échange de rémunération.
On craignait donc de passer beaucoup de temps à attendre, mais finalement on s’en est pas trop mal sorti. Pas mal du tout même.
Les premiers paysages de Birmanie qu’on traverse sont extraordinaires. On se croirait dans la baie d’Halong (Vietnam) mais sur la terre ferme. Des « pains de sucre » jaillissent du sol de part et d’autres de la route, qui est, sur les premiers 200 km, une route de terre rouge. On est vraiment dépaysé !
La première journée de stop se passe et nous avons bien avancé. On vient d’arriver à notre terminer et le soleil se couche. Il ne va pas falloir trop trainer pour trouver un lieu de bivouac. Nous nous dirigeons vers la sortie de la ville quand Baptiste se fait retenir par un groupe de femme qui discutent à côté d’un petit boui boui. Elles nous proposent alors très vite à manger et à boire, après qu’on se soit lavé la figure et les mains. On accepte avec grand plaisir et on se retrouve assis sur un banc dans la rue à recevoir des petits plats et des verres d’eau de la part de ces femmes si généreuse et souriante. Plus le temps passe et plus une foule se rassemble autour de nous. Au bout d’une quinzaine de minutes ils sont déjà une bonne trentaine à nous encercler, comme s’il n’avait jamais vu un européen de si proche.
Puis, des hommes se fraient un chemin parmi la foule et se retrouvent devant nous. Ils veulent voir nos passeports. Encore des rabat-joie qui viennent tout gâcher. Puis un homme, le chef du service de l’immigration si j’ai bien compris, nous explique la situation dans un anglais correct : « Les étrangers n’ont pas le droit d’être dans la rue à la nuit tombée (couvre feu) et doivent absolument passer la nuit soit dans une guest-house soit dans un hôtel. » On joue les innocents, car en effet sur ce coup là on est vraiment innocent. Ça ne fonctionne pas et on doit monter à l’arrière de la camionnette qui nous a été commandée pour nous déposer au pied d’un hôtel de la ville la plus proche, à 25 km au Sud. Ça tombe bien on va au Nord…
Nos nouvelles amies sont toute tristes et nous font promettre de repasser le lendemain matin. On tient notre promesse tels des gentlemen et le lendemain matin nous voici à nouveau devant leur boui boui. Elles sont toutes contentes de nous revoir et nous accueil comme des rois. On nous invite à laver nos affaires, à petit déjeuner, à faire une sieste et à discuter au pied du grand arbre au fond de leur jardin, histoire d’être loin des regardes curieux et des dénonciateurs. Nous passons une excellente matinée en leur compagnie. Pas encore acclimatés à la température, nous nous assoupissions au pied de l’arbre tandis que les femmes continuent de parler en agitant leurs éventails dans notre direction pour nous rafraichir et éloigner de nous les mouches. Leurs paroles ne nous dérangent pas pour dormir, au contraire, elles nous bercent. Une des filles, qui à notre âge, reste à côté de nous, en attendant qu’on se réveille. Elle parle un petit peu anglais mais vraiment pas beaucoup. Nous sommes charmés par son sourire et son service.
Mais toute bonne chose a une fin et il est temps de se dire adieu. Ça prend un peu de temps, surtout avec toutes les photos et les selfies. Mais on garde le sourire. On peut au moins leur donner ça ! Elles nous aident à arrêter un bus et nous voilà de nouveau sur la route.
Pendant deux jours encore on remonte la Birmanie en stop direction Taunggyi, la capitale de l’État Shan où Jean-Marie, notre contact français habite depuis quelques mois.
Pendant ces deux jours, nous sommes émerveillés par toutes ces personnes de grande bonté qui nous aident. Parfois c’est même gênant car des personnes nous donnent de l’argent après qu’on leur ait expliqué qu’on « n’avait pas d’argent » pour payer le bus ou le taxi. J’imagine pourtant qu’ils se doutent qu’on a du cash sur nous et qu’on ne voyage pas dans un pays étranger sans le sou. Ça me fait penser à la Communauté de l’Agneau dont les « petits frères » et les « petites sœurs » ont fait vœux de pauvreté et ne vivent que de mendicité. Et comme eux, c’est de la part des plus pauvres qu’on reçoit le plus. Ces gestes de grande générosité et d’Amour ne nous laissent jamais indifférents.
Une fois arrivés à Taunggyi nous sommes accueillis dans la maison de Jean-Marie, le fondateur de l'association " Village Kareni ". Cette asso oeuvre auprès des minorités de l'étet, par la participation financière à des chantiers de construction afin d'aider ses peuples à préserver leurs libertés et leurs traditions. Il vient de s’installer en Birmanie depuis deux mois avec sa femme et leur fille de 10 mois, après plusieurs longs séjours en Birmanie, et plus particulièrement dans l’état Karenni, entre 2012 et aujourd'hui.
Nous passons presque deux jours chez eux avant de nous rendre à Loïkaw, dans l’état Karenni (Kayah en anglais), à ne pas confondre avec l’état Karen (Kayan).
La nuit fut finalement moins bonne que prévue… mais une bonne surprise nous attendait au petit matin. Puisque nous sommes dimanche aujourd’hui, il y a une messe de célébrée à l’église. Et ici, nous sommes dans la paroisse francophone de Bangkok. Nous avons donc le droit à une belle messe dominicale en français, comme on n’en avait pas eu depuis le départ - le mieux qu’on ait eu c’était des messes de semaines en français, à Trabzon. Là en plus une chouette chorale a été montée et les chants nous rappellent ceux de nos paroisses. La sortie de messe elle aussi ressemble étrangement à une sortie de messe en Bretagne au mois d’août. Des souvenirs de France nous reviennent ! Nous restons un peu à cette sortie de messe et faisons la rencontre de quelques volontaires MEP venues prendre des vacances en Thaïlande et refaire leur visa pour leur terre de mission.
De notre côté nous avons déjà nos e-visa pour la Birmanie. Il faut juste qu’on trouve un moyen pour arriver jusqu’à Mae Sot, la dernière ville thaïe avant la frontière avec le Myanmar (autre nom de la Birmanie). Une des volontaires retourne justement dans sa mission dans ce coin là et nous préviens que des bus de nuit font le trajet depuis Bangkok. Top. On achète nos billets pour trois fois rien et lundi soir nous sommes dans le fameux bus pour l’Ouest du pays. C’est la première fois pour nous que nous prenons comme cap l’Ouest ! Ça ne change pas grand chose en réalité mais je trouvais ça important à relever ! Pour le prix qu’on a payé on ne s’attendait pas un bus si confort, avec petit pique-nique, eau, couverture et oreiller. On ne va pas se plaindre et on profite en essayant de trouver le sommeil.
Après cette anecdote, on décide de franchir la frontière dès aujourd’hui. Il faut savoir qu’en Birmanie le visa touriste est de 28 jours et que si jamais on dépasse ce temps, chaque journée en plus passée dans le pays est facturée 3$. Or, le père qui est responsable de notre future « mission » n’arrive que dans une semaine. Donc pour faire des économies en avance, sachant qu’on va forcément dépasser, on décide de prendre quelques jours pour arrivée à notre lieux de mission, en stop.
En Asie, le stop avec des gros bagages c’est pas très courant. On voit beaucoup de personnes sur les bords de route avec des gros bagages et la main tendue mais c’est pour appeler un taxi, ou toute autre véhicule susceptible de les prendre, en échange de rémunération.
On craignait donc de passer beaucoup de temps à attendre, mais finalement on s’en est pas trop mal sorti. Pas mal du tout même.
Les premiers paysages de Birmanie qu’on traverse sont extraordinaires. On se croirait dans la baie d’Halong (Vietnam) mais sur la terre ferme. Des « pains de sucre » jaillissent du sol de part et d’autres de la route, qui est, sur les premiers 200 km, une route de terre rouge. On est vraiment dépaysé !
La première journée de stop se passe et nous avons bien avancé. On vient d’arriver à notre terminer et le soleil se couche. Il ne va pas falloir trop trainer pour trouver un lieu de bivouac. Nous nous dirigeons vers la sortie de la ville quand Baptiste se fait retenir par un groupe de femme qui discutent à côté d’un petit boui boui. Elles nous proposent alors très vite à manger et à boire, après qu’on se soit lavé la figure et les mains. On accepte avec grand plaisir et on se retrouve assis sur un banc dans la rue à recevoir des petits plats et des verres d’eau de la part de ces femmes si généreuse et souriante. Plus le temps passe et plus une foule se rassemble autour de nous. Au bout d’une quinzaine de minutes ils sont déjà une bonne trentaine à nous encercler, comme s’il n’avait jamais vu un européen de si proche.
Puis, des hommes se fraient un chemin parmi la foule et se retrouvent devant nous. Ils veulent voir nos passeports. Encore des rabat-joie qui viennent tout gâcher. Puis un homme, le chef du service de l’immigration si j’ai bien compris, nous explique la situation dans un anglais correct : « Les étrangers n’ont pas le droit d’être dans la rue à la nuit tombée (couvre feu) et doivent absolument passer la nuit soit dans une guest-house soit dans un hôtel. » On joue les innocents, car en effet sur ce coup là on est vraiment innocent. Ça ne fonctionne pas et on doit monter à l’arrière de la camionnette qui nous a été commandée pour nous déposer au pied d’un hôtel de la ville la plus proche, à 25 km au Sud. Ça tombe bien on va au Nord…
Nos nouvelles amies sont toute tristes et nous font promettre de repasser le lendemain matin. On tient notre promesse tels des gentlemen et le lendemain matin nous voici à nouveau devant leur boui boui. Elles sont toutes contentes de nous revoir et nous accueil comme des rois. On nous invite à laver nos affaires, à petit déjeuner, à faire une sieste et à discuter au pied du grand arbre au fond de leur jardin, histoire d’être loin des regardes curieux et des dénonciateurs. Nous passons une excellente matinée en leur compagnie. Pas encore acclimatés à la température, nous nous assoupissions au pied de l’arbre tandis que les femmes continuent de parler en agitant leurs éventails dans notre direction pour nous rafraichir et éloigner de nous les mouches. Leurs paroles ne nous dérangent pas pour dormir, au contraire, elles nous bercent. Une des filles, qui à notre âge, reste à côté de nous, en attendant qu’on se réveille. Elle parle un petit peu anglais mais vraiment pas beaucoup. Nous sommes charmés par son sourire et son service.
Mais toute bonne chose a une fin et il est temps de se dire adieu. Ça prend un peu de temps, surtout avec toutes les photos et les selfies. Mais on garde le sourire. On peut au moins leur donner ça ! Elles nous aident à arrêter un bus et nous voilà de nouveau sur la route.
Pendant deux jours encore on remonte la Birmanie en stop direction Taunggyi, la capitale de l’État Shan où Jean-Marie, notre contact français habite depuis quelques mois.
Pendant ces deux jours, nous sommes émerveillés par toutes ces personnes de grande bonté qui nous aident. Parfois c’est même gênant car des personnes nous donnent de l’argent après qu’on leur ait expliqué qu’on « n’avait pas d’argent » pour payer le bus ou le taxi. J’imagine pourtant qu’ils se doutent qu’on a du cash sur nous et qu’on ne voyage pas dans un pays étranger sans le sou. Ça me fait penser à la Communauté de l’Agneau dont les « petits frères » et les « petites sœurs » ont fait vœux de pauvreté et ne vivent que de mendicité. Et comme eux, c’est de la part des plus pauvres qu’on reçoit le plus. Ces gestes de grande générosité et d’Amour ne nous laissent jamais indifférents.
Une fois arrivés à Taunggyi nous sommes accueillis dans la maison de Jean-Marie, le fondateur de l'association " Village Kareni ". Cette asso oeuvre auprès des minorités de l'étet, par la participation financière à des chantiers de construction afin d'aider ses peuples à préserver leurs libertés et leurs traditions. Il vient de s’installer en Birmanie depuis deux mois avec sa femme et leur fille de 10 mois, après plusieurs longs séjours en Birmanie, et plus particulièrement dans l’état Karenni, entre 2012 et aujourd'hui.
Nous passons presque deux jours chez eux avant de nous rendre à Loïkaw, dans l’état Karenni (Kayah en anglais), à ne pas confondre avec l’état Karen (Kayan).
Là-bas, nous sommes accueillis par le Father Celso avec qui nous allons vivre notre mission ici. C'est un peu le boss des lieux ici et pas mal de prêtres le charient en disant que ça sera le prochaine évêque du diocèse. En attendant, l'année prochaine il doit changer de lieux de mission, après plus de 8 ans ici à Loikaw. Il espère retourner dans la jungle. C'est là où il se sent vraiment appelé.
Le Father Ba Shwe est un père d'une petite cinquantaine d'années très souriant, très soucieux de notre santé - de celle des autres en général alors que la sienne n'est pas au top - et très paternel. Pendant un mois il a pris soin de nous et nous a vraiment ouvert sa maison et son coeur pour que nous nous sentions le plus accueilli possible, par lui et par tous les autres catholiques du diocèse ! On aurait pas pu rêver mieux. Il nous répétera souvent la phrase suivante : "You can rest now !". Il trouvait qu'on travaillé trop. Alors on lui répondait avec un grand sourire qu'on se reposera ce soir et ce week-end. Voyant notre détermination, il n'insistait pas; du moins il attendait le lendemain pour nous redire :" You can rest now !" |
Contextualisation et histoire birmane
- Le Myanmar est aussi complexe que le conflit Israélo-Palestinien. Au cœur de la jungle sévient les groupes ethniques tels que les Wa, les Pao, les Karen, les Kareni, les Padaung, les Shan. Ces groupes minoritaires dans le pays restent majoritaires dans leurs états plus ou moins indépendants de l’état central birman. Les religions se partagent le pays entre chrétiens (5% dont 1% de catholiques), les bouddhistes en majorité (95%) et les animistes.
- A Loikaw, la capitale de l’état Karenni, là majorité des habitants sont Kayan. Au total, neuf ethnies sont réparties dans tout le territoire. 80 000 catholiques y pratiquent leur foi en toute liberté, sans persécution violente de la part des autres religions ou de l’état, car comme dans beaucoup de pays et de conflits, les chrétiens sont ici très respectés et jouent un rôle important pour pacifier l’état Karenni.
- A lire « Ne nous oubliez pas » de Monseigneur Louis Raphaël Sako sur le sort des chrétiens d’Orient où il est question de l’importance de la minorité chrétienne, réel porte-parole entre les différentes communautés musulmanes.
- L’état du Myanmar reste très autoritaire et la présence des militaires est encore très présente au quotidien. Environ 25% des sièges du Parlement appartiennent d’office à l’armée qui contrôle un certain nombre de ministères dont l’armée et les frontières.
- Aung San Suu Kyi, jugée pour son silence par toute la communauté Occidentale face au problème des Rohingyas, défend en premier lieu les intérêts de son ethnie birmane majoritaire. Elle est en plus totalement limitée et menacée par la junte qui a assassiné son bras droit dans l’aéroport de Yangoon il y a quelques temps, d'une balle dans la tête avec un de ces enfants dans les bras... Certains regardent déjà vers 2020 et misent sur un retour institutionnel de la junte. Pour dire que le pays s’est ouvert en 2012 mais le régime n’a pas beaucoup changé !
- Pendant notre séjour, une crise venait d’éclater trois semaines auparavant suite à l’exécution injustifiée de trois soldats de l’armée indépendantiste et un civil dans la base militaire de Loikaw. Un cessez le feu avait été déclaré depuis 2012 et les négociations de paix sont aujourd’hui compromissent, la guérilla ayant cessé le feu depuis 5 cinq ans.
- Nous avons pu assister à une manifestation avec 200 locaux devant les policiers en armes qui protégeaient les portes du bâtiment gouvernemental. C’était légèrement dangereux pour des occidentaux qui de base n’ont pas le droit de loger chez l’habitant … alors avoir le droit de manifester…
- Il faut souligner que les Rohingyas ne sont pas la seule minorité persécutée au Myanmar. L’État Shan, au Nord-est est toujours en lutte avec l’armée birmane. Des moyens beaucoup plus dévastateurs comme des bombardements sont utilisés à l’heure actuelle par l’armée birmane pour détruire les villages Shan. La crainte est semblable pour les paroissiens de notre mission qui redoutent de nouveaux affrontements armés entre les partis indépendantistes et la junte. C’est pourquoi certains locaux n’ont pas compris la préoccupation du Pape pour les Rohingyas musulmans alors que leurs terres sont soumises à des persécutions depuis toujours et restent le berceau de l’enracinement de la foi catholique au Myanmar, là où des pères italiens missionnaires sont venu apporter l’Evangile.
- Pour justifier l’importance des missions ici, on peut rappeler qu’en 1900, les ordres monastiques et leurs écoles, avaient donné à la Birmanie un taux d’alphabétisation plus élevé que celui de l’Angleterre à la même époque !
- Les traces passées et actuelles de la guérilla et de l’armée birmane sont encore présentes. Des drapeaux de l’ethnie Karenni flottent aux balcons des maisons pendant que circulent au quotidien des pick-up de policiers et de militaires en armes. Les check-points routiers sont partagés entre les rebelles et l’armée. Les bâtiments des gouvernements aux allures moscovites sont immenses et vides pour rappeler le pouvoir de l’état sur cette région qu’il veut contrôler.
- Prés de notre mission à Loikaw, des intérêts économiques expliquent l’intention du gouvernement à contrôler cette zone et de faire pression sur le partie politique Kayan. Notamment le barrage hydro-électrique dont une maquette et un stand prônaient la grandeur durant les Kaya days. Un barrage destiné à la capitale de Naypyidaw en laissant dans le noir les populations ethniques de l’état Karenni autour du barrage. Deux autres projets de barrages sur la Saluen sont en cours afin de vendre l’électricité à la Chine, partenaire politique et économique discret du Myanmar. De quoi laisser craindre une main mise plus importante du gouvernement sur les ressources de l’état Karenni.
- Nous avons donc passé un mois au pays de l’opium, des rubis, des pierres de jade, où sévit trafic, guérilla et répressions gouvernementales. Le Myanmar est à l’instar de Cuba, un pays dont l’embargo est tombé récemment et qui s’ouvre économiquement depuis 2012-2013. Stations essences, banques, voitures, téléphones apparaissent et font partie maintenant du quotidien.
- Le pays a encore cette virginité sauvage et traditionnelle et n’est pas encore tout à fait rongé par la vague du capitalisme occidental. La jungle reste maîtresse des territoires, cache encore les soldats du général Boya et les orpailleurs clandestins. Les femmes Padaung portent encore leurs colliers de long-cou, les mères Pao ou les Karens Noires, prennent encore le temps de se vêtir d’une tunique noire et d’un turban de couleur vive drapé sur leur tête avec cette harmonie de bleu sombre. Les traditions perdurent, mais pour combien de temps encore ?
- Une mission d’un mois au côté de l’Eglise locale, dans un état oppressé en pleine tension politique, au bord d’un conflit armé dans cette région du monde où " même les filles les plus jolies savent se servir d’un fusil.
Premiers jours à Loïkaw et début de notre 3ème chantier.
Le Rock &’Roll birman rythme les Kayah Days, le plus gros festival de l’Etat Karenni. Nos journées somnolentes et nos nuits agitées donnent la cadence des premiers jours. Le programme a été conçu en pyramide émotionnelle, les groupes se succèdent apportant avec eux toujours plus d’exaltation au sein du public. Avec les jeunes chrétiens de la paroisse, nous sautons, crions, hurlons comme des sauvages à chaque soubresaut de la scène. Le véritable spectacle est plutôt côté foule, mais nous nous efforçons de faire semblant de suivre la musique pour ne pas paraitre endormis. Les mains se joignent, les guiboles s’agitent au rythme des percussions, les hanches se balancent suivant les ondulations de la foule. Des geysers de liquides mélangés explosent au dessus de la tourbe humaine qui s’enflamme aux vibrations fracassantes des accords.
Un groupe attire notre attention. Leurs mélodies, inspirées ou plagiées des grands rockeurs américains, poussent les foules à la folie sonore, si bien que le chanteur peine lui même à se faire entendre. Le stade de foot déborde sur les sentiers voisins par petits groupes de jeunes qui ne cessent de sautiller, comme une grande soupe en ébullition qui laisse échapper de la marmite quelques gerbes vaporeuses.
Le batteur frappe énergiquement sur son instrument comme on bat la viande pour l’attendrir, le chanteur agite ses longs cheveux et déambule, pressé, le long de la scène, pour ne pas manquer un virage de la foule qui s’excite de toute part. Une croix noire, aux extrémités élargis, bordée d’un liseré blanc s’affiche devant la Birmanie entière. Un aigle royal aux ailes raides et déployées, le visage de profil, sévère et puissant, enserre la croix de fer. Nous reconnaissons facilement l’insigne de la Wehrmacht, l’armée allemande, connues sous la deuxième guerre mondiale pour sa puissance de frappe sur l’ennemi communiste. Le fantôme nazi semble renaitre au fin fond du pays des rubis et des perles précieuses. Les routes birmanes foisonnent des caques militaires allemands, encore en production, en terre identitaire. Un régime totalitaire semble se développer sans l’intervention virile d’un chef ! Révolution politique dans le pays trop longtemps oublié.
Le premier travail qui nous est confié est ingrat mais physique et sensé. Il nous aère l’esprit encore tout comprimé par les pressions atmosphériques de l’intérieur de l’oiseau de fer. Nous avons besoin d’oublier le trou noir aérien pour nous rappeler le sens de notre aventure. Nous devons désherber tout l’arrière jardin derrière la maison des prêtres pour en faire un potager. La terre parait riche et saine, mais regorge en réalité, de milliers de déchets parsemés à travers le champ. Les hautes herbes poussent dans les canettes en aluminium, à travers les mailles de nombreux tissus et dans les bouteilles en plastique à moitié fondues par quelques petits feux timides. Nous faisons grimper les flammes au dessus des murets du voisinage, brulant des tonnes de déchets que nous ramassons à la main, un par un, creusant parfois le sol, jusqu’à plusieurs dizaines de centimètres sous terre, tels des chiffonniers. Pendant quinze jours, nous binons, ratissons, creusons la terre durcie par un soleil de plomb qui nous frappe l’arrière du crâne et réduit nos forces physiques de moitié en fin de journée.
Les déchets, humides et déchirés fondent sur les pauvres braises rouges complètement étouffées par la quantité interminable qui s’amoncelle. La fumée traverse les murs en bois qui laissent quelques interstices dans les jointures, et inonde massivement les habitations voisines d’un courant lourd et toxique.
Nous sentons la mort jusque dans nos draps, au contact de nos peaux qui absorbent les particules volatiles. Nous attrapons des puces de lits dans les fumées ou dans les couvertures, qui nous grattent atrocement les bras, le coup et le ventre pendant une dizaine de jours.
Grande messe et cérémonie en l'honneur de la Vierge de Lourdes
En quelques heures, nous signons et organisons la construction d’une nouvelle salle de classe pour les élèves du pensionnat, avec Pierre, l’ingénieur de la paroisse. Dans la foulé de ce rapide concordat, nous remontons nos manches pour détruire le précédent ouvrage. Les ouvriers, avec qui nous allons travailler pendant le reste du mois, se sont réunis autour du bâtiment pourri, abritant des cohortes d’insecte perforateurs de tout genre, qui attaquent délicieusement le bois. Une force féroce et destructive se répand sur le bâtiment. Chacun déverse avec puissance et excitation une violence intérieure sur les poutres de la bâtisse, qui semblent vouloir résister à nos coups de barre à mine. Une impulsion exponentielle traverse nos corps enfin exploités, nos esprits rougissent d’émulation. Nous avions besoin de nous libérer.
Le père Celso nous regarde crispé ne comprenant pas cette soudaine nervosité frénétique. Yannou, Simon, Pierre et les autres nous regardent amusés, impartiaux. Le lendemain, la bétonnière débarque sur le terrain vague, ainsi que plusieurs tas de gravats qu’il faut épurer deux fois pour obtenir un sable de qualité, fin et doux. Les deux femmes sont responsables de ce travail long et douloureux. Souriants et galants, nous aidons ces travailleuses de l’ombre qui peinent à suivre le rythme effréné de la construction.
Nous touchons à la pudeur asiatique. Patientes, inlassables, indéfectibles sont ces femmes enturbannées dans un grand tissu qui les protège des poussières, coiffées d’un large chapeau de paille, planté sur le bas du front, qui les préserves du soleil et des regards. Elles portent l’habit traditionnel le « longyi » qui couvre un vieux jogging occidental, pour éviter toute humiliation scandalisante, si la tradition venait à défaillir, dans l’exercice des méthodes modernes de construction.
Nous arrivons à tisser quelques liens d’amitiés avec ces simples birmans qui ne comprennent pas un mots d’anglais. Notre comportement est alors un intermédiaire décisif pour éveiller une réception positive chez nos compères. L’humour est notre clé modulaire pour entrouvrir les portes des civilisations. Souvent, nous siégeons comme des assaillants devant des murailles infranchissables, solides par leur ancienneté, immenses et belles par leur richesse. Nous nous résignons à les franchir, conscients que la beauté d’un être provient aussi du mystère qu’il protège, de l’histoire ancestrale qu’il défend inconsciemment, par des gestes, des réactions, des coutumes, une façon de penser le monde. La frustration intérieure, de ne pas pouvoir approfondir la relation avec ces hommes d’ailleurs devient émerveillement devant ces richesses cachées, devant la profondeur qui transparait à travers le silence, devant cette pudeur qui protège et renforce la beauté du mystère, comme un coffre qui cloitre le foisonnement des perles.
Le père Celso nous regarde crispé ne comprenant pas cette soudaine nervosité frénétique. Yannou, Simon, Pierre et les autres nous regardent amusés, impartiaux. Le lendemain, la bétonnière débarque sur le terrain vague, ainsi que plusieurs tas de gravats qu’il faut épurer deux fois pour obtenir un sable de qualité, fin et doux. Les deux femmes sont responsables de ce travail long et douloureux. Souriants et galants, nous aidons ces travailleuses de l’ombre qui peinent à suivre le rythme effréné de la construction.
Nous touchons à la pudeur asiatique. Patientes, inlassables, indéfectibles sont ces femmes enturbannées dans un grand tissu qui les protège des poussières, coiffées d’un large chapeau de paille, planté sur le bas du front, qui les préserves du soleil et des regards. Elles portent l’habit traditionnel le « longyi » qui couvre un vieux jogging occidental, pour éviter toute humiliation scandalisante, si la tradition venait à défaillir, dans l’exercice des méthodes modernes de construction.
Nous arrivons à tisser quelques liens d’amitiés avec ces simples birmans qui ne comprennent pas un mots d’anglais. Notre comportement est alors un intermédiaire décisif pour éveiller une réception positive chez nos compères. L’humour est notre clé modulaire pour entrouvrir les portes des civilisations. Souvent, nous siégeons comme des assaillants devant des murailles infranchissables, solides par leur ancienneté, immenses et belles par leur richesse. Nous nous résignons à les franchir, conscients que la beauté d’un être provient aussi du mystère qu’il protège, de l’histoire ancestrale qu’il défend inconsciemment, par des gestes, des réactions, des coutumes, une façon de penser le monde. La frustration intérieure, de ne pas pouvoir approfondir la relation avec ces hommes d’ailleurs devient émerveillement devant ces richesses cachées, devant la profondeur qui transparait à travers le silence, devant cette pudeur qui protège et renforce la beauté du mystère, comme un coffre qui cloitre le foisonnement des perles.
Bénédiction de cette nouvelle salle de classe de catéchisme.
Au nom des paroissiens , " Merci à tous pour votre générosité " !
A 5h30, les cloches se mettent en branle pour inviter les pensionnaires à démarrer sainement la journée par l’Eucharistie. Je les regarde déambuler sagement en groupe, trois par trois comme des dizaines de représentations de la trinité, reconnaissables par la couleur de leur longyi, qui empêchent les jambes d’allonger le pas. Elles ont les cheveux noirs bien soignés, tirés en arrière, plaqués sur le crâne avec légèreté, une mantille posée délicatement sur le haut du globe. Elles marchent d’un pas assuré et doux, la tête légèrement inclinée vers la terre, le haut du corps courbé respectueusement lorsqu’elles passent devant un ancien, un prêtre ou un étranger. A ma vue, elles détournent le regard vers le corps du groupe amical, en balbutiant quelques rires amusés et gênés. Puis soudainement, elles se tournent vers moi, et un merveilleux sourire illumine leur visage, pur, éclairé par une étrange innocence enfantine, corroboré par le plissement des yeux qui affine la fraicheur et la grâce. Les mantilles dentelées ondulent avec les vents de la marche, délicate et gracieuse. La pudeur de ces filles me frappe le cœur et l’esprit, habitué à une exhibition brutale de certaines d’Occident, acculées à devoir plaire. Instinctivement, comme poussé par la nature, mon visage se cabre harmonieusement de délicatesse, et il reproduit la même grandeur lumineuse. Je revois ton visage… Leur silence est un chant à la beauté, leur pudeur un cris d’Amour, leur harmonie un manifeste à la nature.
Parfois, spontanément, ma main se libère de mon corps figé par l’intensité du moment, se brandit vers le ciel et s’agite par des mouvements de poignée. Les filles, timides, angéliques, sourient en riant tout bas, réjouies par autant de promesse. Je suis abasourdi par les agitations intérieures que produit le silence d’un regard.
Les pensionnaires passent leur temps à prier et à travailler. Un équilibre harmonieux qu’il nous ait difficile de suivre, rattrapés par nos mœurs européennes, d’hommes révolutionnaires, la critique toujours au bord des lèvres, le râle dans la gorge. Depuis la messe du petit matin jusqu’aux douze coups de minuit, on entend ici et là, des leçons à répétition comme des mantras que l’on rumine dans la bouche pour les enraciner dans le cœur et l’esprit. Une partie de foot fracture le rythme monastique du lieu, juste après le rosaire, où les petites voix déjà bien criardes, ressassent un apprentissage parfait.
Parfois, spontanément, ma main se libère de mon corps figé par l’intensité du moment, se brandit vers le ciel et s’agite par des mouvements de poignée. Les filles, timides, angéliques, sourient en riant tout bas, réjouies par autant de promesse. Je suis abasourdi par les agitations intérieures que produit le silence d’un regard.
Les pensionnaires passent leur temps à prier et à travailler. Un équilibre harmonieux qu’il nous ait difficile de suivre, rattrapés par nos mœurs européennes, d’hommes révolutionnaires, la critique toujours au bord des lèvres, le râle dans la gorge. Depuis la messe du petit matin jusqu’aux douze coups de minuit, on entend ici et là, des leçons à répétition comme des mantras que l’on rumine dans la bouche pour les enraciner dans le cœur et l’esprit. Une partie de foot fracture le rythme monastique du lieu, juste après le rosaire, où les petites voix déjà bien criardes, ressassent un apprentissage parfait.
Ce soir, la lune a pris des couleurs de vacances, fardée comme si le soleil lui avait brûlé sa virginale blancheur. Les habitants l’on aussitôt remarqué, et comme attaqués dans leur plus profonde pudeur, se sont mis à chahuter violemment dans la rue, frappant sur les récipients de cuistance. On pourrait croire que le village entier s’est réuni pour faire la vaisselle. La lune omnibule et projette une lumière jaunâtre sur la terre rouge. L’ésotérisme bouddhiste y donne une explication diabolique : Les renards, bêtes rusées et mesquines sont en train de manger le soleil de la nuit. Il faut les chasser.
Peut avant notre départ, le père nous avertit, en cachant ses angoisses, que l’Eglise est en danger. Un pancarte anti-chrétienne a été exposée près d’une salle de classe, à l’entrée de la propriété. « We hate Christian, we will kill them all ». Le message est brut, violent, agressif. Nous ne devons pas rentrer, les policiers sont sur place, le père ne veut pas nous exposer avec des visas qui ont dépassés la date d’expiration. Nous sommes condamnés à rester dans nos chambres, heureusement avec quelques provisions de bières « Myanmar » en attendant que la situation s’améliore. Nous tournons milles scénarios de film dans la petite chambre qui borde le perron.
Quelques jours plus tard… Nous apprenons avec joie que la pancarte venait simplement d’une démonstration scolaire d’un professeur, qui montrait à ses élèves les méthodes radicales de Daech pour instaurer la terreur islamique en terre chrétienne. Il avait oublié de chiffonner l’affiche…
Le cul posé sur une rangée de sièges de cuir dur, nous découvrons avec effroi et fascination les hordes musulmanes d’hommes barbus et gras et de femmes cachées derrières des tissus sombres qui passent leurs temps à tirer le voile cachant leurs visages, pour tenter d’apercevoir les marches du hall de l’aéroport de Dakha, au Bangladesh. Nous sommes en transit vers le Népal. Nous nous sommes résignés, humblement ou lâchement, nous ne savons plus. L’oiseau de fer a triomphé sur les tentatives, certes déraisonnées mais glorieuses, de traverser la frontière, un pied toujours au sol, forcés par la gravité, qui nous rends notre liberté d’homme vivant.
Quelle merveilleuse entrée en carême. Nous renonçons à l’effort pour la passivité de plusieurs heures, à attendre que la machine moderne veuille bien nous ramener à la réalité. Nous renonçons surtout à la fierté égoïste de traverser une frontière barbelée infranchissable, fermée aux étrangers, où le seul intérêt réside dans l’exhibition excessive d’une gloire exotique, par une photo publiée sur quelques sites super-sociaux, pour obtenir l’approbation générale, par ce que les trois quart de nos citoyens français, passent les trois quart de leur temps sur ces écrans, au lieu de s’échiner à retrouver nos richesses civilisationnelles et sociales, enfouies dans nos bars et nos campagnes, par le tsunami moderne.
Bref, on a décidé que les missions étaient plus importantes que de risquer de perdre temps et argent à combattre l’administration indienne qui croupit sous des papiers chiffonnés et humides de la dernière saison des pluies. Puis de risquer de se heurter à la triste réalité et des humeurs mouvantes d’un garde inconnu, qui ne veut rien entendre de nos fausses lettres d’invitation que nous avions amassées, nos tampons et tout autre « documents officiels », pour finalement nous faire escorter ou expédier tel trois brebis malades vers l’aéroport. Le consul ne semble pas s’incliner devant mon expérience à Loyola collège à Chennai, ni de Paris Saigon et la fabuleuse aventure de trois motards en combinaison de pilote de chasse, il en a trop vu des bouseux comme nous. Sauf peut être des gars aux cheveux gras, la barbichette ébouriffée, écrasant d’un pas lourd et qui résonne, par des pieds nus immondes, la crasse de la rue, récoltée par une course effrénée dans la ville pour trouver des dollars. Nous repartons fiers, nous, les pouilleux, et amusés par autant d’énergie déversée pour rien. C’est peut être ça, la cause de la folie.
De toute façon la Russie est trop loin, et nous avons d’autres pauvretés plus profondes à transformer en grâces. Et nos Urals, qui ont échappé aux courants chauds du Sud, sont restées chez elles. Elles ont retrouvé leur identité perdue, et décidé que le froid les préserverait d’une autre émigration dangereuse, comme un jeune français qui découvre les merveilles culturelles de son pays, en se promenant dans Paris, en marchant dans les campagnes, et qui décide de les protéger de l’invasion des révoltés, des tièdes et des dormeurs.
Nous bourrons violemment nos sacs des dossiers, scrupuleusement remplis avec attention et conformité, puis revigorons nos corps fatigués de quelques nuits serrées dans un mini-van ou assis le corps droit et sage, sur le divan d’un palace accueillant mais luxueux.
Nous re-empochons les dollars que nous avions peiné à retirer dans les banques birmanes. Nous aurions préféré les laisser là, les billets verts… pas si écologique…
Quelques jours plus tard, nous nous retrouvons attablés au plus grand bar de Birmanie, monté en partie par nos amis français, dans la plus touristique des villes birmanes, attaquée de toutes parts par des cohortes de touristes immondes qui pensent s’immiscer dans la culture locale en revêtant l’habit traditionnel, « le longyi » en oubliant d’enlever leur basket Nike, et d’ajuster le haut de corps d’une chemise convenable.
Quelques heures plus tard, nous survolons l’immense lac de Neang Shwe, tiré vers le haut par un grand ballon d’air chaud qui rend hommage au ciel en conservant la volupté des nuages et le silence des hauteurs. Nous flottons délicieusement sur les territoires aériens, rasant de près les grands bois de teck qui menacent notre grand panier céleste. Une troupe de bambins débarque derrière les taillis, et coure ardemment derrière le bateau volant. Nous posons notre grande corbeille au milieu d’un champ agricole local. Il ne semble pas y avoir de tour de contrôle, ni de piste réservée pour cette fabuleuse mise en scène théâtrale. Deux cents paysans déboulent des villages avoisinants, happés par la merveille des blancs, qui envoie l’homme en l’air et transporte même d’autres blancs, qui sourient bêtement, amusés par cet étrange travail. Nous installons une petite table de bridge recouverte d’un drap de velours vert-anglais. Les coupes de champagne s’entrechoquent sous les regards hagards et intéressés des hommes de la terre, qui sont fascinés mais impatients de comprendre à quoi sert d’arpenter le ciel, autant que de jeter des bulles d’air qui s’émoustillent dans un liquide doré.
Nous remercions notre capitaine de vaisseau Matt (un british) pour cette merveilleuse experience qu'il nous a offert. (presque gratis !)
Nous sommes au Népal, pays où le bouddhisme et l’Hindouisme se rencontrent par l’influence culturelle et économique indienne. Le pays de l’Himalaya, pays où les contes et légendes débordent des livres, où les peuples sont bâtis sur l’austérité et l’aridité des hautes altitudes, qui déversent sur les individus la suavité d’être physiquement plus proche du ciel, et la connaissance profonde de ce qui est essentiel et transcendant.
Demain matin nous partons pour les montagnes, déconnectés du monde, pour aller vivre tout le temps du Carême avec les 3000 habitants d'un petit village pour ne redescendre qu'après Pâques à Katmandou. Lieu idéal pour vivre (enfin) un vrai Carême, aride, bien qu'extraordinaire pour nous !
Ne vous inquiétez donc pas si vous avez pas de nouvelles jusque début avril.
On espère que cette newsletter vous a plu.
On est désolé on a eu quelques problèmes avec un DD ce qui explique qu'il manque quelques photos pour illustrer nos travaux et la mission en général mais le Père Celso les à toutes. On va les récupérer et vous en montrer quelques unes.
Les 3 NBA
(Niels, Baptiste et Augustin)
Demain matin nous partons pour les montagnes, déconnectés du monde, pour aller vivre tout le temps du Carême avec les 3000 habitants d'un petit village pour ne redescendre qu'après Pâques à Katmandou. Lieu idéal pour vivre (enfin) un vrai Carême, aride, bien qu'extraordinaire pour nous !
Ne vous inquiétez donc pas si vous avez pas de nouvelles jusque début avril.
On espère que cette newsletter vous a plu.
On est désolé on a eu quelques problèmes avec un DD ce qui explique qu'il manque quelques photos pour illustrer nos travaux et la mission en général mais le Père Celso les à toutes. On va les récupérer et vous en montrer quelques unes.
Les 3 NBA
(Niels, Baptiste et Augustin)
Cadeau offert par une des paroissiennes dont le boulot est de confectionner des vêtements de sport ! La classe !!